Les Secrets de Whisperwood : Le pouvoir du Talisman [Tome 1]

•Chapitre 3•

Il était aux alentours de vingt heures lorsque Gondoline et sa grand-mère se retrouvèrent dans le salon qui tombait en morceaux au fil des années qui s'écoulaient. Elles avaient mangé dans un silence morose, comme tous les soirs, puis s'étaient assises devant la cheminée en briques grises qui ne procurait seulement que quelques petites flammes rouges. Gondoline savait que c'était le moment opportun pour discuter de sa journée très mouvementée et très spéciale, mais elle attendait que sa grand-mère lance le sujet. Pourtant, elle ne fit rien d'autre que de prendre ses aiguilles à tricoter et ses vieilles pelotes de laine bleues. Griselda s'était mis en tête de tricoter une écharpe à sa petite fille même si le printemps guettait, elle s'imaginait déjà ne pas tenir l'été, et voulait absolument offrir un cadeau à la jeune fille. Cependant, Gondoline n'en savait rien et c'était peut-être mieux ainsi. Griselda mit ses lunettes rondes sur le bout de son nez légèrement pointu et commença à fabriquer son écharpe dans le plus grand des calmes. Seul les cris stridents de Svart, le corbeau de la rousse se faisaient entendre dans le jardin. Gondoline perdait patience et n'arrivait plus à attendre ; elle voulait en parler à quelqu'un, trop de secrets et de découvertes lui obstruaient l'esprit. Elle s'agitait sur sa chaise et ne tenait plus en place, ses jambes basculaient tandis qu'elle se rongeait les ongles.

-Que t'arrive t-il, mon lapin ?, demanda la vieille femme, même si elle connaissait parfaitement la réponse.

-Je suis stressée.

Sa grand-mère l'observa une minute, en la détaillant furtivement, puis déposa ses aiguilles et ses fils sur ses genoux.

-Est-ce que tu as entendu des voix qui t'appelaient ?

-Oui, s'étonna la jeune fille, mais...

-As-tu dessiné des choses dont tu rêves la nuit ?,continua Griselda en pointant Gondoline à l'aide de son aiguille.

-Comment peux-tu savoir ça ?, rétorqua la petite rousse, complétement paniquée.

Griselda ria dans son coin, se rappelant quand elle était jeune et belle, elle aussi, était passée par là.

-Tout ce que tu vis est normal, rassura sa grand-mère en souriant tendrement.

-Mais je...,commença Gondoline n'ayant pas le temps de finir sa phrase que sa grand-mère lui avait coupé la parole.

-La curiosité est un vilain défaut, mon chaton, récita la vieille femme.

C'était le dicton de Griselda quand elle ne voulait pas que Gondoline en apprenne trop. De toute façon, son anniversaire aura lieu dans quelques petits jours, et elles devaient toutes les deux se tenir prêtes. Gondoline se tut immédiatement, elle savait que cela voulait dire que sa grand-mère ne dirait plus rien à propos de ces phénomènes étranges dont elle était la cible.

-Tu devrais aller retrouver tes amis chez Mandy, suggèra Griselda en levant les yeux de ses petites lunettes rondes.

-Je comptais y aller, je reviens pour le couvre-feu !, assura la jeune fille en embrassant la vieille dame sur la joue.

Le couvre-feu était sûrement la hantise de tous les jeunes gens de ce pauvre village. Passé l'heure, le chérif Plumpton se faisait une joie de raccompagner les adolescents chez eux. À Whisperwood, le couvre-feu avait été instauré par le Maire Beamich et il avait été décrété que tous les jeunes devaient être rentrés chez eux pour vingt-deux heures trente précises. Étonnamment, la plupart des gens respectaient cette règle, sauf Gondoline, qui, de temps en temps allait dans la forêt aux heures nocturnes. Personne ne lui disait rien, simplement parce que la police ne surveillait pas le bois longeant Whisperwood et la Ville en R, disant que la rivière appartenait à Riverwood et Rentwood. Gondoline a toujours cru que Oswald Beamich essayait de se débarrasser de la forêt et de la rivière pour ne pas avoir à s'en occuper. Elle le prenait pour un lâche sans-coeur qui préférait s'occuper des petites querelles entre voisins plutôt que des vrais problèmes que traversait le village.