Elle déambulait comme chaque jour depuis plus de trois ans dans la pitoyable cour qu'offrait son sinistre lycée. Elle marchait assurément devant ses amis, qui se demandait comment elle trouvait le courage qui lui permettait de faire l'impasse sur les moqueries qu'elle subissait à perpétuité. Quand elle mettait un pied dans l'enceinte de cet enfer, elle semblait se solidifier et se préparer à ce qui pourrait l'attendre au cours de la journée. C'était une fille forte. Elle restait neutre, le visage et les traits fermés, les poings serrés et les lèvres grossièrement pincées. Elle tentait d'ignorer les remarques que les élèves faisaient à son sujet qu'elles soient gentilles ou mauvaises, mais de toute manière, elle apportait un peu d'importance à l'avis de ceux qui l'entouraient. Elle s'apprêtait à franchir les portes d'entrée boisées du vieux lycée lorsque elle fut interpellée par quelque chose d'inimaginable qui se tramait sous son nez, sans que personne n'intervienne. Elle se mit à courir aussi vite que ses poumons le permettait, suivie de très près par Emeric et Bathilda qui hurlaient son nom aussi fort qu'il était possible de le faire. Les cheveux de Gondoline volaient et s'emmêlaient au contact du vent frisquet de ce matin de printemps et son nez rougissait violemment tant l'air était frais. Elle se dirigea nonchalamment vers ces deux hommes qu'elle avait surpris en train de déraciner le seul arbre qui se trouvait encore dans la cour surpeuplée par des élèves trop disciplinés. Son énervement n'était jamais contrôlé chez Gondoline, et elle ne savait jamais quand il se terminerait, cela pouvait prendre quelques heures, ou bien quelques jours. Mais cette fois-ci, elle ne le tolérai pas, cet arbre était la seule chose qui pouvait la détendre dans ce monde de fous. Elle regarda les deux hommes avec amertume et leur lança un regard haineux. Ses deux amis arrivèrent au même moment, essoufflés et fatigués de la course à laquelle ils ont participé malgré eux.
-Ôtez vos mains de cet arbre !, cria t-elle en s'approchant de l'arbre à moitié déraciné.
-Nous sommes désolés mademoiselle, mais c'est un ordre du Maire, expliqua l'un des hommes, portant une chemise en lambeaux.
Gondoline se sentit bouillir de rage, comment pouvait-il faire ça ? Cet homme n'avait donc pas de cœur ? C'était ce qu'elle se demandait à chaque fois que son vilain nom était prononcé et écorché. Ce satané Maire, un jour elle se vengerait comme elle avait toujours espéré le faire.
-Je vous en supplie, laissez cet arbre où il est !
-Les ordres sont les ordres, maintenant décale-toi, nous avons du travail, siffla le grand brun aux cheveux mi-longs.
-Je reste où je suis, je ne bougerai pas tant que vous ne serez pas partis loin de cet arbre !, revendiqua la jeune fille en enroulant fermement ses petits bras autour du tronc.
Ses amis en restèrent bouche-bée, ils ne savaient plus quoi penser du comportement excessif de Gondoline. Ils ignoraient ce qu'elle était en train de devenir, mais ils en étaient totalement effrayés. Il y avait quelque chose de différent chez elle, depuis quelque temps, elle n'était plus la même personne qu'ils avaient connu étant enfants.
-Gondoline, gronda sa meilleure amie, ça suffit maintenant ! Serais-tu devenue folle ?
La concernée lui adressa un regard noir en levant les yeux au ciel. Elle n'était pas folle, loin de là, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Elle ne voulait simplement pas voir un autre arbre se faire assassiner, cela faisait maintenant bien trop longtemps que Beamich supprimait la végétation et il était tant d'en mettre un terme.
-Si tu ne bouges pas de là, menaça l'homme aux longs cheveux, nous serons obligés de te déplacer nous-même.
-Il en est hors de question, siffla Gondoline, vous n'avez pas le droit de déraciner cet arbre, même sous prétexte que cet idiot de Maire vous l'ai ordonné !
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Les Secrets de Whisperwood : Le pouvoir du Talisman [Tome 1]
خيال (فانتازيا)En ces temps modernes où les habitants de Whisperwood sont toujours imprégnés par un passé mystique qui y résidait autrefois, une jeune fille du nom de Gondoline McNair ne semble pas être concernée par les coutumes locales du village. Indifférente à...