•Chapitre 15•

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Pas à pas, elle s'approchait dangereusement de l'entre des Veilleurs. C'était un endroit sombre, sans vie, les murs de la Cathédrale était devenus d'un gris poussiéreux, bien que deux grandes tours s'étaient effondrées après les guerres de religions. Il restait seulement la plus grande partie de ce monument religieux, le reste était tombé en débris, et s'était enfoncé dans la terre. Gondoline marchait alors prudemment, slalomant entre les différentes pierres tombales qui la gênaient sur son chemin. De nature curieuse, elle jetait des coups d'œil furtifs aux noms et aux dates sur les tombes. C'étaient des personnes décédées de plusieurs siècles déjà, chacun possédait une phrase en latin sur leur épitaphe. Gondoline haussa les épaules, puis détala encore plus rapidement, arrivant maintenant devant la large porte fabriquée en bois brute et foncé. Elle leva la tête devant l'immensité de la bâtisse qu'elle n'avait encore jamais vue d'aussi près. Elle fût surprise d'y voir deux gargouilles en excellent état, et se demanda pourquoi personne ne les avaient réclamées au fil des années. Les cornes s'allongeaient sous les sourires cruels des petites créatures, dont les yeux paraissaient encrés dans ceux de Gondoline qui battit plusieurs fois des cils pour être certaine qu'elle ne rêvait pas : ces gargouilles semblaient la dévisager d'un air mauvais. La sorcière déglutit avec appréhension, puis elle concentra son regard sur les deux portes imposantes dont l'une était entrouverte.

-Je n'ai plus peur, se répétait-elle sans cesse dans sa tête.

Ses membres tremblaient malgré ses efforts pour se contrôler. C'était la véritable première fois qu'elle se mettait réellement en danger, et elle n'appréciait finalement pas ça. Qu'allait-elle faire lorsqu'elle serait entrée ? C'était ce qu'elle se demandait. Elle ignorait comment se battre, ni même le maniement des armes. Comment devait-elle abattre les Veilleurs ? Elle l'ignorait aussi. Elle savait simplement qu'elle devait retrouver les chasseurs, et les aider à combattre. Elle voulait servir à quelque chose de plus utile qu'une sorcière enfermée dans sa tour d'ivoire. Gondoline était certaine de pouvoir les aider. Quand bien même elle mourrait, ça ne serait une perte pour personne, pensa t-elle, peut-être même qu'ils se réjouiront de sa disparition. Elle eût un pincement au cœur lorsqu'une pensée lui traversa l'esprit : peut-être qu'Owen était loin d'être son protecteur, peut-être qu'il n'importait peu d'importance à la sécurité de la jeune fille, et peut-être qu'il ne l'aimerait jamais. Pourquoi Gondoline pensait à ça ? Elle ne le savait pas, mais espérait que le sentiment qu'elle ressentait dans son cœur n'allait pas durer éternellement. Il était lourd, plein de sens, un poids liquéfiait tout son être : elle était éprise d'une étrange sensation qu'elle ignorait.

Alors qu'elle essayait de se donner du courage, un cri assourdissant parvint aux oreilles de la sorcière. Il s'agissait d'une voix aiguë, effrayée et suffocante, elle savait alors que cette voix, c'était celle d'Olympe. La rouquine se refusa de réfléchir plus longtemps, et se décida à pousser l'immense porte grinçante. Un bruit strident se fit entendre lorsque le bois claqua contre les briques grises du mur. Elle ne perdit pas une seule seconde et se faufila à l'intérieur du bâtiment sombre et humide, reflétant parfaitement l'histoire sanglante de la contée. Elle se figea quand elle se rendit compte que l'endroit était un véritable labyrinthe et que différents couloirs s'offraient à elle. Des gouttes d'humidité perlaient contre les parois froides des murs, et créaient des flaques visqueuses sur le sol bétonnée. Gondoline crut entendre sa propre respiration tant le silence régnait en ces lieux miteux, comme si le monde s'était arrêté, comme s'il tournait autour de la jeune fille. Une question restait en suspend dans sa tête : devait-elle crier afin de retrouver les chasseurs, ou devait-elle être discrète ? Elle savait que les Veilleurs rodaient dans les environs, et qu'il n'était certainement pas prudent de crier. Elle préféra alors la deuxième option, et commença à marcher lentement, sur la pointe des pieds, au milieu de la nef. Plus elle s'en rapprochait, moins elle appréciait ce qu'elle voyait. Du sang était étalé contre certains murs et recouvrait la totalité du sol à certains endroits. Il ne restait plus rien d'un ancien endroit qui était censé apporter la paix et la protection à chaque être humain qui entrait dans ce lieu saint, c'était devenu une zone de combat, un lieu cruel pour les amateurs de massacres et de tueries. C'était devenu la maison des sans-cœurs.

Les Secrets de Whisperwood : Le pouvoir du Talisman [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant