Les Secrets de Whisperwood : Le pouvoir du Talisman [Tome 1]

•Chapitre 5•

La messe du dimanche était toujours une corvée infernale pour Gondoline, et elle devait s'y prêter avec beaucoup d'efforts pour faire plaisir à sa grand-mère et au Révérend Binns qui la guettait d'un oeil sevère tout en récitant son serment avec passion. Mr.Binns avait toujours été un homme de paroles et de sens, il savait remettre les gens dans le droit chemin et se sentait obligé d'aider tous les villageois égarés sur leur route. Pourtant, Gondoline n'aimait pas la façon qu'il avait de lever les mains au ciel lorsqu'il lisait des passages de la Bible et trouvait son cheveu sur la langue complètement ridicule pour un Révérend de son envergure. Alors elle se mettait à observer le peu de dorures que possèdait cette vieille chapelle. Elle détestait cet endroit sinistre qui lui donnait des frissons à chaque grinçment de banc et la faisait sursauter à chaque porte qui claquait. C'était une simple salle avec quelques banc et quelques chaises, surplombée par l'autel qui possédait deux statues représentants les personnages sacrés de la religion. Ils avaient eu l'immense chance d'avoir pu acheter un orgue avec l'argent récolté le jour de la fête de la moisson, et avaient réussi à faire de cette chapelle abandonnée, un endroit de paix où chacun pouvait se retrouver et prier. Ce jour là, Gondoline était installée aux cotés de sa grand-mère, dans la dernière rangée de chaises, celle qui était la plus éloignée de l'autel ; elle préfèrait être loin de ce Révérand et de ses fidèles qui l'écoutaient avec passion. Emeric était assis à la droite de son père et à la gauche de sa mère, plus loin il y avait son petit frère qui jouait avec la petite sœur de Bathilda. Celle-ci n'était vraisemblablement peu intéréssée par le serment du Révérend, mais était subjuguée par ses ongles qu'elle limait sans répit jusqu'à obtenir une manucure parfaite. Ils attendaient tout les trois le moment propice à leur exile loin de la chapelle. Ils avaient décidé d'aller faire un tour dans les bois pour profiter des rayons du soleil et pour parler de choses et d'autres, comme ils avaient l'habitude de le faire le dimanche après la messe, sauf qu'ils n'avaient plus la patience d'attendre et voulaient impérativement s'éclipser de leur lieu de sieste. Gondoline bailla en jettant un oeil vers Emeric qui hochait la tête, signe qu'ils étaient prêts à partir sous peu. Elle tourna la tête de gauche à droite pour regarder les personnages qui les entouraient : ils avaient tous l'air concentrés sur l'un des textes fondamentaux de la Bible. Tous sauf un. Gondoline ne l'avait pas pas remarqué tantôt, mais il était bien là, assis dans la rangée opposée de la sienne. Il était habillé élégamment et portait même une cravate, Gondoline trouvait ça risible, et s'emballa en riant un peu trop fort aux yeux d'une dame devant elle, qui se fit un plaisir de lui rappeler qu'ils étaient dans la maison du Seigneur, et non dans une boîte de nuit. Gondoline se tut immédiatement, bien qu'un léger rictus restait plaqué sur ses lèvres. Elle surveillait celui dont elle craignait du coin de l'oeil, et il faisait la même chose, non pas pour les mêmes raisons que Gondoline, mais il commençait à avoir quelques doutes quant à sa véritable identité. Griselda, qui avait su cerner le comportement devenu étrange de sa petite fille posa sa main sur la sienne et tourna légèrement sa tête vers la rouquine.

-Qui est ce jeune homme, ma gargouille ?, chuchota la vieille femme à l'oreille de Gondoline.

-C'est un investigateur, murmura la jeune fille en posant sa main devant sa bouche, il recherche le talisman que j'ai vu dans mes rêves.

Le visage de Griselda se pâlit, elle ignorait qu'ils étaient parmi eux maintenant, et espérait qu'il ne trouverait pas la vérité tout de suite ; il était encore trop tôt. Mais elle savait que cela devait arriver ; c'était écrit, tout était écrit.

-Ce soir tu resteras à la maison, ordonna la grand-mère, je dois te dire quelque chose d'important.

-Euh...d'accord.

Gondoline semblait surprise, que sa grand-mère voulait-elle lui dire ? Cela faisait des années qu'elles n'avaient pas eu de véritables conversations qui concernaient autre chose que son comportement et ses résultats scolaires. Griselda eût un petit sourire en voyant sa petite-fille se casser la tête pour trouver des réponses que seule elle pouvait lui donner. Gondoline regarda la robe cette pomme de sa grand-mère, et se dit que elle ne passait vraiment pas inaperçue habillée de cette façon.