Les Secrets de Whisperwood : Le pouvoir du Talisman [Tome 1]

•Chapitre 4•

Gondoline su en se réveillant que les ennuis n'étaient pas derrière elle, mais bien devant elle. Elle savait que rien n'allait en rester là depuis que ce cher Mr.Cauldwell avait débarquer dans le comté de Whisperwood, il allait tout faire basculer maintenant qu'il complotait avec le Maire. Pourtant, cette nuit-là, la jeune fille n'avait pas rêvé de ce fameux talisman qui la hantait depuis près de cinq mois. Cette fois-ci, son rêve était d'un tout autre genre, et il l'avait considérablement chamboulée. Elle ne pensait pas que cet investigateur s'immiscerait même dans son sommeil, mais elle avait l'impression que, depuis la nuit dernière, elle le voyait partout. Elle avait crû le voir devant sa maison quand elle rentrait de la visite dans le bureau du Maire, mais c'était impossible, il n'aurait pas pu faire plus vite qu'elle-même, c'était seulement une ombre, pensa t-elle. Cependant, toute cette histoire la tourmentait et prenait une place considérable dans son cerveau qui n'avait cessé de fonctionner depuis plusieurs jours durant. Mais elle se rendait à l'évidence : quelque chose clochait chez elle. Elle était différente, elle le ressentait au fond d'elle, mais ne voulait pas le croire. Une personne considérée comme "normale" n'entendait certainement pas des voix, ne rêvait pas d'un objet recherché et surtout, ne le dessinait pas. Elle savait alors qu'elle aussi, elle était étrange, comme tous les villageois loufoques de ce village morbide.

Quand elle rejoignit ses amis chez Mandy, ce matin-là, ils semblaient surpris qu'elle n'eût pas été en retard et accoururent vers elle pour lui soutirer des informations concernant la petite altercation de la veille. Gondoline souffla en les voyant arriver tels des furies car elle savait qu'elle n'échapperait certainement pas à toutes leurs questions inutiles.

-Gondoline !, cria sa meilleure amie en sautant dans ses bras, comme elle le faisait chaque matin.

Gondoline sourit faiblement en l'enlaçant rapidement, ne s'attardant pas davantage sur les marques d'affections qu'elle n'avait pas l'habitude d'offrir.

-Alors ?, s'impatienta Emeric, comment ça s'est passé ?

-Quoi ?, questionna la rouquine, vous voulez dire, avec le Maire ?

Ils hochèrent la tête à l'unisson, si vigoureusement qu'ils auraient pu se briser la nuque. Gondoline soupira, n'ayant pas envie de reparler des évènements consternants de la veille qui frôlaient la catastrophe. Allait-elle leur dire la vérité ? Elle ne le savait pas. Mais elle espérait que ses amis soient de son côté, et la soutiendraient, pour une fois.

-Il a été d'une sympathie effrayante, ironisa la jeune fille en avançant dans le Chemin des Ombres.

-Et la vérité ?, demanda Bathilda en croisant les bras sur sa poitrine, d'un œil accusateur.

Gondoline fit la moue en se dirigeant vers le lycée. Elle ne savait pas ce que ses amis voulaient entendre, que devait-elle dire ? Il n'y avait simplement rien à dire, Mr.Beamich l'avait mis en garde sur son comportement, rien de plus.

-Il espère seulement que je devienne une bonne petite sainte, lança t-elle froidement.

-Te connaissant, répliqua t-il, Beamich se met le doigt dans l'œil !

Ils éclatèrent de rire tous les trois en imaginant Gondoline en jeune fille sage. Cela ne lui correspondait vraiment pas, elle était bien trop indépendante et libre pour devenir ce que la plupart des villageois de Whisperwood voudraient qu'elle soit : une bonne femme qui sache faire la cuisine et une excellente femme de ménage pour son futur mari. La jeune fille riait au nez de chaque personne prétendant que les femmes ne servaient qu'aux tâches ménagères. C'était faux, et elle en était la preuve vivante, elle savait faire une montagne de choses différentes, et en était très fière. Elle trouvait les hommes de ce village vraisemblablement sexistes et répugnants envers leur femme. Gondoline détestait ça et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour remettre les hommes à leur place. Elle était devenue indomptable au fil des années qui défilaient.