40 Jours Après

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L'air de mon appartement est toujours plus pesant sur mon moral et tu me manques un peu plus que la dernière fois que je t'ai écrit, avant-hier, je n'ai pas pu le faire hier puisque je n'ai fait que dormir, pour une fois que j'y arrivais j'en ai profité. Mes os sont toujours aussi raides que des morceaux de bois et ma peau toujours aussi pâle.

Je me suis regardé dans un miroir ce matin, et j'ai eu peur de mon reflet. J'ai eu peur de mes yeux cernés et sombre, de la rougeur de mes yeux et de mes joues, de ma barbe si mal entretenue qu'on dirait un buisson, mes cheveux étaient tout aussi emmêlés et je devais ressembler à un fou, ou à un dépressif, ce que je suis je crois. Mais je n'ai pas essayé de m'arranger ne serait-ce qu'un minimum, j'ai juste pris une douche et je suis allé te voir, comme a mon habitude.

J'ai déposé les fleurs sur ta tombe, je t'ai parlé du plus que je pouvais et je me suis assis devant toi, à regarder ta pierre tombale en t'imaginant assis dessus, balançant doucement les jambes dans l'air en train de me regarder, un léger sourire aux lèvres et les yeux rieurs. Ça m'a fait un peu de bien je crois. Parce que quelques instants la douleur constante de mon coeur s'est calmée, et je t'ai admiré, j'ai admiré cette image que j'avais de toi. Si belle. Avec un léger rai de soleil qui se déposait à la perfection sur ton visage, même si selon moi tu n'as pas besoin de ça pour rayonner.

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Je suis resté une heure avec toi, avant de rentrer chez moi, lorsque mon imagination a décidé de me faire comprendre que non, je ne pourrais plus jamais te revoir. Lorsque je suis sorti du cimetière, j'ai croisé une femme, qui me disait vaguement quelque chose, elle m'a demandé :

«Qui venez-vous voir tout les jours ? Si ce n'est pas indiscret.»

J'ai regardé quelques secondes derrière moi, regardant ta tombe, avant de me tourner une nouvelle fois vers elle et lui dire, avec une voix qui me paraissait a peu près normale pour une fois :

«La personne que j'aime.»

Elle a eu l'air désolée mais je ne lui ai pas laissé le temps de dire une nouvelle chose en partant. Sur le chemin, j'ai essuyé mes larmes si douloureuses et j'ai respiré à pleins poumons, dans l'espoir de me sentir un peu apaisé. Dans l'espoir d'arrêter de suffoquer chaque seconde un peu plus...

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En rentrant dans mon immeuble, j'ai percuté quelqu'un, et au moment où j'ai essayé de m'excuser, je n'ai pas pu décrocher du regard de cet homme, il avait les mêmes iris noisettes que toi et ça m'a troublé pendant de longues secondes, avant qu'il ne s'excuse et reparte, me laissant dans cet état de trouble indescriptible, incapable de bouger un membre, jusqu'à ce que quelqu'un d'autre rentre, en l'occurrence, Martial.

Il a d'abord été surpris au possible de me voir là, mais il n'a rien dit, et m'a juste demandé si ça me dérangeait qu'il ai invité Valérie, Julien et le producteur de l'émission à venir chez moi. Je n'ai rien dit, j'ai juste monté les marches jusqu'à chez moi, avant d'enlever mon manteau, mes baskets et m'asseoir dans un fauteuil du salon, ce que Martial a pris pour un "Non, ça ne me dérange pas le moins du monde que tu aies pu inviter des gens à venir chez moi sans même m'en parler avant." Puisqu'il s'est ensuite excusé, avant de me laisser seul pour aller les chercher, parce que de toute évidence ils étaient en bas de mon immeuble.

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Je sais que ça ne devait pas être très sympa mais je ne leur ai rien dit, quand tous sont rentrés et m'ont demandé comment j'allais, je les ai simplement gratifiés d'un regard sur mon visage pour qu'ils comprennent que non, je n'allais absolument pas bien du tout. Alors ils n'ont rien dit de plus et se sont assis sur le canapé, et tandis que Martial faisait ce qui devait ressembler à une réunion de travail, moi je n'étais pas là, non, je repensais aux yeux de cette personne, je me disais que j'avais du halluciner puisque personne ne peut avoir le même regard que toi, parce que le tien est si particulier qu'il est inimitable, mais je restais quand même troublé.

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Ça fait une heure qu'ils sont là, et que moi je ne bouge pas pour autant, mais je ne participe pas non plus. En fait si je reste c'est pour voir si ces gens vont à un moment exprimer un minimum de tristesse envers toi. Mais non, à chaque fois que le sujet semble se rapprocher ils ne font que l'éviter. J'en suis à un point où j'ai envie de leur hurler dessus pour savoir si tu comptais un peu pour eux, mais je ne l'ai pas fait non plus, parce que sinon j'aurais fini aphone pendant une semaine tant ma gorge est fragile et faible, et parce que je sais que hurler ne fera que me rajouter une souffrance de plus sur le dos.

«Camille, tu penses que ça ira mieux quand ?»

C'est à cet instant que j'aurais pu exploser de rage, laisser découler toute ma frustration dans des cris futiles, sauf que je ne l'ai pas fait, j'ai juste légèrement redressé la tête, j'ai lancé un regard noir au producteur, qui a pourtant insisté, et moi j'ai résisté à la tentation d'une crise de nerf, et j'ai simplement dit :

«Jamais.»

Valérie a détourné le regard, tout comme Martial, mais les deux autres ne l'ont pas quitté des yeux, et Julien a dit :

«Tu sais très bien qu'on a besoin de toi pour assurer l'émission.
- Et alors ?»

Mon ton était tellement froid que les deux personnes qui devaient comprendre un tant soit peu ma douleur se sont éclipsés, Martial disant qu'il allait me faire à manger. Mais les deux autres sont restés aussi indignes d'avoir pu te connaître et échanger des sourires avec toi. Alors j'ai continué :

«Vous êtes tellement cons que vous n'arrivez pas à comprendre à quel point je l'aime ?
- Tu veux dire "Aimais" ?
- Je l'aime.
- Mais comment tu peux l'aimer alors que...»

C'est à cet instant que j'ai littéralement explosé, bien sûr, si jamais j'allais mieux j'aurais juste gardé mon sang-froid et je lui aurais expliqué que oui, je continuerai à t'aimer jusqu'à mon dernier souffle, jusqu'au jour où ma vie s'éteindra elle aussi comme une bougie sur laquelle on souffle, et à cet instant, je t'aurais rejoint dans les étoiles pour qu'on s'aime jusqu'à la fin de l'éternité. Mais non. Je me suis relevé et j'ai donné une énorme gifle a mon producteur. Enfin ex-producteur je pense, avant d'hurler aux deux :

«Vous ne vivrez jamais ce que j'ai vécu avec lui ! Jamais vous ne pourrez ne serait-ce que toucher ou ressentir un 16ème de ma douleur ! Non, parce que vous vous avez vos femmes, vos enfants, votre vie parfaite alors arrêtez de me narguer avec ! Et fermez vos énormes gueules la prochaine fois qu'il vous passe par l'esprit que je guérirai de son absence un jour ! Jamais personne ne pourra le remplacer dans mon coeur ok ?! Alors s'il vous plaît, essayez au moins d'avoir un minimum de respect envers ce qu'on vivait tout les deux ! Voire un peu de tristesse pour lui !»

Je me suis dit que ça ne servait à rien de ruiner ma gorge pour eux alors je me suis tut après cette phrase, et j'ai donné un coup involontaire dans ma table basse avant de quitter la pièce, enragé contre ses... Je devrais me calmer sur les insultes. La première chose que j'ai faite ensuite c'est aller dans ma chambre et me jeter sur mon lit, sans rien faire de plus. Parce que je sais que si jamais j'étais allé voir quelqu'un d'autre il aurait aussi prit pour sa gueule si il m'avait juste dit un seul mot. Et, roulé en boule dans mes draps, j'ai recommencé à pleurer. Malgré que mes larmes me provoquent d'intenses brûlures sur mes joues fragilisées, mais ma gorge m'en causait bien plus.

28/10

After You [Infinie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant