Chapitre 09

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    « Tu n'as pas l'air dans ton assiette... »

     Lia tourna la tête dans la direction de la voix. Celui qui avait parlé était un homme d'une vingtaine d'années aux cheveux courts et il la regardait avec un air amusé :

     « C'est rare que tu sois dans la lune, quelque-chose te tracasse ?

     - Bien sûr que non ! Lâcha-t-elle avec impatience »

     Il leva les mains en signe d'abandon mais avait déjà attiré l'attention de Will qui prit aussitôt sa place :

     « Si quelque-chose ne va pas, tu ferais mieux d'en parler ; dans deux jours, nous serons dehors à chercher le laboratoire... »

     Ils étaient réunis sous une tente de fortune, juste derrière un regroupement de maisons, et revoyaient encore et encore un moyen d'atteindre l'endroit qu'ils voulaient. A force de réfléchir à une manière miracle de passer toutes les sécurités mises en place autour –selon Orson, il y avait presque une armée prête à trancher la tête du premier qui s'approcherait un peu trop près– Lia commençait à avoir sacrément mal au crâne. Ce n'était pas le moment pour leur parler de l'ami de Jack, quoi que pouvait en penser leur espion là-haut...

     « Lia ? »

     Elle leva brusquement la tête pour se rendre compte que tout le monde la regardait.

     « C'est rien, insista la jeune fille en secouant la tête, ça n'a pas d'importance. On pourrait pas se recentrer sur nos vrais problèmes ? »

     Ils échangèrent un regard entendu et elle comprit immédiatement qu'ils n'avaient aucune intention de la laisser en paix :

     « Tu es toujours sur la défensive quand tu caches un truc, reprit son voisin de droite, et nous on te lâchera pas tant qu'on aura pas trouvé ce qui te travaille !

     - Vous croyez que notre petite Lia est amoureuse ? Continua un autre. Le nouveau est de son âge, non ?

     - Je t'en prie ! s'écria brusquement la jeune fille. »

     Ils éclatèrent de rire et elle se saisit de cette ouverture pour créer une échappatoire, certes embarrassante, mais mille fois plus acceptable que le message.

     « C'est un gamin ! Grimaça-t-elle en s'efforçant d'avoir l'air convaincante.

     - Moi je me rappelle que tu allais à son chevet tous les jours quand il était à l'infirmerie...

     - C'est vrai que c'est étrange, ce soudain attachement pour un inconnu, enchaîna Will avec un petit sourire, ce chiot te court innocemment après où que tu ailles... Ce pourrait-il qu'il est retenu ton attention ?

- Arrêtez de raconter n'importe quoi ! »

Lia se leva d'un bond et les foudroya du regard :

     « Si vous n'avez rien de mieux à faire que de débiter des bêtises, je m'en vais. On se reverra demain. »

     Et elle quitta la tente la tête haute sous les cris hilares de ses camarades.

La jeune fille s'éloigna d'un pas rapide, jusqu'à ce que les maisons soient hors de sa vue. Quand elle s'arrêta, le nœud dans son estomac était de retour. Un sentiment de culpabilité sourd et persistant qui n'avait cessé de la ronger depuis le matin. Le message était toujours dans sa poche et lui pesait atrocement. Elle voulait le sortir, le déchirer en des milliers de petits morceaux mais, à peine avait-elle glissé sa main dans sa poche, qu'elle savait qu'elle ne pouvait s'y résoudre.

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