Chapitre trois

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Je sens tous les regards tournés sur moi. Quelques secondes se sont écoulées depuis que je me suis faite repérée et je suis encore en vie.

-Tourne-toi et ne pense même pas à t'enfuir sinon je te tire une balle en plein crâne.

J'entends encore les caisses sauter, donc c'est le troisième homme qui me parle. Je me tourne calmement. Qu'est-ce que fait la police ? J'ai peur. Je ne sais pas ce qu'il va faire de moi.

- Où comptais-tu aller ? Il me demande, je ne vois que ses lèvres bouger.

Je jette des regards de détresse aux gens, mais personne ne bouge. Bande d'enfoirés.

-Réponds-moi. Il reprend d'une voix plus ferme.

Je me racle la gorge pour essayer de parler et je prend une grande respiration.

-Je...je voulais sortir. J'articule du mieux que je peux et je ferme les yeux.

Il rit, fort. Entre-temps, les deux autres hommes ont fini de prendre l'argent.

-On y va les gars, prenez la. Dit-il en me pointant du menton.

Sans que je ne m'en rendre compte, il me prennent par les bras et me tirent pour me faire avancer. Et c'est à ce moment-là que je compris. Je ne reverrais plus jamais ma vie.

Ils me jettent dans une camionnette et l'un des deux m'assène un coup à la tête qui m'assomme directement.

****

J'ai extrêmement mal à la tête. J'ouvre doucement les yeux, mais je n'y vois pratiquement rien. Un brin de lumière traverse la pièce dans laquelle je suis et tout me revient. Les courses, l'explosion, la femme qui pleure pour elle et son enfant, ma tentative de fuite et...et mon kidnapping devant une centaine de personnes. Ils m'ont emporté et je ne sais même pas où je suis.
Combien de temps leur a-t-il fallu ? Quelques minutes ? Et ce furent les plus longues de ma vie. Ils vont me laisser pourrir dans ce trou jusqu'à ma mort... Si j'étais restée par terre, je m'en serais peut-être sortie. Je ne veux pas mourir. Je décide de crier pour attirer l'attention. Si quelqu'un est là, il m'entendra. Et mes efforts aboutissent, car la porte s'ouvre laissant apparaître plus de lumière et une grande ombre. Je frotte mes yeux afin de m'habituer à la luminosité soudaine. C'est lui, lui qui m'a attrapé, qui a ordonner de m'amener ici. Connard. Il s'agenouille à mes côtés. Il n'a plus sa cagoule, je peux donc voir son visage.
Il est doté d'une beauté terrifiante, glaçante. Ça en est même frustrant, qu'es-ce qu'un homme comme lui fait ici ?

-Viens. Il me tend la main le visage fermé et la voix froide.

Je l'attrape, la main tremblante et je me lève. On traverse un grand couloir. Il reste droit et tranquille comme s'il n'avait jamais rien fait. Comment peut-il être aussi calme, il vient tout de même de commettre un cambriolage. On arrive finalement dans une salle aux murs blancs où se trouvent les deux autres hommes. Ils rigolent, un verre à la main. Je baisse les yeux une fois que le grand brun me lâche. Ils me regardent avec pression.
Ils vont me violer ?
Mais non débile, s'exaspère ma conscience en secouant la tête de droite à gauche un sourcil levé.

-T'as bien choisi, Nate, balance un des deux en levant son verre vers l'homme à ma droite qui a un prénom désormais.

Je trouve ça plutôt joli.
Putain reprends toi Anna, ils t'ont enlevé !

-Je ne l'ai pas choisie. Elle n'aurait pas essayé de se sauver, elle ne serait pas ici. Et on n'aurait pas un problème en plus, souffle-t-il en passant ses mains dans ses cheveux.

-Moi, je suis un problème ? Je lève la voix, sentant la colère monter progressivement. Comment ose-t-il ?
Si tu savais que j'allais être un problème, tu n'avais qu'à me laisser m'enfuir. Il me regarde de haut comme s'il avait tous les pouvoirs. Après plusieurs secondes, minutes, je n'en sais rien, il s'avance vers moi, rapidement. Il m'attrape le poignet et il me tire en arrière. Je faillis tomber, mais je pus me rattraper à son épaule.

-Qu'est-ce que tu fais ?

C'est bon, je suis morte. Enfin, c'est ce que je pensais, mais il finit par m'amener dans une autre pièce qu'il verrouille. Il n'y a que lui et moi. Sa colère et ma peur. Le feu et la glace.

-Écoutes, Il serre la mâchoire pour canaliser sa colère, il faut que tu te la ferme. Tu comprends ? Si tu veux rester en vie, c'est le meilleur conseil que je peux te donner.

J'en reste bouchée bée.
Qu'est-ce qui t'étonnes ? Tu croyais qu'il serait gentil avec toi ? Tu rêves ma petite.

Je baisse les yeux, encore une fois. Je sens son regard dur sur moi, j'entends ses pas, puis la porte claquer. Il est parti et il m'a laissé seul. Je parcours la pièce des yeux. C'est une chambre avec le minimum qu'on peut trouver dans une chambre, c'est-à-dire un lit et une lumière. Je souffle d'épuisement et je m'allonge sur le lit qui n'est vraiment pas confortable. Ethan me manque déjà. Est-ce qu'ils savent pour moi ? Je pense que oui, j'espère. Je ferme les yeux doucement et je sombre dans un douloureux sommeil.

****

-Debout. Le grognement de Nate me réveille. Il ne peut vraiment pas me laisser en paix finalement. Je grogne et lui tourne le dos, je suis bien trop fatiguée pour lui obéir.

-Je ne me répéterais pas, sa voix dure m'oblige donc à m'exécuter une seconde fois.

Je roule des yeux et je m'assois en tailleur tout en me frottant le visage. Il a des habits dans les mains. Il finit par me les tendre.

-Tiens, viens prendre une douche. T'es dégueulasse.

-Tu n'es personne pour me dire quoi faire, et puis si ça ne te plaît pas, tu n'as qu'à me laisser partir.

Il souffle d'exaspération.

-Je t'ai dit, viens te doucher.

Je soutiens son regard, mais je sais que je ne gagnerais pas à ce petit jeu. Je finis par poser mes pieds sur le sol froid et je le suis lentement, toujours accompagnée de ce drôle de sentiments qu'est la colère.

****

La salle d'eau est simple pour ne pas changer. Une douche, un robinet, un miroir et une chaise.

-Prends ton temps, dit-il avant de sortir de la pièce.

Bien sûr que j'allais le prendre mon temps, imbécile.

Je cloue derrière lui. Je ne veux en aucun cas que l'un d'entre eux me trouve nue. L'eau me brûle la peau, mais j'ai besoin de ça. Je suis extrêmement fatiguée. Je ne sais même pas quelle heure il est. Quand j'ai fini de me laver, je m'habille avec les vêtements qu'il m'a donnés. C'est un ensemble de pyjamas gris, simple encore une fois. J'ai comme l'impression qu'il aime la simplicité. Dès que j'ouvre la porte, je tombe nez à nez avec un des deux autres.

-Tu peux venir manger.

Je hoche la tête en serrant les lèvres. Je n'ai pas faim. Alors je file avec mes anciens vêtements dans ma ''chambre'' et je finis par m'endormir peu de temps après, profondément blessée de tout ce qui m'arrive.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant