Chapitre douze

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Les yeux ouverts je fixe ce plafond qui me semble être particulier en ce moment même mais qui est totalement basique. En fait, je me demande ce qu'il se passe entre nous. Je n'arrive pas à comprendre cette connexion. Pourquoi cette sensation qui sort de nulle part, l'électricité, le désire, l'envie. Cette sensation qui me prive de tous mes moyens quand je suis avec lui. Il est la personne qui a chamboulé ma vie. Dans la normalité je devrais lui en vouloir, ne pas lui adresser la parole, être répugnée par cet homme, mais dès la première minutes où je l'ai vu j'ai été intriguée et je n'arrive toujours pas à le comprendre.

Ethan me manque, beaucoup. Si Nate n'était pas là, s'il s'en foutait de moi, je me demande bien ce que je ferais de mes journées aussi pourries les unes que les autres.

Ne crois pas qu'il ressent ne serait-ce qu'un peu d'empathie envers toi, il fait ça pour te garder dans son lit.

Fichue conscience. Elle gâche tous les moments que je passe avec lui. Dorénavant, je veux vivre le moment présent. Je ne veux plus me poser de questions. Si je dois oublier mon ancienne vie, je préfère l'oublier en étant avec Nate que seule à pleurer toutes les larmes de mon corps pour ma petite vie minable. Il dort. Je me tourne vers lui et je peux donc contempler son visage si angélique. Bordel, qu'il est beau. Pourquoi est-il ce jeune homme perdu qui me fait craquer ? Il ne peut pas être sans sentiments. Ce n'est pas possible.

Tu refuses de le savoir.

Oui.

Je le regarde encore quelques minutes et je me décide enfin de bouger mes fesses pour aller préparer le petit déjeuné.

****

Une paire de main m'attire contre un torse robuste.

-Bon matin. Il me murmure au creux de l'oreille.

Oh, cette voix. Ma déesse intérieure lève les yeux de son journal, semblant intéressée par l'arrivé de Nate.

Je me tourne pour lui faire face.

-Bon matin.

Un sourire déchire son visage et il pose ses lèvres sur les miennes tendrement. Et c'est partit pour une journée comme tant d'autres.

****

Tous le monde là-haut pense que je suis morte.

Ça fait deux mois, déjà deux mois. Deux longs mois qui se sont écoulés depuis la dernière fois que j'ai vu ma mère, depuis la dernière fois que j'ai vu Ethan, depuis le jour où j'ai été arrachée à mon quotidien. Je me demande ce qu'ils sont devenus. Moi, je passe mes journées à vomir et à prendre du poids. La lointaine idée de la grossesse me guette mais je refuse d'y croire même si c'est évident. Je me rassure en me disant que l'on se protège toujours.

On n'est jamais à l'abri d'une capote brisée, idiote.

Oh, ma conscience...j'ai bien arrêté de l'écouter depuis longtemps. D'ailleurs, il a arrêté toutes ces conneries peu de temps après qu'il me soit arrivé l'histoire avec l'autre.

Je suis tranquillement assise sur le canapé, seule. Il est partit courir il y a à peu près une bonne heure. La télé illumine la pièce. Je regarde un film qui passe sur une de ces stupides chaînes. Il devrait déjà être rentré. Je commence peu à peu à m'inquiéter. Soudain, une alerte info coupe le film. Bande de cons, on ne peut même plus regarder un film tranquillement sans être interrompus. Je ronchonne en me concentrant sur l'annonce diffusée.

Au même moment Nate entre essoufflé dû à sa course. Mon corps se détend. Je me suis beaucoup attachée à lui ces derniers temps. J'ai du mal à être bien sans lui. J'ai toujours peur de ce qu'il peut lui arriver. Qu'elle idiote je suis. Mais je ne veux pas être jugée. C'est plus fort que moi, j'ai besoin de lui à l'heure d'aujourd'hui, je suis devenue une toute autre personne. Et si je porte son enfant... Je chasse cette pensée rapidement.

-Bonsoir jeune homme. Je le salue humoristiquement.

Il se laisse tomber lourdement sur le canapé à mes côtés en me saluant aussi, le sourire aux lèvre. Il pose doucement sa main sur ma cuisse et il porte ses yeux sur l'écran qui transmet une information.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Ses sourcils se froncent au fur et à mesure des paroles de la jolie journaliste blonde aux yeux, qui en ferait tomber plus d'un, qui parle.

-Je ne sais pas.

Il hoche la tête et j'écoute plus attentivement, silencieusement.

-Trois hommes ont été arrêtés à l'instant, ils seraient inculpés dans le braquage du supermarché Campfield Street. Sa déclaration me donne les frissons.

Oh mon Dieu.

Le visage des deux complices de Nate s'affichent à l'écran et je les reconnais directement, ce sont eux. Le troisième ne me dit rien, mais je ne lui prête pas plus d'attention. Je me tourne directement vers Nate qui ne bouge pas, il ne dit rien.

Et s'ils le balancent ? Non !

Il faut que je me calme. J'écoute encore plus attentivement cette femme.

-Il semblerait qu'il manque un dernier homme. Celui qui aurait ordonné l'enlèvement de la jeune Annabella Smith. Les policiers mènent encore l'enquête. L'affaire est de nouveau ouverte.

Je me jette directement sur Nate dès que le film revint à l'antenne. Il serre ses gros bras contre mon petit corps.

-Oh non... Je jubile contre son cou en ne le lâchant pas d'un poil.

Quand il me relâche enfin, je peux lire dans ses yeux qu'il craint quelque chose.

-De quoi as-tu peur ? Je souffle comme si j'étais un enfant qui n'était pas sur de ce qu'il dit.

-J'ai peur de te perdre Anna.

Sa réponse m'attriste encore plus. Une larme traverse ma joue montrant la peine que j'ai.


-J'ai peur aussi Nate, mais...

Il me coupe en posant sa main sur ma joue.

-Il n'y a pas de ''mais'' Anna, ils vont me balancer. Ils n'en n'ont rien à foutre de moi et de ce qu'il peut m'arriver. Si ils peuvent obtenir une relâche de la part de la justice pour leur parole, ils le feront.

Je comprend. Je comprend que la seule pensée de ne plus l'avoir à mes côtés me consumera petit à petit.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant