Chapitre huit

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Il est là, les yeux baissés sur ses pieds nus. Il parait si innocent. On dirait un enfant puni par ses parents. Je ferme la porte derrière moi et je m'avance prudemment vers lui avant de m'asseoir à ses côtés. Je ne le regarde pas. Je ne veux pas le voir comme il le veut. Après quelques minutes de silence en ma présence, il se décide enfin à prendre la parole de sa voix roque.

-Tu sais Anna, tu ne peux pas tout simplement m'éviter. Je sais que tu es folle de moi et je ne veux pas que tu te voiles la face et que tu essayes tant bien que mal de cacher ce que tu ressens à mon égard. Je sais que tu devrais me détester, mais je sais aussi que tu ne peux pas, car tu en es incapable. Je le vois dans tes si beaux yeux.

Je vois quand tu as mal, je vois quand tu es triste de ne pas être avec les personnes que tu aimes, mais tu es avec moi ça ne te va pas ?

Je suis vraiment et sincèrement étonnée de son discours. Qu'est-ce qu'il croit ? Ce n'est pas par ce qu'il a réussi à me faire craquer qu'il peut tout deviner et dire ce que bon lui semble. Je ne suis pas un objet, il ne peut pas voir en moi comme il le prétend.

-Non. Je répond simplement.

Le froncement accentué de ses sourcils me montre qu'il ne comprend pas ma réponse. Il ne s'attendait pas à ça. Il pense que je suis à sa merci et mon dieu, je ne voulais pas apparaître ainsi. Il doit croire que je suis faible. Que je suis comme tant de femmes, que je crois que l'amour existe. Que j'espère que l'amour change les gens, mais non, je sais que tout ceci c'est de la merde absurde que l'on se fait croire, à soit même. Comme si, sans l'amour, on est rien, alors que sans l'amour, on est tout.

Je lève les yeux pour tomber directement dans les siens comme tant de fois.

-Non, je ne suis pas heureuse avec toi. Qu'est-ce que tu t'imagines ? Que je vais faire ma vie, merveilleusement en oubliant que je me suis fait enlever, et que je serais heureuse grâce à la personne qui m'a arraché à mon bonheur quotidien. Je vis dans un endroit sans voir la lumière du jour depuis maintenant trois jours et j'ai franchement l'impression d'être une taupe !

Il me coupe avec un petit rire qui en ferrait craquer plus d'unes. Je le regarde toujours impassiblement et il comprend rapidement que je ne rigole pas, vraiment pas du tout. Je reprend ce que je disais.

-Et en plus de ça, tu veux que je vous accompagne, toi et ta bande de bras cassés, pour faire une connerie comme tu en as l'habitude. Combien de filles as-tu amené dans ton lit ? Combien de filles as-tu enlevé ? Et combien de personnes as-tu tué ? Je refuse de vivre avec un... meurtrier.

Mes mots lui font comme l'effet d'un poignard. Je le vois à son regard. Il est blessé comme il m'a blessé en m'enlevant. Comme il a blessé mes amis et ma famille. Il respire lentement et je vois au fur et à mesure sa mâchoire se crisper.

Qu'il n'essaye même pas de s'énerver contre moi, car je suis exténuée et je n'ai vraiment pas envie d'entendre ses malheureux monologues inconscients me faisant croire qu'il m'aime ou bien qu'il soit ne serait-ce qu'un peu attaché à moi, non, je ne veux pas de ça. Je ne veux plus de ça. Je veux retrouver ma vie d'avant.

-Je ne suis pas un meurtrier, je n'ai pas choisi de faire ce que je fais. Et puis tu sais quoi ? Vas te faire foutre, je n'ai pas de comptes à te rendre et pour tout te dire j'ai tellement connus de filles que je ne saurais te dire combien tellement il y en a. Ne vas pas croire que tu as une place dans mon cœur, car c'est complètement faux.

-De quel cœur, tu parles ? Je demande pour conclure cette horrible discussion, qui a prit une trop grande ampleur.

Je n'ai pas levé la voie, même pas ne serait-ce qu'une seconde. Je suis restée calme, froide et sans pitié. Il ne bouge pas, alors je décide d'en finir, pour qu'il me laisse enfin seule.

-Tu aurais dû me tirer une balle au lieu de m'infliger cet enfer avec toi.

Puis sur ces mots, il sort rapidement de la chambre.

Cette nuit, je ne peux fermer les yeux. Je ne peux pas dormir, car ses mots trottinent dans ma tête. C'est finalement vers quatre heures du matin que le sommeil m'atteint me permettant de me reposer et d'oublier Nate pendant un court instant.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant