Chapitre vingt-trois

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J'ai passé une journée affreusement ennuyeuse au travail aujourd'hui, c'est donc épuisé que je me jette sur mon canapé. Il est un peu plus de dix-neuf heures et la faim me prend au dépourvu. Je me relève péniblement en ronchonnant de ne pas avoir pris quelque chose à manger avant de m'affaler sur mon canapé. En arrivant à la cuisine, je constate qu'un plateau avec un repas est posé sur le comptoir central et je souris à la vue du petit post-it accroché à celui-ci.

"Je t'ai préparé de quoi manger pour ce soir, car je sais que tu vas encore commander Chinois ! J'espère que ça te plaira, je t'embrasse fort. -Ethan. "

Son attention me fait chaud au cœur et j'embarque la nourriture avec moi devant la télé que j'allume impatiemment. Je zappe les chaînes jusqu'à trouver une série qui a l'air plutôt pas mal, je laisse donc cette chaîne et je mange tout en regardant. C'est d'ailleurs une de mes activités préférées. Ma soirée se passe le plus simplement du monde jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Il affiche un numéro que je ne connais pas, mais je décide de répondre au cas où c'est Elijah qui aurait trouvé mon numéro de téléphone.

-Oui ? Je demande, la bouche pleine.

-Annabella ! Oh mon Dieu ! La voix de la mère d'Ethan retentit dans le téléphone et quelques secondes après j'entends des sanglots venant d'elle.

-Oui Madame Rogers ? Que ce passe-t-il ? Mon cœur commence à s'affoler, elle ne m'appelle jamais mise à part quand c'est très urgent.

-Ethan a eu un grave accident de voiture, il est actuellement au bloc opératoire et on...

Je la coupe les larmes me montant aux yeux.

-Quoi ?! Je m'écris en couvrant ma bouche de ma main, non ce n'est pas possible ! À quel hôpital êtes-vous ?

Je l'entends renifler avant de me répondre.

-Northwest, viens vite Anna, je t'en supplie.

-J'arrive.

Et sur ce, je coupe l'appel, je cours mettre mes chaussures et je prends mon sac à main, je ne prends pas la peine de mettre un manteau même si je devrais, je n'ai pas de temps à perdre.

Je ferme mon appartement le cœur battant à la chamade due à cette affreuse nouvelle. Je descends rapidement frapper à la porte de mon voisin lui demander de m'amener et il accepte à la seconde même où je lui demande. La circulation est abominable à cette heure-ci, les gens rentrent chez eux et les avenues sont remplies. On stagne et je perds patience. Je sors de la voiture en m'excusant auprès de mon voisin et je cours en direction de l'hôpital. J'ai beaucoup de chance sur ce point-là, il ne se trouve pas loin de chez-moi, mais je pensais qu'en voiture, on y serait plus rapidement, je me suis bien trompée. Les personnes me regardent, mais je ne m'en occupe pas, je bouscule la foule qui me crient après de faire plus attention. Je vois floue quand j'arrive enfin devant l'hôpital à moitié vêtu. Je n'ai qu'un débardeur et un jogging. J'étais loin d'imaginer qu'il arriverait malheur à Ethan... Que c'est-il passé, comment va-t-il ? Tant de questions me traversent l'esprit quand je vois ses parents. La mère à Ethan me prend dans ses bras immédiatement et son père reste assis fixant le mur blanc en face de lui. Il ne s'en remet pas, il doit être en état de choc. Et je comprends tout à fait, il est très fragile et son âge n'arrange pas les choses. Je vais donc m'asseoir à ses côtés après que Myriam m'ait lâchée et il fond en larmes.

-Oh non ne pleurez pas. Je passe ma main sur son dos, en essayant de le rassurer.

Je dis ça, mais les larmes sont au rendez-vous sur mes joues, coulantes abondamment. Je suis nulle à chier pour réconforter les gens, surtout quand je suis aussi mal qu'eux. Après quelques minutes, je prends Myriam à part et je lui demande ce qui s'est passé mais avant même qu'elle ne parle mon prénom appelé dans mon dos m'oblige à me retourner et je reconnais cette voix immédiatement.

Elijah.

Il s'approche de moi et me prend dans ses bras, en serrant bien sa poigne sur moi, signe de protection et il ne souhaite peut-être pas que j'en sorte.

-Qu'est-ce que tu fais ici Elijah ? Je demande, ne comprenant pas sa présence.

Il me pousse gentiment au bout de quelques secondes après avoir respiré un bon coup.

-C'est moi qui ai retrouvé Ethan inconscient sur le lieu de l'accident. Personne ne s'arrêtait, j'étais le seul, je suis désolé Annabella, je suis sincèrement désolé. Ses yeux me montrent inconsciemment sa sincérité et il semble vraiment touché par ce qu'il se passe.

Je repose ma tête sur son torse sans lui répondre. Il ne cesse de me répéter qu'il est désolé.

-Tu n'as pas à l'être Elijah, tu n'y es pour rien.

Il se retourne et passe ses grandes mains dans ses cheveux avant de souffler à travers les dents ;

-Ce connard s'est cassé en le laissant dans la voiture, putain de merde !

Mon monde tourne à la catastrophe. Je n'arrive pas à croire que tout ceci m'arrive réellement. Je m'assois et je laisse les larmes couler à volonté sur mon visage, si fatigué. Encore hier, j'étais heureuse, pourquoi la vie veut me retirer toute once de joie dans ma malheureuse existence ? Tout d'abord Nate, ensuite Ethan puis qui ? Ma famille, mes amis, ou Elijah. Juste la pensée d'être séparée du peu de personnes qui me reste m'est insupportable.

****

La nuit est très longue. Les parents d'Ethan ont tenu à rester malgré la fatigue régnante entre nous tous.

Elijah est resté aussi. Ma tête repose sur son épaule et mes yeux commencent à se fermer, pourtant, je lutte pour ne pas dormir. Je suis épuisée. Les couloirs sont vides et les quelques infirmières qui passent nous conseillent un café et je laisse mon dégoût pour cette boisson de côté quand on m'en propose un. J'en ai besoin. J'aurais aussi besoin de boire un verre de vodka, ou plusieurs, je ne sais pas, j'ai besoin d'extérioriser toute cette rage en moi, toute la rage que j'ai pour moi. Mais je ne dois plus penser pour moi, mais pour deux à l'heure d'aujourd'hui. Un médecin arrive au bout de quatre heures d'attente, un calepin à la main et un aire sérieux sur son visage.

-Bonsoir, vous êtes la famille de Mr Rogers?

On hoche la tête, tous impatients de savoir l'état d'Ethan.

-Bien. Désolé pour tout ce temps, mais cette opération a été très difficile. Mr Rogers a été sacrement touché par cet accident. Nous avons fait tout notre possible pour qu'il s'en sort malgré hémorragie interne qui a débutée peut de temps avant qu'on ne l'amène ici.

Non, il ne peut pas être mort, ce n'est pas possible. Les parents d'Ethan se mettent à pleurer et à supplier Dieu pour que ce ne soit pas réel.

-Il est mort ? Je prends tout le courage qu'il me reste pour poser cette horrible question.

-Non. Mais il est dans un profond coma dont nous ne sommes pas sûrs qu'il s'en sorte. Les séquelles seraient irréversibles et elles auraient un très gros impact sur sa vie. Il est sous assistance respiratoire.

-À combien de pourcent ? Demande Elijah le visage triste.

Cet homme m'impressionne, il connaissait à peine Ethan, mais il fait preuve d'une immense empathie et je ne peux que le remercier.

-Je dirais, quarante pourcents...

Et les larmes reprirent leur course acharnée sur mes joues. Il ne vivra pas alors, ça veut dire qu'il va mourir... Elijah me prend dans ses bras et il me berce doucement, je ferme les yeux tout en pleurant encore et les voix s'éloignent de moi, je ne peux plus lutter, mon système est épuisé. C'est donc dans ses bras que je m'endors exténuée.

****

Je sens quelqu'un me couvrir d'une couverture. J'ouvre les yeux et je suis dans le noir, mais je peux reconnaître l'odeur d'Elijah.

-Elijah ?

Et sa réponse est rapide.

-Oui, dors ne t'en fait pas Annabella, je te laisse.

Je retiens son bras alors qu'il se détache de moi.

-Non, restes, dors avec moi s'il te plaît, je ne veux pas être seule, je t'en supplie. Une forte douleur m'écrase la poitrine, le chagrin m'engloutit dans ses eaux profondes, et la crainte d'être seule me surprend, une seconde fois.

Je sens un poids écraser le matelas et il se couche à côté de moi.

-Ne pleures par Annabella, il est fort, je suis sûr qu'il s'en sortira et je te fais la promesse de faire courir celui qui à fait ça à Ethan jusqu'en prison. Je te le promets, on lui rendra justice.

Et c'est sur ces mots que je retombe dans les bras de Morphée, la tête sur le torse de l'homme qui m'apaise en ce moment même.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant