Chapitre dix-huit

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Je suis perdue.

Il faut que j'arrête à tout prix de me remettre en question. C'est une très bonne chose, enfin, je pense. Merde, fait chier. Je compte bien me présenter devant lui et essayer de me réconforter à l'idée qu'un jour, il sortira de là.

Nathan m'observe attentivement pendant que je me perds doucement dans mes pensées.

-Je dois aller aux toilettes, je reviens. Il me surprend en interrompant mes pensées.

-D'accord. Je hausse les sourcils et je lui souris.

Il m'accorde un dernier sourire avant d'entrer dans les WC. Je pose ma tête entre mes frêles mains et je souffle un bon coup. Je suis épuisée. Je ferme les yeux histoire de me reposer, mais c'est de courte durée, car une main se pose sur mon épaule m'obligeant à relever la tête pour voir qui est-ce qui cherche à attirer mon attention.

-Vous allez bien ? La douce voix d'Augustus me tire de ma rêverie.

Pour tout vous dire, je suis très surprise. Je pensais que c'était Nathan, mais non.

Il fronce les sourcils sûrement à cause du temps que je mets à lui répondre.

-Oui,bien sûr. Merci. Je me redresse et je le côtoie avec admiration. Sa beauté ne cesse de me surprendre.

-Vous ne buvez pas ? Il pointe du menton ma tasse.

Sa question me surprend aussi. Je me rends compte seulement maintenant que je n'ai pas encore touché à mon chocolat.

-Oh. Je jette mes yeux dans les siens et je reste plantée là à le regarder.

-Voulez-vous que je le réchauffe ?

-Je veux bien. J'esquisse un demi-sourire, légèrement gênée alors que je ne devrais pas l'être.

Il prend ma tasse en prenant soin d'effleurer ma main ce qui me procure immédiatement des frissons le long de mon échine. Ce garçon me fait de l'effet. Je ne peux pas le cacher. Et je pense qu'il le sait. Il repart d'un pas nonchalant et la porte du WC s'ouvre enfin laissant paraître Nathan.

-Excusez-moi. Il semble gêné sûrement à cause du temps qu'il a mis.

-Ce n'est rien.

Il baisse les yeux vers l'endroit où se trouvait il y a quelques secondes ma tasse et il fronce les sourcils en relevant la tête.

-Où est votre tasse ?

A ce moment même Augustus revient avec celle-ci. Beaucoup d'attentions lui sont accordées. C'est vrai qu'il en fait baver plus d'une. Il pose gentiment ma tasse devant moi en me souriant. Il faut que j'arrête de le regarder comme ça, sinon il risque de trop prendre la confiance... Je le remercie d'un signe de tête et je décide de boire, enfin. Je fais doucement pour ne pas me brûler et Nathan ne fait que me regarder. J'ai fait quelque chose de mal ?

-Vous êtes très jolie, souffle-t-il de sa voix roque.

A-t-il vraiment dit ça ?

Je crois rêver.

Ma déesse intérieure se réveille directement et saute partout en tapant des mains comme une gamine, oui une grosse gamine.

Je sens mes joues chauffer ainsi que mes oreilles. Je dois être rouge comme une tomate. Je suis très gênée quand on me complimente. Et je ne suis jamais d'accord avec ce que l'on me dit.

Je trouve que c'est stupide de complimenter, du moins quand c'est à mon égard. Vous devez vous dire que je suis pessimiste à toujours penser que tout est mauvais, mais je suis comme ça et je ne peux rien y faire.
Je reste plusieurs secondes à le regarder les yeux grands ouverts.

-Je hum...

Il rit fort avant de prendre la parole.

-Vous pouvez juste me dire merci, vous savez... Son sourire révèle ses fossettes que je trouve particulièrement très belles.

C'est un très bel homme, je vous l'avoue encore une fois est tout comme le serveur, il attire les regards des femmes qui n'hésitent pas une seconde pour le relooker. Je les comprends tout à fait.

-Merci. Je croise les bras sur ma poitrine et je m'enfonce dans ma chaise pour boire le contenu de ma tasse.

****

Il est presque vingt heures quand Nathan m'informe qu'il doit partir. Nous sommes vraiment resté longtemps à parler.

-On se voit demain ?

Demain, demain, demain...Demain, je vais revoir Nate.

-Oui.

Il se lève et je fais de même. Il me regarde du haut de ses vingt centimètres de plus que moi, toujours le sourire collé aux lèvres. Il est craquant comme ça. Vraiment craquant. Il ne me lâche pas des yeux. Et on reste plantés là comme deux imbéciles et je trouve ça plutôt marrant.

Je coupe notre jeu au bout de quelques minutes en lâchant un petit rire.

-Je vais payer, Je décide sans lui laisser le temps de dire un mot.

Il rit encore une fois et je me déplace vers le comptoir pour régler l'addition.

Je suis déçue quand je vois une dame qui doit sûrement avoir la soixantaine se diriger vers moi un énorme sourire aux lévres. Je ne me démoralise pas et je lui rends le sourire. Je paie et elle me remercie d'être venue, tout en me précisant de revenir rapidement, ils seront ravis de m'accueillir une seconde fois.

Et bla bla bla.

Je reste devant elle pendant une bonne dizaine de minutes.

-Je suis désolée, mais mon...

Je suis coupée par Nathan qui place ses mains autour de ma taille et qui dépose un baiser dans mon cou.

Je ne bouge pas, paralysée par ce geste.

-Désolé, je dois vous emprunter ma fiancée, nous sommes très pressés, nous devons nous rendre à un dîner de famille à Portland.

Je sens qu'il sourit tout en articulant chaque mot.

-Oh ! Je vous souhaite une merveilleuse vie à tous les deux!

Et sur ce, elle s'éclipse dans l'arrière du bar tout en souriant encore, et encore.

Je ris quand Nathan me lâche enfin. Je dois encore être rouge et je suis énormément gênée.

-Merci beaucoup, j'ai cru que je ne m'en sortirais pas.

-Pas de quoi, ce fut un réel plaisir.

Toujours avec son sourire en coin, il me propose de me déposer chez moi, car la nuit a déjà gagné Seattle. Je ne comprends pas ce temps, définitivement pas. J'accepte volontiers en serrant mon pull sur mon corps en espérant que ça me réchauffe, mais en vain.
Nathan possède une Range Rover Sport blanche comme une feuille de papier. Elle est très luxueuse et je me sens directement mal à l'aise d'être dans une si belle voiture. Je n'ai jamais possédé quelque chose de luxueux et ça ne m'intéresse pas particulièrement. Je ne suis pas une fille qui veut le meilleur et être au-dessus de tout le monde.

Seattle est une ville merveilleuse d'autant plus la nuit, quand tout est éclairé. J'adore vivre ici.

Et Nathan ne se prive pas de me garder encore un peu puisqu'il me fait faire le tour de la ville par le périphérique. Toutes ces lumières m'éblouissent et je suis émerveillée. Une demie-heure plus tard, il se gare enfin en bas de mon immeuble.

-Vous habitez donc ici? Je n'étais jamais venue dans ce quartier et je trouve ça dommage, c'est ravissant. Je peux voir que ses yeux me fixent avec insistance, même dans le noir.

-C'est très paisible et je m'y sens très bien.

-Je comprends tout à fait.

Un silence s'installe. Mais pas un silence gênant, non un silence apaisant qui vous relaxe en tout points.

-C'est vraiment agréable de parler avec vous Annabella, vous êtes une personne très charmante et j'espère que l'on pourra se revoir ainsi.

Ses mots me touchent, oui, il m'en faut peut, mais c'est gentil de sa part.

-Merci beaucoup, à demain ? Je souris dans la pénombre, mais je suis sûr qu'il peut me voir tout comme moi, je peux le voir.

-À demain.

Je sors de l'habitacle et je remue la main délicatement et discrètement dans sa direction avant d'entrer dans la cage d'escalier. J'entends la voiture démarrer et s'éloigner laissant le calme reprendre le dessus sur le quartier. Je suis fatiguée donc je me dépêche de rentrer dans mon appartement. Le parfum d'Ethan enivre mes narines. Avec toutes ces nouvelles, je l'ai oublié. J'avance doucement sur la pointe des pieds en espérant qu'il dorme et mes souhaits sont exaucés.

Je le retrouve là, assoupis sur le canapé, la bouche ouverte émettant un doux son me prouvant qu'il est dans un profond sommeil. Je file donc sous la douche sans faire de bruits. L'eau chaude coule sur mon corps. Ça me procure un bien fou. Quand j'ai fini, j'enfile un pyjama douillet et je rentre dans mon lit. Les draps sont frais et j'aime beaucoup la sensation que cela me procure. Je n'ai pas faim, à vrai dire, j'ai l'estomac noué, car je ne cesse de me répéter que demain, je le reverrais enfin.

Je trouve le sommeil rapidement, les fines lumières éclairent la pièce, tout en me berçant.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant