Chapitre vingt-cinq

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Le vent de la froideur de la nuit qui couvre l'Amérique caresse mes cheveux ainsi que mon visage. Les bras serrant la taille d'Elijah, je regarde la route défiler à toute vitesse. Nous roulons depuis deux heures maintenant et je me réjouis d'avoir tout l'équipement pour voyager en moto, car je ne sais pas ce que je ferais sans. Bon le blouson de protection m'est beaucoup trop grand, mais il me tient très chaud. Les lumières éclairent chaudement les villes que nous traversons. Nous sommes sur une autoroute et il doit être un peu plus de vingt heures trente quand nous nous arrêtons enfin sur une aire de repos bondée. Une fois garée, je retire rapidement mon casque ne voulant pas qu'on me voit avec, je dois ressembler à un poisson dans un aquarium là-dedans, il me reste un minimum de dignité malgré tout.

-Tu te sens comment ? Me surprend Elijah de sa forte voix.

Je me tourne vers lui après m'être arrangé, enfin, je pensais m'être arrangé, jusqu'au moment où il pose sa main sur ma joue avant de la remonter et me mettre une mèche derrière l'oreille, je lève la mienne pour la poser sur la sienne et il caresse circulairement ma joue avec son pouce.

-Tu es froide, viens, on rentre.

Il prend ma main et m'attire à l'intérieur du petit restaurant de route qui à l'air très cosy. Les néons rouges éclairent le devant du bâtiment et ça donne une merveilleuse envie d'y rentrer. Quand on est à l'intérieur, une vague de chaleur et de bonne odeur de nourriture s'écrase sur moi. Je hume cette si bonne odeur tendis qu'Elijah m'entraîne vers une table où nous attend déjà une serveuse qui fait, bien sûr, les yeux doux à ce dernier. Il ne la laisse pas indifférente et je ne peux retenir l'once de jalousie qui se pointe en moi, je resserre donc ma poigne sur le bras à celui-ci et elle me jette un regard désolé avant de nous demander notre commande. Mon ventre ne cesse de gargouiller alors je demande un hamburger accompagné de frites. Je ne fais pas vraiment attention à la commande que passe Elijah, car mes yeux sont attirés par deux hommes en dehors du restaurant.

Je suis sûr de les avoir déjà vus quelque part, leur visage me dit quelque chose, mais je ne sais d'où et la curiosité s'élève en moi. La voix d'e mon compagnon me tire de mes pensées, encore une fois pour me demander ce que je regarde aussi attentivement.

-Oh rien d'intéressant, je change de sujet en me concentrant sur lui, où allons-nous ?

-Tu vas bientôt le découvrir. Son sourire en coin, devenu si typique chez lui, refait surface.

-Nous sommes encore loin ?

La serveuse revient et pose nos plats avant de repartir aussitôt.

-Je crains que tu l'aies effrayé tout à l'heure, rit-il en attaquant son repas.

-Pourtant, je n'ai rien fait pour, dis-je en attaquant le miens, mais ça ne répond pas à ma question. Je reprend la bouche à moitié pleine ce qui le fait rire de plus belle.

Quelques regards se tournent vers nous tendis que nous rions comme des enfants, innocents ensemble. Je mange avec appétit en attendant qu'il me réponde. Il prend la parole cinq minutes après.

-Nous allons prendre l'avion, mais à Sacramento, il nous reste encore environ quatre heures de route donc nous dormirons dans le motel d'à côté que je connais très bien et je suis sûr que ça te plaira.

-Quoi ? Ma voix monte dans les aigus, en attirant une nouvelle fois les regards sur nous.

Elijah pose ses mains sur les miennes et rit doucement.

-Ne t'en fais Annabella, que ce passe-t-il ?

Je fronce les sourcils tout en lui répondant,

-Mais je ne peux pas partir aussi loin ! Mon meilleur ami est dans un coma extrêmement profond, je dois être avec lui en ce moment, je dois l'accompagner dans l'enfer qu'il vit et toi, tu m'amènes je ne sais où, en plus de ça, je n'ai rien pris en affaire de rechange, j'ai besoin de me doucher et j'ai des médicaments à prendre pour ma... Je m'arrête craignant de parler de mon bébé avec lui. Ses sourcils sont froncés aussi et il me regarde profondément.

-Je suis désolé si je t'ai tant offensé Annabella, mais je pensais que ça te ferait plaisir de partir un petit bout de temps de Seattle, cette ville où tu renfermes tous tes secrets, parle-moi de ton bébé, n'ai pas peur, jamais je ne te laisserais tomber pour ça ! Il a tout chuchoté avant de se lever de la table, s'essuyer la bouche et sortir du bâtiment me laissant seule, clouée à la chaise.

Je répète son geste et je le rejoins dehors après avoir payé l'addition avec le peu d'argent que j'ai emporté avec moi. Je le retrouve face au motel, parlant à un homme portant une veste verte fluorescente qui ne passe pas inaperçue. Je m'adosse à un mur en crépis blanc et je le regarde, il me jette quelque regards, mais rien de plus, je sens une tension et je n'aime pas ça. L'homme lui tend une clef de la même couleur que son gilet avant de le saluer et de reprendre son chemin vers la loge. Tant de questions me traversent l'esprit, est-ce que je dois tout lui avouer et voir comment serait sa réaction ? Je ne sais plus quoi faire...

Non hors de question, c'est ton secret, et personne ne doit le savoir, tu dois protéger Nate.

Tendis que je continue à me remettre en question, celui-ci me coupe en me fonçant dessus, me bloquant contre le mur doucement et il approche son visage du mien, je baisse la tête, mais il claque sa langue contre ses dents, signe de désaccord avec mon geste,

je relève donc mon regard vers le siens, son souffle chaud chatouille mes lèvres et me désire. Ses lèvres frôlent les miennes impatiemment, envieusement.

-Elijah... Son prénom se fait petit sortant de ma bouche.

-Oh Annabella, qu'est-ce que tu me fais ?

Ses mots me rappelèrent ceux de Nate la première fois qu'il m'a embrassé, lui aussi, à croire que je suis extraordinaire à en faire tourner la tête. Il pose rapidement ses lèvres sur les miennes et j'enroule mes jambes autour de sa taille en m'accrochant du mieux que je peux à son cou tendis qu'il se dirige vers notre chambre.

Quand il réussit à entrer la clef dans la serrure, il se précipite rapidement à l'intérieur puis ferme la porte derrière nous, toujours en m'embrassant. Je passe mes mains dans ses cheveux si doux au toucher. Ses lèvres ont un goût mentholé et elles sont très fraîches à cause du froid dehors.

Si seulement je pouvais l'embrasser plus longtemps, mais il me pose sur le lit et il allume la lampe de chevet qui éclaire chaleureusement la chambre de sa lumière dorée tel des étoiles un soir d'été, coupant notre baiser si langoureux et doux. Il s'allonge à côté de moi et fixe le plafond, je fais de même.

-Je te ramène demain Annabella, si c'est ce que tu souhaites... Sa voix est faible sûrement à cause de la fatigue accumulée tout le long de la journée.

Je me blottis contre lui et je pose ma tête sur son torse comme j'aime tant faire. Il passe son bras autour de mes épaules et nous restons allongés, tous les deux, perdue dans ce drôle de sentiment qui nous engloutie.

-Non, je veux rester près de toi Elijah.

Et sur ces paroles, je tombe doucement dans un lourd sommeil, comme tant de fois.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant