Chapitre seize

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J'ai passé toute la matinée à pleurer dans mon lit. La pièce est sombre à cause des volets qui empêchent la lumière de rentrer. Je me sens vide de touts sentiments. Je suis vide. Ethan a plusieurs fois ouvert la porte pour vérifier si j'étais encore en vie. Il doit croire que j'ai des envies suicidaires et il a bien raison. Mais je ne le ferrais pas, la seule raison qui me retient de faire cet acte irréversible est, bien sûr, Nate. Vous allez croire que je suis égoïste, car je ne pense qu'à la personne que j'aime d'amour, enfin, je pense l'aimer, je n'ai jamais ressenti un tel sentiment. C'est si fort, si puissant, ça peut vous anéantir en quelques secondes. Je déteste être autant vulnérable. Je me déteste, j'aurais dû rester avec lui, pourquoi je suis partie ? Je me demande comment il peut se sentir en ce moment. Est-ce qu'il a pleuré ? Est-ce qu'il est triste ? Est-ce qu'il m'en veut d'être parti aussi rapidement ? Tant de questions me traversent l'esprit, c'est la seule chose qui me distrait de cette effroyable douleur qui persiste dans ma poitrine depuis maintenant un jour.

La porte s'ouvre une énième fois et cette fois-ci, un poids écrase le matelas.

-Tu vas bien ? Tu n'as fait que pleurer toute la matinée, je t'ai entendue, tu sais... Il pose sa main si réconfortante sur mon épaule pour me faire tourner vers lui et je n'ai même pas la force de lutter alors je me laisse aller encore une fois.

Je craque comme tant de fois, je commence à prendre l'habitude.

-Oh non, Annie ne pleure pas, je t'en pris...

Annie...C'est le surnom qu'il me donne quand je ne vais vraiment pas bien, il m'a toujours fait rire, et même dans cette situation, il réussit à m'arracher un sourire, le premier depuis que je suis partie.

Il semble fier, car il sourit lui aussi avant de déposer un baiser dans mes cheveux comme il a l'habitude de faire. Je m'accroche à ses bras musclés et je plante ma tête dans son cou.

-Merci Ethan. Je ne peux dire que c'est quelques mots, beaucoup trop anéantie.

Il soupire avant de prendre la parole.

-Ne me dis pas merci si tu n'es pas bien, qu'est-ce qui se passe ?

Je lève la tête vers lui. Il est mon meilleur ami, je ne peux pas lui cacher, je sais qu'il ne dira rien, je le connais mieux que n'importe qui. Mon ventre me fit mal juste avant que je ne lui dise.

-Aïe. Je gémis brusquement.

Il fronce les sourcils alors que je me redresse d'un seul coup en tenant mon ventre. J'ai un peu grossi, mais à peine, j'ai beaucoup mangé ces temps-ci. Je ne peux pas être enceinte. Non, je dois juste avoir faim ou alors j'ai mangé quelque chose de mauvais.

- Tu as mal ?

Je hoche la tête et je balance mes jambes par-dessus le lit pour les poser sur la moquette blanche de ma chambre.

-J'ai faim. Je déclare pour essayer de le distraire.

Je n'ai pas du tout faim, vraiment pas. Je vais quand même à la cuisine et je sors une boite de céréales d'un placard pour m'en verser dans un bol. Ethan est sur mes pas et guette tous les mouvements que je fais. J'entends vaguement la télé et je n'y prête pas vraiment attention jusqu'à ce que j'entende ce que je regrettais d'entendre.

Je laisse tomber mon bol plein de lait et de céréales sur le carrelage et j'accours au salon le cœur battant à la chamade. J'écoute attentivement la voix de ce jeune journaliste aux yeux noirs, comme ceux de Nate.

- Le dernier membre faisant partit du groupe auteurs de plusieurs cambriolages et du kidnapping de la jeune Annabella Smith à été arrêté il y a quelques minutes à son domicile fixe. Nous en saurons plus sur l'enquête d'ici quelques minutes.

En arrière-plan, je reconnais l'immeuble où il loge. Et je comprend qu'ils l'ont dénoncé.

- NON ! Je cris et je m'écroule au sol, les mains sur ma poitrine le ventre noué, la respiration coupée.

Non, non, non, NON ! Ce n'est pas possible, nom de Dieu non, je vous en supplie faites que ce ne soit qu'un mauvais rêve et que je me réveille dans quelques secondes, mais rien de cela ne se produit. Je ne rêve pas, je suis toujours là, dans ce cauchemar. La télé diffuse encore les informations, Ethan est accroupi à mes côtés ne cessant pas de me demander qu'est-ce qui se passe, mais je ne lui prête pas attention, je regarde cet écran.

Je n'y crois pas, je refuse d'y croire. Je reste là, je ne sais combien de temps, ne bougeant pas, à attendre. Jusqu'au moment où la porte de l'immeuble s'ouvre et qu'une tonne de journalistes se précipite jusqu'à celle-ci.
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C'est lui, entouré de plusieurs agents de police, il est menotté. Son regard est impassible, je ne peux pas voir ses sentiments, ce qu'il ressent en ce moment même. Je ne peux pas rester plus longtemps devant cette télé. Je me lève et je me précipite en dehors de mon appartement. Je suis pieds nues, en short et débardeur et tous les regards sont rivés vers moi, mais je m'en fiche bordel non, Nate !

Je sais qu'Ethan n'est pas loin derrière moi, mais je m'en fous aussi. Je cours aussi vite que je le peux, je ne m'arrête pas, je ne fais que courir vers lui en espérant arriver à temps. Je bouscule les gens, ils se retournent sous mon passage, ils ont l'air très surpris. Il n'y a pas trop de monde pour un mardi matin à Seattle, c'est comme si Dieu m'ouvrait une voie qui mène directement à lui et je le remercie pour cela.

J'y suis presque, j'entends Ethan crier mon nom à quelques mètres derrière moi, mais je ne m'arrête pas. Je refuse de lâcher prise. Au bout d'à peine, deux minutes de course acharnée, j'arrive enfin devant chez lui et la foule de paparazzis y sont, je vois la voiture de police s'en aller alors je continue de courir. J'ai les pieds déchirés, mais la douleur n'est pas comparable à celle de cette séparation brutale. Toutes les caméras se tournent vers moi, mais je reste fixée sur mon seul objectif ; rattraper cette putain de voiture. Je suis à quelques mètres de celle-ci et je peux voir à l'arrière trois têtes et notamment celle du milieu. C'est Nate. Ils me regardent. Il a les yeux grands ouverts et je continue ma course déchirante. Je pleure dorénavant, je ne peux retenir mes larmes en le voyant. Je sais qu'ils vont comprendre, mais c'est le cadet de mes soucis en ce moment même. Je rattrape donc les quelques mètres qui nous séparent et j'arrive à la fenêtre droite de la voiture. Je tape dessus. Il est là, juste devant moi. Je ne peux pas le laisser partir, non il m'est impossible de faire ça. Il jette un regard au feu qui passe au vert. Il mime un "Je t'aime" et la voiture redémarre. Ils l'emmènent et je ne peux rien y faire.

Ethan m'attrape la taille, avant que je ne m'écroule et il me soulève pour de se mettre à courir dans une direction pour semer les caméras.

Et à partir de ce moment-là, tout autour de moi tombe en miettes.

Je ne suis plus rien sans lui.

Innocence -TomeI-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant