Chapitre 6 - partie 4

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Vilfrid apparut alors devant elle, un poignard à la main et couvert de sang. Des cris de rage résonnèrent dans le tunnel derrière lui, il était pris en chasse par les Moeth. L'homme s'arrêta à la hauteur de la chasseuse et reprit son souffle.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Sighild.

— Ils m'ont attaqué, je n'ai fait que me défendre.

Aussi loin que s'en souvienne Sighild, Vilfrid n'avait jamais su mentir. L'intonation qu'il prenait dans ces moments-là n'était jamais la bonne, ce qui trahissait toujours sa menterie.

— Tu n'es pas assez fort pour échapper aux singes, lâcha-t-elle.

— C'est vrai.

Il se redressa de toute sa hauteur tout en la toisant sans émotion.

— Tu les as attaqués ? comprit Sighild. Pourquoi ?

— Pour qu'ils me suivent, répondit-il. Il faudra bien que je justifie ta mort à ton père.

Elle n'eut pas le temps de comprendre tout le sous-entendu de sa phrase que la lame du poignard s'était déjà enfoncée dans son abdomen. Sighild poussa un râle sourd dès que Vilfrid retira l'arme de son corps. La jeune femme porta ses mains à la plaie dans l'espoir d'arrêter l'hémorragie mais rien n'y faisait, le sang tachait ses vêtements.

— Je tiens autant à ma liberté qu'au respect, « ma douce ». Pour avoir les deux, il me suffit simplement de te tuer. J'aurais aimé que la montagne se charge de toi mais je savais que tu en réchapperais avec l'aide d'Eivind. Alors je vous ai suivis et j'ai attendu jusqu'à ce que tu me donnes la meilleure opportunité.

En disant cela, Vilfrid poussa la chasseuse qui s'écroula par terre, incapable de se relever ou de parler.

— Ne t'inquiète pas, je dirai à tout le village que tu es morte avec bravoure. Adieu.

Sarcastique, il lui adressa un signe de la main et s'en alla avant que les singes n'arrivent, la laissant agoniser sur cette neige souillée de rouge.

Le froid se fit plus mordant. Sighild n'avait même pas la force de se tordre de douleur. Elle voulut appeler Eivind mais n'y arriva pas. Elle pria pour qu'il revienne, pour qu'il désobéisse à ses ordres, pour qu'il la prenne dans ses bras et la réchauffe car elle avait froid, tellement froid.

Mais c'était trop tard. Pour tout.

Les années passées à détester le pisteur parce qu'il n'était pas d'ici n'avaient été que du temps perdu et une protection face à un homme qui l'avait toujours intriguée, fascinée.

La neige se mit à tomber, captant toute l'attention et les pensées de la mourante. Lents, élégants et gracieux, les flocons ramenèrent la paix dans le cœur de la jeune femme.

Elle ferma les yeux.


Au pied du plateau, Signe s'arrêta net. Ses oreilles pivotèrent puis elle tourna la tête vers les montagnes.

— Nous devons continuer, lui rappela Elfi.

— Non, répondit l'irbis. Je n'ai plus rien à faire ici.

Sans un mot de plus, elle s'en alla.

Ses pattes s'enfonçaient à peine dans la neige tant elle se pressait. Les montagnes n'étaient pas loin mais elle devait se dépêcher. À son cou, la lumière du sceau qui la liait à Sighild n'était pas encore éteinte.


Fin du Livre 1

Livre 1 - SighildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant