Les règlements de compte ont un goût salé

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Ce chapitre est dédié au camping  m'ayant inspiré « Les Flots Bleus », où j'ai passé de bons étés...

Il avait bien évidemment fallu que ça tourne au vinaigre. Parce que sinon, ce n'est vraiment pas drôle.

En retournant vers les autres après nos échanges de salive avec Lorenzo, on nous avait jeté quelques petits regards chargés de sous-entendus. Tous sauf un, où j'avais plus ou moins l'impression qu'on cherchait à m'assassiner : celui de Camille, la blonde.

J'avais alors compris que mademoiselle en pinçait un peu pour mon... euh... pour Lorenzo. Heureusement, elle n'avait pas cherché à jouer les troubles fête, et notre soirée avait repris de plus belle, sans aucune autre « altercation du regard ». Et je croyais stupidement que c'était la fin de mes soucis.

Nous étions rentrées légèrement en avance, histoire de montrer à mes grands-parents que nous étions de grandes filles, bientôt femmes, responsables. Mais c'était sans compter sur Elsa qui était à moitié ivre. Pour impressionner son Louis qu'elle avait –heureusement pour nous- embrassé juste avant de s'en aller. Il avait fallu que Rebecca et moi la tenions chacune par un bras pour pouvoir avancer, toutes effrayées à l'idée que ses gloussements débiles et ses propos complètement à l'ouest ne réveillent mes grands-parents.

Lola avait alors eu l'idée d'aller chercher avec Gaëlle toutes nos affaires de toilettes et nos pyjamas, afin d'amener Elsa aux toilettes, le plus discrètement possible.

Et lorsque les deux filles étaient revenues, croulant sous les trousses et les vêtements de nuit, elles nous avaient expliqué comment elles avaient dû mentir à mon grand-père qui nous attendait de pied ferme, en racontant que pour réveiller personne, nous avions seulement envoyé deux personnes prendre nos affaires.

Excuse qui, je l'avais tout de suite devinée, allée me retomber dessus. Et je n'ai jamais été aussi perspicace, car le lendemain, le regard inquisiteur de l'ancien gendarme vint me confirmer que j'allais avoir des ennuis.

Il m'avait pris à part et commencé par me poser quelques questions. J'avais décidé de jouer les cartes de la franchise, sauf si cela pouvait avoir une incidence sur mes amies... ou sur moi-même.

-Alors oui papi, hier, il y avait quelques bières qui circulaient, j'en ai à peine bu une. On a passé du bon temps, c'était super, d'autres jeunes que les trois garçons connaissaient se sont joints à nous, ça a chanté, discuté... Pour certains bécoté aussi, mais on est jeunes hein ! Bref, c'était cool.

Il s'était alors penché vers moi et la lueur de ses yeux, ainsi que la dureté de ses mots m'avaient fait comprendre que j'avais intérêt d'être bien plus sincère que maintenant.

-Alors explique-moi pourquoi ce n'est pas toi qui es venue me prévenir de votre retour...

J'avais malheureusement compris ses insinuations et m'étais sentie aussitôt offensée par de telles accusations. Dans ma famille, je dois bien être la seule suicidaire à oser répondre ainsi à mon grand-père, mais je m'en étais éperdument fichue sur le coup.

-Traite moi d'ivrogne tant que tu y es ! Non mais ça va pas ! Tu crois vraiment que je vais me balader complètement bourrée au milieu du camping, non loin de ma famille en plus ? Je veux bien n'être pas mâture, irresponsable, gamine et j'en passe. Mais je suis loin d'être une abrutie si tu veux savoir.

Après ce brusque excès de colère, je m'étais sentie devenir cramoisie et j'avais dévié le regard, les yeux noyés de larmes. J'avais la terrible impression de n'être qu'une enfant insolente. Une main s'était fermement posée sur mon épaule.

-Qui alors ?

-Elsa.

Je m'étais sentie très lâche, mais le prénom s'était échappé tout seul. Comme pour prouver que j'étais bien innocente, pour ne pas ternir l'image déjà douteuse qu'on pouvait avoir de moi.

Apple SunshineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant