Le Vent du Désert Soufflait ce Matin là....

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HAKIM P3

Un bruit aigu me transperce les tympans, ma voiture se soulève et retombe violemment au sol ! Hébété, j'ouvre la portière, devant moi un énorme cratère, il n'y a plus de rue, plus de maisons ! Mes oreilles résonnent encore, je regarde autour de moi, à travers la fumée, tout n'est que désolation... En titubant je me fraie un passage au milieu des décombres. Dans ma tête un leitmotiv : retrouver la maison, retrouver ma famille. Encore un angle de rue et j'y suis ! Je la vois, elle est debout, merci Seigneur, enfin je pousse la porte de bois, tout est au sol, les meubles, les bibelots, j'appelle ! JE CRIE :

-Khadija, Maryam , où êtes-vous ?

Un gémissement me répond, c'est la cuisine, je me précipite, la desserte est tombée et dessous, il y a ma femme.

-Ma chérie, ne bouge pas, je vais te sortir de là !

Ma force décuplée par la peur, je soulève le meuble, bon sang qu'il est lourd !

-Ma chérie, essaye de te glisser jusqu'à moi !

Ma courageuse petite montagnarde, elle m'obéit et doucement sort. Je relâche ce foutu meuble et enfin m'accroupis à côté d'elle. Je ne suis pas médecin, mais à priori elle n'a rien, enfin, rien de grave ! Elle m'attrape la main, et murmure :

-Les enfants, où sont les enfants ?

Je cris leurs prénoms, mais pas de réponse, j'aide Khadija à s'assoir, et lui donne un verre d'eau. Elle me regarde ses grands yeux pleins de larmes.

-Ils ne sont pas rentrés, Hakim, il faut les trouver ! Elle me raconte ce dont elle se souvient, l'appel de l'école, le départ de Maryam et ça !

-Vas-y Hakim, vas-y trouve les, je t'en supplie mon amour, ramène nos enfants à la maison !

-Khadija je ne veux pas te laisser là, et s'il y avait encore des bombes.

Son regard s'emplit d'effroi :

- Des bombes ! Tu veux dire que c'est la guerre. J'opine sans un mot, nos yeux parlent pour nous. Je la serre dans mes bras, j'ai tellement peur de la laisser seule, mais elle me repousse et me dit :

-Va mon amour, va, ne t'en fais pas pour moi !

Je lui lance un dernier regard et lui obéis. Je pense enfin à sortir mon portable, le numéro de l'école, vite ! Ça sonne, encore et encore, dans le vide...Alors je me remets à courir, le téléphone à la main, je cours...

Je ne reconnais pas mon quartier, les trottoirs sont éventrés, les rues impraticables. Je constate que tous n'ont pas eu la chance d'être épargnés, des amas de gravats remplacent les villas ! Dans une cacophonie de hurlements, de pleurs, de sirènes, j'avance tant bien que mal ! L'école n'est plus très loin, ça y, j'y suis ! Mon Dieu, où est-elle ? Il n'y a plus d'école, juste des ruines...

Des mères, des passants, errent dans les amas fumants de ce qui fut un lieu de savoir pour nos enfants ! Je suis KO, les bras ballants, je les regarde, incapable de faire un geste. Mon cerveau se refuse à assimiler l'horreur...

Une de nos voisines, le visage ensanglanté me secoue le bras et je fini par réaliser. Je me joins à tous ceux qui forment une chaine humaine pour tenter de trouver des survivants, en attendant les secours ! A mains nues nous soulevons les poutrelles d'acier, les briques, ce qui ressemble à des cadres de portes et de fenêtres. Nous appelons sans cesse, nous crions les noms de nos enfants, le silence nous répond...

Le Vent Du Désert Soufflait Ce Matin Là.... Sous contrat d'édition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant