Un 24 décembre se résumait chez moi à passer un Noël ordinaire avec des tonnes de lumières clignotantes. 17 heures, tout le monde dans la bâtisse devait sûrement préparer le buffet du réveillon, avec les merveilleux bonhommes de pain d'épice et l'agréable dinde croustillante.
Je balayai du doigt la fine couche de poussière qui recouvrait chaque centimètre de mon pare-brise. Dehors il faisait froid et blotti dans ma couverture, je me calai dans mon siège avant.
Ma fugue ne se passait pas trop mal, j'étais dans une ville inconnue à 900 km de ma ville natale. Et j'adorais ça. Un Noël seul avec moi-même au milieu de nulle part, j'en avais toujours rêvé. Je poursuivais ainsi mon plus grand rêve, filer dans un état où le mariage gay était plausible et flirter avec le plus grand nombre de gars possibles. Être libre d'être soi était une quête à accomplir et m'épanouir dans mon homosexualité n'était qu'une simple étape à franchir.
Il commençait à faire nuit et ma couverture ne me suffisait plus. Ma clim ne produisait pas de la chaleur et je dus remettre mon manteau, qui restait trop serré au niveau des épaules. C'était désagréable.
Mes chaussettes puaient, je le sentais venir ce mauvais coup. Des chaussettes puantes dans un espace fermé pour Noël y avait vraiment rien de pire, et c'est ce que je vivais. Ma dernière douche remontait maintenant à deux jours et mes peaux mortes commençaient à me gratter. J'avais envie de déo aussi, j'aimais bien l'odeur.
Le parking ouvert où j'avais garé ma vieille Toyota, puait le vide, personne en vue. Je me sentais étrangement seul. L'année dernière, j'avais passé un Noël confortable, dans mon canapé avec des bouteilles de tequila dans les mains. J'avais embrassé en secret Hippo ce soir-là, un gars à la peau basané particulièrement baraqué faisant parti du club d'échecs du bahut. C'était pas mal. Mais je l'ai rencontré quelques jours plus tard.
« Yann Stanivost était un crevard. Et tomber amoureux de lui fut la pire erreur de ma vie. » Me répétai-je en claquant presque des dents.
Stanivost était un nom à bannir, un sacré dégonflé. Qu'est-ce qui m'avait pris de croire en lui ? Sincèrement, j'avais été pitoyable. Je devrais arrêter de penser à lui, ça allait me nuire un jour ou l'autre.
Je fixais le lampadaire où étaient accrochés quelques panneaux rouges, ça disait « 1,90m », la voiture ne devait pas dépasser cette hauteur. Je conclus que je m'ennuyai car m'attarder sur des trucs dans le genre était désespéré chez moi. La lumière jaune était assez aveuglante mais je la fixais du mieux que je pouvais essayant d'oublier les boucles brunes de ce mec parfaitement bien conçu.
Puis le noir complet. Les lampes autour du parking s'éteignirent toutes soudainement, et je restai là pétrifié sur place, seul dans ma voiture. Sortir était une mauvaise idée, un pas dehors et je me faisais défoncer par des vampires assoiffés de sang, endormis pendant un siècle avec des dagues dans le cœur.
Je matais trop de séries en général. Je devenais ainsi parano, fallait que ça cesse.
Note à moi-même n°1 : Arrêter de suivre les épisodes de The Vampire Diaries même si Ian Somerhalder a un cul parfait.
Je sortis quand même, allumant mon briquet par la même occasion. Cette source de lumière équivalait à presque rien et je m'obligeais à allumer mon portable, plus de batterie.
Je touchai à tâtons la carrosserie de ma voiture. Mes paumes rencontrèrent mes phares et je me rendis compte que j'étais vraiment un génie. Je me dirigeai vers ma portière et cherchai mes clefs dans mes poches arrières. Elles étaient tombées par terre.
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