Ne vous fiez pas aux apparences...

Chapitre 23

Il vit bien vite le visage de l'adolescente se décomposer suite à ses mots et bientôt le seul bruit perceptible dans les alentours se trouvait être les chuchotements des individus présents, devenus spectateurs. Agacé par ces bruits insupportables et la tension qu'ils créaient, il se tourna d'un coup sec face à cette foule et déclara d'une voix menaçante:
   "-Qu'est-ce que vous avez vous hein ? Il n'y a rien à voir ici alors dégagez! "
Probablement effrayées par le jeune homme, toutes ces personnes quittèrent rapidement les lieux ne se risquant plus à jeter un coup d'oeil vers lui. Une fois tout le monde disparut, il se tourna vers Lou qui n'avait toujours pas bougé. Alors qu'il s'apprêtait à parler elle le prit par surprise en déclarant d'une voix pleine de reproches:
   "-C'est quoi cette histoire de rumeurs ?
    -Et bien disons que beaucoup de choses sont dites sur moi dans cette ville.
    -Par exemple ?
    -On ne pourrait pas en parler plus tard ?
    -Non! Après tu vas encore te défiler lorsque je te demanderai de m'expliquer, je veux savoir maintenant.
    -Putain... En gros, on dit surtout que j'ai tué beaucoup de gens. Pour des histoires d'argents, de drogues, parce que j'étais bourré, parce qu'on m'a énervé, je pense même que certains disent que c'est à cause d'une histoire de baise. Pour résumer, tout le monde dit que je suis le pire des criminels juste bon à être enfermé à vie. "
Tout le long de son discours, il avait gardé ses yeux profondément ancré dans ceux de Lou essayant d'y déceler une quelconque réaction mais à sa plus grande surprise, nul changement n'avait pu être aperçu comme si tout ce qu'il venait de lui raconter ne la touchait même pas. D'une voix neutre elle demanda:
   "-Et combien sont vraies ?
    -Quelques-unes...
    -Mais encore ?
    -Ecoute, c'est vrai que j'ai déjà tué des gens mais j'avais mes raisons. Je t'ai dit plusieurs fois que j'étais dangereux, tu as vu que j'avais une arme lorsque je l'ai pointée sur toi alors il ne faut pas croire que je ne m'en sers jamais. En ce moment même je l'ai sur moi, mais j'en ai besoin. J'ai des ennemis et je préfère assurer mes arrières. Donc oui, certaines rumeurs sont vraies mais pas toutes.
    -Je m'en fout de savoir pour quelles raisons tu as tué des gens, je voulais juste savoir si c'était vrai ou non. Mais tu sais, je m'en fous de ces rumeurs débiles car j'ai déjà passé beaucoup de temps avec toi et pour l'instant rien ne m'est arrivé alors je continue de croire que cela restera ainsi. Sur ce, je pense que l'on peut y aller. "
Il la regarda s'installer dans le véhicule légèrement abasourdi par ce qu'elle venait de lui avouer. Secouant la tête de droite à gauche pour reprendre ses esprits, il se dirigea rapidement de l'autre côté de sa voiture afin de se placer derrière le volant. Une fois le moteur démarré, il appuya sur l'accélérateur violemment libérant tous les chevaux de l'engin en s'élançant sur le bitume. Un silence pesant régna entre les deux jeunes et lorsqu'il la regarda du coin de l'oeil, il remarqua son expression renfrognée. N'en connaissant pas la raison il se décida à demander:
   "-C'est quoi cette mine ?
    -Pardon ?
    -Pourquoi tu fais cette tête ?

    -C'est ma tête de tous les jours je te signale!
    -Tu rigoles ?! Tu es clairement en train de tirer la gueule!
    -Merci de m'insulter! "
Au bord de la crise nerfs, il s'arrêta sur le bas côté faisant violemment crisser les freins et envoyant presque sa passagère dans le pare- brise qui énervée hurla:
   "-Putain mais t'es con ou quoi ?! J'ai failli m'écraser la gueule sur le tableau de bord espèce de malade! "
Détachant sa ceinture il se tourna vers elle, attrapa le col de son pull et tira dessus tout en hurlant:
   "-Tu vas me parler autrement et arrêter de te foutre de ma gueule maintenant ?! C'est quoi ton problème à la fin!
    -Mon problème ? C'est toi! 
    -Bordel j'ai fait quoi encore ?!
    -Tu sais quoi ? Je veux que tu me ramènes chez moi.
    -Je ne pense pas non!
    -Fais pas chier!
    -Pardon ?! 
    -Arrête de me saouler comme ça et ramène-moi chez moi!
    -Je ne pense pas non, tu vas m'expliquer ce que j'ai fait maintenant!
    -C'est bon je vais rentrer à pied alors. "
Se détachant de son emprise, elle se positionna dos à lui et alors qu'elle posa la main sur la poignée de portière et qu'elle tenta de l'ouvrir, une résistance s'opposa à son geste. Elle se tourna vers son inconnu et le vit, une main posée sur les boutons de commande des portières: il l'avait enfermée. Son regard lançant des éclairs elle cracha:
   "-Ouvre cette porte!
    -A une condition.
    -Fais pas le con putain!
    -Tu vas m'expliquer ce qu'il se passe à la fin ?! Si tu espères me planter comme ça en ne me disant pas ce que j'ai fait pour que tu m'en veuilles de cette façon c'est que tu es la pire des naïves!
    -Ouvre cette putain de porte!
    -Alors dis-moi! "
Dans un geste presque désespéré elle élança sa main vers le conducteur qui vint rapidement claquer dans un bruit sourd sa joue puis hurla:
   "-Tu me fais tellement chier! Je suis encore la dernière au courant de toutes ces rumeurs à la con, ça t'aurait franchement tué de me dire hein ?! Au lieu de ça je suis passée pour une grosse conne devant tous les gens de mon école! J'en ai marre de ne rien savoir de toi, j'en ai marre de devoir me battre avec toi pour que tu acceptes de me révéler un mini détail de ta vie, je ne sais même pas comment tu t'appelles sérieusement! J'ai l'impression de me donner à fond pour au final ne rien recevoir en retour de ta part. Je peux comprendre que ça soit difficile d'en parler mais tu ne crois pas que tu aurais pu au moins me le dire pour ces ragots à ton sujet ?! "
Tournant la tête vers la fenêtre, elle ne prit pas la peine d'essuyer la minuscule goutte qui glissait lentement sur sa joue. Durant quelques secondes personne ne parla et la seule chose que la jeune fille espérait fût que la voiture redémarre. Rien ne changea durant plusieurs minutes et soupirant elle se força alors à regarder en direction de son inconnu. Celui-ci avait les mains cramponnées au volant et le regard fixant l'horizon. Elle décida de se racler la gorge afin de le faire réagir mais cela n'eut aucun effet. Elle se risqua alors à poser sa main sur son épaule mais une fois de plus, ce geste ne donna rien. Lentement elle commença à diriger sa main vers son cou pour ensuite atteindre sa joue dans une légère caresse. Délicatement, elle se mit à faire de petites formes à l'aide de son pouce sur ses pommettes pour ensuite de son index se mettre à retracer chacun de ses traits.