Chapitre 4

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Chapitre 4 :

Elle s'était enfin lâchée... Elle n'avait pu retenir son cri. Il était sorti tout seul, comme si elle en avait eu besoin. Peut-être avait-elle réveillé quelques personnes aux alentours mais pour dire vrai, elle s'en fichait complètement car désormais elle se sentait plus libre. Libre car elle venait de se séparer de toutes ses chaînes de douleur qui accaparaient son buste depuis si longtemps. Dans un geste fluide, son corps se déplaça en direction de son chez soi. Peu de temps après, elle arriva au pied de l'immeuble dans lequel elle résidait avec ses parents. Elle rentra alors en vitesse ne sentant presque plus ses joues à présent rougies à cause du vent piquant, signe du début de l'hiver. Ce n'est que lorsque qu'elle fût dans l'ascenseur en direction de son appartement que tout ce qu'il venait de se passer plus tôt dans la soirée lui revint : le diner, une remarque, le ton qui monte, des cris, des insultes, la porte qui claque, mais surtout, des paroles étranges, une ombre, cet homme. Cette pensée venait à peine de lui traverser l'esprit que les portes s'ouvrirent, laissant une vue sur un petit vestibule accompagné d'une plante verte et d'un tapis recouvrant presque l'ensemble du sol de cette pièce... les contraintes de l'établissement. Elle se glissa alors hors de la cage métallique l'ayant emmené jusqu'ici pour se diriger vers la porte d'entrée. Aussi bizarre que cela puisse être, la pensée que ses parents l'attendent dans le salon afin de lui faire la moral sur sa " fugue " ne la préoccupait pas plus que ça car la seule chose traversant son esprit était, de nouveau, ce jeune homme. Lorsqu'elle franchit la porte, elle se retrouva face à deux paires d'yeux la fixant sévèrement. Sans un mot, elle se dirigea vers l'escalier afin de se précipiter dans son lit, épuisée des derniers événements vécus. Mais alors qu'elle s'apprêtait à passer la première marche, une voix penchant dans les aigus l'interpella :
   "- Lou ! "
Soufflant de frustration, le jeune fille se retourna lentement, marmonnant:
   "-Quoi ?
    -Veux-tu bien nous expliquer où tu étais ?
    -Je vous fuyais. Contente maman ? "
Le tension, déjà palpable depuis le commencement de cette conversation, s'amplifia un peu plus :
   "-Pardon ?!
    -Il me semble que c'est évident pourtant. Tu croyais réellement que j'allais rester là indéfiniment à vous regarder vous crier dessus ? Tu croyais réellement que j'allais rester à regarder ma famille se déchirer devant mes yeux hein ?! Vas-y réponds maman, tu le croyais vraiment ? "
La colère et la rage commençant à présent à teinter dans sa voix, la firent bientôt cracher du venin:
   "-Non, non je n'allais pas rester parce que j'en ai plus qu'assez. Vous n'êtes que des égoïstes ! Vous ne pensez qu'à vous dans l'histoire mais et moi hein ? Mes sentiments, mes émotions? Vous vous en foutez, tout ce qui compte c'est vous ! Vous voulez que je vous dise quelque chose ? Je me sentais extrêmement mal à cause de cette situation, j'en pleurais tous les soirs en sachant que le lendemain ça serait de nouveau pareil. Mais aujourd'hui, le seule peine que j'éprouve est pour vous deux, parce que vous êtes tout simplement lamentables. "
Sur ces dernières paroles, Lou grimpa rapidement l'escalier, fonçant ensuite s'enfermer dans sa chambre, ne laissant même pas l'occasion à ses parents de répliquer. Une fois la porte claquée violemment, signalant son énervement, et fermée à clé elle se précipita vers son lit et se jeta dessus tout en s'engouffrant à l'intérieur de ce cocon formé à l'aide de ses couvertures qu'elle aimait tant. Sa tête à peine plongée dans ses oreillers que ses yeux se fermaient déjà pour ensuite tomber dans un profond sommeil. Si profond, qu'elle n'entendit même pas le recommencement des cris incessant faisant rage un étage plus bas(...). La seule chose réussissant à la faire sortir de son sommeil fut son réveil le lendemain lorsqu'il sonna lui rappelant alors qu'aujourd'hui, elle avait cours. Elle se résigna donc, non sans difficultés, à s'arracher de ses couvertures pour se diriger vers sa salle de bain, ne voulant pas arriver en retard à l'école.

Une quinzaine de minutes plus tard, elle était entièrement prête physiquement, mais aussi prête psychologiquement pour le potentiel affrontement parental. Elle se dirigea ensuite vers la porte afin de sortir de sa chambre. En approchant ses doigts de la poignée elle souffla un grand coup, se donnant du courage, puis se décida enfin à la tourner, accédant ainsi au couloir. Alors qu'elle s'attendait à être accueillie à l'aide de cris en tout genre, il n'y eu qu'un calme plat qui lui répondit lorsqu'elle posa le pied dans le salon. Elle finit par s'avancer en direction de la cuisine mais à nouveau, rien du tout. Remarquant alors qu'il fallait qu'elle se dépêche pour ne pas arriver en retard, elle décida de ne pas se poser plus de questions sur cette situation assez inhabituelle, attrapa un paquet d'Oreo et sortit de la cuisine, se dirigeant vers la sortie. Elle sortit enfin de l'ascenseur après quelques secondes à l'intérieur, et se hâta de quitter l'accueil de l'établissement. Une fois dehors, elle se mit presque à courir en remarquant qu'il ne lui restait qu'une dizaine de minutes avant de rater le métro l'emmenant en cours. Se pressant le plus possible, elle finit par réussir à monter dedans de justesse et partit s'installer sur l'un des sièges disponibles. Une fois installée, il ne fallut pas attendre plus d'une minute avant que l'engin ne se décide à démarrer. C'est à cet instant que Lou décida de sortir ses écouteurs les branchant ensuite à son portable. Installée confortablement, sa musique dans les oreilles, elle plongea son regard à l'extérieur ne captant rien d'autre que l'obscurité du sous- terrain et laissa ses pensées vagabonder comme elles le souhaitaient. Mais bientôt, elles lui rappelèrent un épisode qu'elle avait oublié l'espace de quelques heures. Elle sentit son pouls s'accélérer et bientôt une petite perle salée dévala son front jusqu'à sa joue, laissant sur son chemin un visage n'exprimant que de l'angoisse. Elle passa sa paume sur la trace laissée par la petite goutte de sueur, l'essuyant par la même occasion, tout en essayant de chasser cette pensée la faisant presque suffoquer mais rien à faire, les menaces reçues la veille ne voulait plus la lâcher et allaient surement la poursuivre le reste de la journée. "Je ferai en sorte de te couper voir t'arracher complètement la langue " comme par réflexe, elle se lécha les lèvres vérifiant ainsi qu'elle était encore bien présente. Elle se rappela alors des dernières paroles sorties de cette bouche au sourire diabolique "Tu ne sais pas qui je suis.... Et tu ne connais pas l'influence et le pouvoir que j'ai sur cette ville " .... Voulait-elle vraiment le savoir? La réponse lui semblait évidente et bien sûr négative mais ce n'était qu'une illusion car, au fond, elle voulait savoir qui était ce gangster effrayant mais surtout, déchiré et brisé intérieurement.

Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était plus réveillé de si bonne heure mais surtout, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus passé de nuit aussi agitée. Il ne pouvait dire si cela avait été causé par des rêves ou des cauchemars ne se souvenant aucunement de ce qu'il s'y passait mais, s'il y avait bien une chose dont il se rappelait c'était la présence de cette inconnue d'hier soir. Depuis cette "rencontre", il sentait que quelque chose se passait en lui, comme une sorte de confrontation intérieure mais entre quoi et quoi, il n'aurait pu le dire. Toujours allongé sur son matelas, regard au plafond et bras soutenant sa tête, il ne cessait de se poser des questions, mais l'une d'elle lui revint régulièrement: " Prenait-elle réellement ses menaces au sérieux ?" . Ne pouvant accepter d'attendre de voir si les flics allaient débarquer chez lui suite à une " déclaration anonyme " ou non, il jeta ses draps de par-dessus son corps, se leva d'un coup et alla chercher des vêtements dans l'armoire près de la porte. Une fois fait, il se précipita dans la salle de bain et enfila sa tenue consistant en un pantalon noir, un t-shirt blanc, une paire de vans basses noire et une veste en cuir. Tout en finissant de se coiffer, ou plutôt passer ses doigts dans ses cheveux les ébouriffant légèrement, il se dirigea vers sa table de chevet, glissa sa main dans le tiroir et empoigna son gun qu'il coinça ensuite dans son boxer. Il fallait qu'il la retrouve quitte à retourner toute la ville, mais il fallait qu'il soit sûr et certain qu'elle ait compris qu'il était sérieux dans ses propos. Il emploiera les grands moyens si vraiment il en est obligé mais il la retrouvera. Arrivé à la porte d'entrée, il l'ouvrit et se glissa à l'extérieur: Que la traque commence !

Ne vous fiez pas aux apparences...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant