Chapitre 4

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PDV Dylan:

Pour la première fois depuis longtemps, j'avais perdu le contrôle. Mon côté sauvage s'était réveillé. Je suis persuadé que c'est à cause d'elle. Cette manière qu'elle a eu de me regarder quand je l'ai plaqué contre le mur. Comme si elle sonde ton âme, qu'elle voit au plus profond de toi. J'avais besoin de prendre l'air, de m'éloigner d'elle. Je suis allé sur la terrasse de la planque, et je suis monté sur le toit. Je l'entends encore suffoqué, le battement de son cœur qui s'accélère. Je sens toujours le sang circulé dans ses veines sous mes doigts. Il fallait qu'elle parte.

Je contemple le calme de la matinée. De là où je suis, j'entends Aleyna la rassurée. Toujours un mot gentil pour l'autre. Les humains la fascine, c'est son moyen à elle de conserver son humanité. Parce que sinon, c'est comme ça qu'elle nous voit, qu'elle se voit. Comme un monstre. Peut-être que c'est ce que nous sommes au final. Des monstres qui se nourrissent de vie, et qui arrache celle des autres pour survivre. Toujours survivre. Parce que ce n'est pas une vie que nous avons, mais une perpétuelle confrontation avec la mort, sous ses plus beaux angles. Ce n'est peut-être pas celle que j'aurais voulu, même si je me persuade du contraire. Mais c'est mon semblant de vie.

Cependant, cette fille qu'elle réconforte, c'est loin d'être une humaine. Pourquoi il a fallu que je sois là cette nuit ? Si j'étais parti plus tôt, je ne l'aurais pas rencontré. Mais elle serait morte. On ne serait pas en danger. Mais ce chasseur serait vivant. Alors où est le problème ? J'ai fait ce qu'il fallait. Mon job. C'est tout. Je déteste le côté qu'elle éveille en moi. Il fallait que ça cesse.

Grey- T'as fait fort avec la petite nouvelle.

Je me retourne d'un coup sec vers lui. Je suis tellement perdu dans mes pensées que je ne l'ai pas entendu arriver. Chose qui ne m'arrive pourtant jamais. On m'a appris à être constamment sur mes gardes, à me méfier de tout et de tout le monde. Pourtant, pendant quelques secondes, j'ai été vulnérable. Ce simple constat me met en rogne. Contre elle, et contre moi. Sérieusement, il faut que je me reprenne.

Moi- Je sais.

Grey- Ca m'étonnerait qu'elle veuille rester maintenant.

Je le laisse s'assoir avec moi, un sourire amer sur le visage.

Moi- C'est peut-être mieux comme ça.

Grey- Non. C'est faux. L'envoyer se faire tuer n'est pas la solution.

Moi- Alors c'est quoi la solution ?! Tous nous faire tuer avec elle ?

Je ne voulais pas m'énerver une nouvelle fois, mais c'est la seule réaction qui me vient spontanément à l'esprit. Je sais pertinemment qu'on doit la garder ici. Mais pour l'instant, mon loup refuse de l'admettre. Grey ne dit rien, sachant que ça ne servira à rien de toute façon. Il se contente d'attendre patiemment, jusqu'à ce que je retrouve un esprit un peu plus calme, près à entendre ce qu'il va me dire. Une fois en colère, je rebute toute idée. Je passe rageusement une main dans mes cheveux ébouriffés, et mon pouls revient petit à petit à la normal. Je sais que lui aussi l'a entendu, surveillant les battements de mon cœur en silence. Lui qui regardait l'horizon pendant que ma rage s'évacuer, se retourne vers moi, l'air on ne peut plus sérieux.

Grey- Tu sais qu'on peut y arriver. On peut la protéger. Tu peux la protéger. Comme tu l'as déjà fait.

Je sais déjà le fin mot de l'histoire, mais têtu comme je suis, je me borgne un peu plus.

Moi- On va se mettre dans une sacrée merde en la gardant ici.

Il lâche un petit rire, me donnant un coup de poing dans l'épaule.

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