Infinite Worlds

Chapitre 3

La bête informe se tourna vers elle, relâchant le jeune homme comme une poupée de chiffon, dont la tête heurta lamentablement le sol. Ava se retourna en entendant un bruit sourd derrière elle, qui se révéla n'être que Cannelle qui ne tenait plus sur ses jambes. Elle n'hésita qu'une fraction de seconde avant d'arracher la branche-batte-de-baseball des mains de Nora pour se précipiter vers la forme, poussant un hurlement de rage. Les autres ne réagirent pas, les yeux toujours rivés sur les trois corps inertes.

Ava fut prise par une poussée d'adrénaline en voyant son cousin, inconscient sur le sol, c'était comme si son corps agissait avant que son cerveau ne lui dise quoi faire. La branche-batte-de baseball n'eut même pas le temps d'effleurer la forme, qu'elle disparut subitement, comme une brume noire qui s'était dissipée d'un coup. Ava resta plantée là, la cherchant du regard. Son souffle se faisait de plus en plus rapide et elle commença à trembler. Elle n'osait bouger, pétrifiée à l'idée que "la forme" ne revienne, et si c'était le cas, elle ne voulait la manquer cette fois. Les muscles toujours tendus, elle fixa un à un les arbres, comme si un des monstres allait en ressurgir.

Nora ne bougea toujours pas, hésitant entre panique et la même adrénaline qui avait poussé Ava à se jeter sur la bête. Elle fixa un moment sa meilleure amie, l'air perplexe devant sa réaction subite. C'est lorsque Eddy poussa un gémissement, que Nora reprit ses esprits et se jeta vers lui.

- Eddy ? dit-elle doucement, est-ce que tu peux bouger ?

Eddy bougea légèrement son bras droit puis le gauche avant de poser ses yeux sur Nora et d'hocher la tête. Il n'eut pas le temps de sortir un seul mot qu'Ava se jeta brusquement sur lui et attrapa son visage entre ses mains tout en lui demandant à plusieurs reprises comment il allait. Quant à Nora, elle jeta un oeil aux autres qui avaient tous le regard rivé sur le corps sans vie de Marcus. Avant de se relever, elle passa sa main sur le cou d'Aaron afin de surveiller son pouls, il était en vie. Elle sourit légèrement en voyant les deux cousins et se dirigea vers la branche qu'Ava avait laissé tomber en entendant son cousin. Elle l'a saisi et la regarda un moment, dès à présent, elle savait. Elle allait devoir se battre pour survivre, ainsi que les autres, ça n'allait pas être évident et ils risquaient fortement de se retrouver face à de nouveaux dangers, peut-être encore plus redoutables. Nora était prête, mais est-ce que les autres l'étaient ?

Jemma eut comme une soudaine envie de vomir, elle se tourna alors rapidement vers un buisson. De longs bruits, assez déplaisants, en sortirent. On était loin de son glamour habituel. Eileen grimaça même en la voyant faire, une expression de dégoût traversant son visage.

Pépito restait sans rien dire, lui qui, pourtant, avait toujours son mot à dire sur tout. Là, il était comme perdu. Il finit par relever le regard vers Nora, qui avait eu le courage de s'avancer la première vers Eddy et Aaron puis également vers Ava, qui avait surpris tout le monde en fonçant ainsi vers l'espèce de monstre. Il se sentait alors inférieur, se comparant presque à une poule mouillée. Le jeune brun prit une grande inspiration et, dépassant Cannelle, Colin et Eileen, il s'approcha lentement du corps de Marcus, remontant ses manches sur ses bras. Aîné d'une grande fratrie, il avait pris l'habitude de soigner les petits bobos mais la mort de Marcus dépassait non seulement ses maigres compétences en soins mais aussi son seuil de tolérance.

Pépito s'agenouilla alors près côté du corps sans vie, d'un geste doux, il approcha sa main de ses yeux et les ferma. Il resta ainsi quelques instants, sentant les regards des autres dans son dos. Il ne savait trop que faire du corps, pensant qu'ils n'avaient pas d'autres choix que de le laisser pourrir là. Il sentit une présence à ses côtés et vit Nora, qui venait de s'agenouiller auprès de lui.

- On fait quoi du corps ? demanda t-elle, perplexe.

- Euh..., balbutia Peter, je ne sais pas.

- On a pas le choix, faut le laisser. On ne peut pas se permettre de le traîner avec nous, il est bien trop lourd et ça nous ralentirait.