Pour la énième fois comme souvent ces temps ci, je suis partagé entre deux sentiments. Celui qui domine devrait être l'amertume à la fois intense et amer que j'éprouve dans tout le corps mais je suis incapable de les privilégier à la terrible angoisse qui m'habite. Oui je suis inquiet. Très inquiet que l'accident d'Amber ne soit sans séquelles telles que la perte de mémoire, la perte de l'usage de l'un de ses précieux membres ou bien finalement, la perte de son bébé. Pas sûr, mais je crois que c'est ça l'amour. Le vrai. Celui avec le grand A comme diraient les amoureux de l'amour.
Alors, puisque j'en ai obtenu le droit, j'ai tenu à rester à ses côtés jusqu'à ce qu'elle se réveille du moins. Et cela fait maintenant environ deux heures que je suis à son chevet, la regardant dormir paisiblement, sans être capable de m'empêcher de fixer son petit ventre qui ne montre aucun signe de grossesse. Je grogne. Ayant laissé à ma cervelle le droit de se forger des scénarios ultra malsaines à l'encontre de Jacob. Je pense à toutes les fois où j'ai eu l'occasion de le tuer, de l'abattre sauvagement avant qu'il ait lui l'occasion de se hisser entre les jambes d'Amber. Le fait d'y penser me fout dans une colère encore plus noire que l'état de mon âme complètement souillée. J'ai une terrible envie de meurtre qui me titille le cerveau. Je suis sûr et certain que je tuerai sans la moindre hésitation le premier fils de câtin qui oserait me regarder de travers, ou bien celui qui aurait le malheur de ne pas me tenir la porte de sortie de l'hôpital ou même celui qui m'empêcherait d'avancer dans une foule. J'ai la folle impression d'émettre de la fumée noire autour de moi. Et je sais que si je demeure assis là, comme un couillon, à ne rien faire, eh bien je risque de m'en prendre à Amber envers qui je commence à développer une exécrable rancoeur. Bien que je lutte férocement pour ne pas la détester, puisqu'elle est l'unique raison pour laquelle je suis l'homme bien que je redeviens, l'annonce de sa grossesse a été un véritable coup de massue quasi fatal qui me fait si mal que je me rend compte de ma solidité mentale. Quelqu'un de faible n'aurait pas pu endurer tout ce que moi j'endure. Je suis en rogne. Tant, qu'il m'est impossible de laisser la vie sauve à mon smartphone se trouvant jusqu'à là sur la petite table de chevet du lit d'hôpital d'Amber que je balance abruptement contre la fenêtre de l'autre côté du lit.
Lias sursaute doucement, visiblement épuisée. Ses sourcils sont aussitôt froncés, le plus durement qu'elle puisse, je suppose. Elle paraît grandement étonnée de ma présence, comme si elle ne savait pas que pour elle, je tuerai la terre entière. Sans regrets. Sans hésiter. Sans même réfléchir. Elle me lance alors un doux regard que je juge affectueux, un regard qui parvient, non pas à anéantir ou engloutir ma colère, mais à la canaliser. La ranger de côté le temps de cet instant. Sans doute le dernier que nous passerons ensemble.
— T'es venu, prononce-t-elle difficilement.
Je me contente d'acquiescer.
— Comment tu te sens ? je l'interroge froidement.
Elle refronce les sourcils juste avant de se redresser sur son lit d'hôpital, ayant certainement discerné mon ton glacial.
— Bien, me fait-elle tout en me fixant.
— Félicitations en tout cas, dis-je en désignant son ventre à l'aide de ma tête.
Elle ouvre aussitôt grand les yeux avant de finalement baisser la tête, tout comme moi. Ne supportant plus de demeurer dans la même pièce qu'elle et son futur fils ou fille de meurtrier, j'abrège cette conversation ultra gênante.
— Au revoir Amber, fis-je en m'efforçant d'esquisser un minuscule sourire.
J'ai à peine levé le pied pour sortir à la fois de cette chambre mais également de sa vie qu'elle m'arrête en me disant:
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Broken II (en cours d'amélioration...)
RomanceSept années séparent le jour où Thomas a quitté Amber. Malgré les terribles souffrances qu'elle a enduré durant l'absence de Muller, Lias n'a jamais cessé de l'aimer. Désespérée, elle était loin de se douter qu'une personne, une seule, pouvait tout...