Ô seigneurs dévastés, vivez dans l'opulence,
Poudrez-vous de l'abject, et de l'immortel rance
Dont ne se méfiaient pas assez vos vieux aïeuls !
Allez donc et vivez sans souci des linceuls,
Tétez le sein tari de mère Inconséquence,
Venez, repaissez-vous de la flatteuse absence
De culpabilité ; cet éternel remord
Qui damne entre vos reins l'immoral le moins fort !Vous obligerait-on à justifier vos actes
A répondre des fous qui signèrent vos pactes,
Que vous vous fendriez de sourires ingrats,
Que se déformeraient vos faces de verrats
Dans un branle de transe hoqueté par des spasmes,
Comme ivres de l'alcool qui hante vos fantasmes
Quand, dans l'instant subtil où peut tomber l'éclair,
Vous oubliez la joie de brader vos en-chair.Soit ! Faites-vous les pions de vos basses folies,
Crachez sur les tombeaux pleins de mélancolies
Où s'agitent les corps des damnés repentants
Que vous mettiez en garde ; vivez en votre temps,
Et ne le perdez pas à prendre en compte l'âme,
Donnez-vous jusqu'à perdre, étouffez votre flamme,
Jouissez d'autres corps : là seul sont vos instincts !
Multipliez les goûts et les contacts succincts,
Mêlez votre salive à celle la plus proche,
Ne vous souciez pas de vous rendre plus moche
Puisque vous trouverez ce qui vous rendra beau ;
Flirtez sans réfléchir, au Diable le tombeau !
Sucez, mordez, rongez ! La peau que l'on habite
Ne vaut pas le plaisir de cette sainte bite.Au feu la bienséance ? Ô, ce siècle acclamé
Où la fausse indulgence empêchera d'aimer
Vous tue ! Ne faites pas souffrir pour des idées
Piochées dans une envie d'époques débridées,
N'abandonnez pas sans cœur un bout de votre corps,
Marchez, ne rampez pas dans la fange des porcs !Ou sur vous s'abattra le jugement infâme,
Celui qui seul pourra vous toucher dans son blâme,
Qui saura laminer à jamais vos boyaux,
Et vous fera trembler comme de vieux bestiaux,
L'implacable regard de votre éternel autre.
Lui qui doit devant vous plier comme l'apôtre,
Votre âme-sœur, celui qui n'est fait que pour vous ;
Sa haine ou sa pitié vaudra tous les courroux.
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Poèmes
Poetry« Je voudrais tant sécher l'anxiété sceptique De tes aphones pleurs en la noyant de mots ! Mais mon visage, amer, reste cataleptique, Comme vaincu par la tourmente de tes maux. »