C'est encore arrivé. L'an passé, presque hier, quoi...
Tu ne vois rien venir quand ta vie se rebelle,
C'est un coup de massue, un truc qui laisse coi ;
Du jour au lendemain tout part à la poubelle :
Femme, boulot, succès... tout te semblait rivé,
Rien ne l'était... C'est ça : c'est encore arrivé,
Quelqu'un a tout perdu. Bibi, en l'occurrence !
Doublé par un benêt, qui plus est, pas joli.
Six ans comme effacés par la simple attirance
D'une femme ennuyée pour un garçon poli
(Pourvu qu'on m'ait quitté à cause du physique !).
Et depuis, je subis l'enfer psychologique
Que j'ai dû m'imposer : ne plus jamais la voir,
Tirer un trait sur elle et sa nouvelle idylle,
Encore imaginer mais ne plus rien savoir.
Vous pouvez rire mais c'est loin d'être facile...
Une fois j'ai craqué : direct sur Facebook,
En plein sur la photo laissée par l'autre plouc,
Là, sur son mur à elle ! Et elle l'a aimée...
C'est troublant à quel point un simple pouce en l'air
Peut consumer ton cœur sans la moindre fumée.
Nous formions un tel couple (Ai-je si peu de flair !?)...
Le silence entendu des autres me dévore,
Le cœur a ses raisons que tout le monde ignore
-Mutisme convenu qui là vire à l'odieux
(L'urbaine trahison ne prend pas une ride) !
Que reste-t-il... L'amour ? L'amour, ce sont nos dieux :
On n'en perçoit jamais tout à fait que la bride ;
C'est un leurre, un bonbon qu'on suce, avant la mort
(Y croire comme un con a été mon seul tort).
Non, ce qui plaît vraiment, c'est le concret : les hommes,
Le toucher, le palpable, le sexe rageur,
La pulsion qui sort des plaisirs métronomes,
Disloquant tous nos idéaux d'un coup vengeur.
Mon désir de confiance était voué au naufrage :
Confiances et désirs ne font pas bon ménage,
Qu'importe ! Si les dieux représentent l'amour
Et les hommes, le sexe, alors je suis athée.
J'ai cru, mais j'abandonne en espérant qu'un jour
Quelqu'un m'ôte l'idée que la pomme est gâtée,
Les dieux, poussés par l'homme, ont été détrônés ;
Les dieux tombent et les hommes sont couronnés.
En attendant, peut-être, alimentant la pompe,
Vais-je oublier l'amour qui construit pas à pas ;
Ou peut-être risquer qu'une autre âme me trompe
En crachant sur l'amour qui ne se construit pas...
Eh, quoi ! C'est arrivé. Je souffle la bougie,
Rêveur ; tandis qu'en moi coule l'hémorragie.
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Poèmes
Poetry« Je voudrais tant sécher l'anxiété sceptique De tes aphones pleurs en la noyant de mots ! Mais mon visage, amer, reste cataleptique, Comme vaincu par la tourmente de tes maux. »