Maledictus poeta

44 9 6
                                    

Les mots se rient de moi, les rimes me dédaignent,
Images et syntaxe, en se voyant, soupirent
Comme des estropiés, dont le soignant transpire
Quand il sent l'impuissance où peu d'acquis l'astreignent.

Quand je veux soulager mon pauvre cœur qui saigne
Ce sont des pleurs de joie que mes râles inspirent ;
Mais quand je veux livrer ma joie c'est encor pire :
Ce sont des pleurs que j'ois, et tous les cœurs s'éteignent.

Oubliez la beauté, les parfums éoliens,
Les finesses d'or pur, les marbres couleur d'encre ;
Rien de tout ça ne sort de mes souillures cancres.

Ne trouvez pas de sens, ne cherchez pas de liens,
Chaque mot que j'écris ne dévoile que lui,
Je suis un poète
Fortuit.

PoèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant