Chapitre 5

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La vie reprit bien vite son cours entre les murs de Poudlard, et la routine familière se réinstalla d'elle-même aussi rapidement qu'un clignement de paupière. Au réveil de son premier jour de cours, Drago trouva sans surprise deux sirènes l'observant à la vitre du dortoir. Quand Blaise et Théo ouvrirent les yeux à leur tour, le blond était debout, remuant les bras face aux deux êtres de l'eau avec animation.

- Qu'est-ce qu'elles disent ? demanda Théo avec un bâillement en se redressant sur son lit.

- Le calmar géant a été malade cet été, apparemment, ça a foutu un bordel pas possible, répondit Drago en se retournant. Et elles vous disent bonjour.

Blaise écarta le rideau du baldaquin et salua les sirènes d'un geste rapide, encore groggy de sommeil. La scène aurait certainement rendu perplexe n'importe quel élève étranger à Serpentard, mais dans la maison des vert et argent, il était considéré comme normal, voire indispensable, de parler la langue des signes avec les habitants du lac. D'après ce que Théo avait appris au long de sa scolarité, tout avait commencé quand un élève dont les parents étaient magicozoologistes était arrivé à Poudlard avec la capacité de parler la langue des êtres de l'eau. Quand il avait été réparti à Serpentard, il avait remarqué la curiosité dont les sirènes faisaient preuve à l'égard des élèves qui évoluaient dans leur salle commune, également percée de larges vitres donnant sur le lac, et par habitude, il avait tenté de leur parler, comme il le faisait depuis son enfance passée au bord des plus grands lacs d'Europe. Mais le son était arrêté par les épaisses vitres qui séparaient les élèves des êtres de l'eau, et il était impossible de communiquer de cette façon. Des élèves plus âgés, qui avaient observés cet étrange manège, avaient alors eu l'idée d'inventer un système de signes représentant chacun un mot ou une phrase, permettant ainsi de se faire comprendre par gestes, sans jamais utiliser de sons. Ils avaient longuement réfléchi aux signes à utiliser, s'aidant de parchemins qu'ils collaient aux vitres pour apprendre ce langage inédit aux sirènes, et au fil du temps, on avait commencé à maitriser les gestes de chaque côté de la vitre. Aujourd'hui, c'était devenu une langue à part entière, seulement connue des Serpentard et que chacun des nouveaux élèves apprenaient quelques mois après son entrée à l'école. Les sirènes conseillaient les Serpentard et leur racontaient tout ce qu'elles savaient sur Poudlard, tandis que les élèves les distrayaient à coup d'anecdotes sur leur vie à l'école. Le secret était jalousement gardé, et aucun autre élève ne s'était jamais douté de la raison pour laquelle les vert et argent avaient parus connaitre le but de la seconde tâche du tournoi des trois sorciers avant tout le reste de l'école.

- C'est pas tout ça, mais si on reste discuter, on va être en retard, fit remarquer Théo en s'agitant.

Plusieurs fois par le passé, ils avaient bien failli rater le premier cours de la journée, trop plongés dans une histoire passionnante racontées par les sirènes, mais à chaque fois, heureusement, ils avaient réussi par une efficacité redoutable à s'en sortir à l'heure. Leurs efforts pour être ponctuels s'expliquaient par le fait qu'il n'était pas envisageable que leurs parents viennent à entendre qu'ils se permettaient d'arriver en retard en cours, car ils pouvaient être sûrs que ça ne se passerait alors pas bien pour eux.

Avec un soupir de désespoir, Blaise roula sur sa droite et finit par poser un pied au sol au ralenti, montrant comme chaque matin que le simple fait de se lever constituait déjà pour lui un effort quasi-insurmontable. A côté du lit voisin, Théo était déjà debout, semblant comme d'habitude insensible à la fatigue, et cherchait son uniforme dans sa valise. Personne ne prit la peine de réveiller Crabbe et Goyle, qui ronflaient toujours dans leurs lits, et quand Blaise eut réussi à s'extirper de ses draps, ils sortirent à la file indienne pour rejoindre l'immense salle de bain des garçons.

Mais au fond rien n'a de sens.Where stories live. Discover now