Chapitre 7

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Quand le soleil se leva sur Poudlard le lundi suivant, les effets des excès du week-end commençaient tout juste à s'estomper. Drago avait eu des airs de fantôme durant toute la journée du dimanche et n'avait guère ouvert la bouche, tandis qu'on avait entendu Pansy se plaindre d'un mal de crâne carabiné pendant de longues heures. Théo avait eu la joie de retrouver les brûlures d'estomac familières qu'il subissait à chaque fois qu'il buvait, mais tout cela n'était rien, comparé au visage blafard qu'afficha Blaise pendant les 24h qu'il passa dans son lit à se lamenter et à répéter qu'il ne toucherait plus jamais à une goutte d'alcool.

On ne pouvait donc dire que l'ambiance était radieuse quand il fallut se lever pour commencer une nouvelle semaine, et au petit-déjeuner, la plupart des Serpentard avaient plutôt l'air de vouloir sauter du haut de la tour d'Astronomie. Heureusement pour les 6ème années, le lundi était une journée plutôt calme, et ils furent nombreux à somnoler sur les canapés de cuir de la salle commune entre le déjeuner et leur double cours de potions, qui arriva malheureusement bien trop vite au goût de tous. C'est avec mécontentement que Drago eut la confirmation que Potter était inexplicablement devenu un expert dans cette discipline, et quand Slughorn annonça la fin du cours, il sortit dans un bruissement de cape de la salle, sans jeter un coup d'œil à ces camarades. Porté par une jalousie et un ego blessé qui grondaient dans son ventre, il marcha à grands pas vers la bibliothèque, ignorant les salutations de plusieurs Serpentard sur son passage. Quand il parvint finalement à sa table favorite, il y laissa tomber ses affaires sans faire preuve de la moindre discrétion, comme s'il se faisait un devoir de signifier à tous son irritation. Il alla chercher quelques livres sans réel espoir qu'ils lui soient utiles, puis s'y plongea avec acharnement, comme si la solution à tous ses problèmes avait pu se trouver dans un manuel d'histoire. Après une semaine passée à adopter cette stratégie, il commençait sérieusement à se sentir stupide et démoralisé, et ce jour-là ne fit pas exception. Quand il eut parcouru en diagonale une dizaine de livres, un désespoir familier s'était emparé de lui, et il referma « Grandes Noirceurs de la magie » d'un coup sec, n'ayant plus qu'une envie : aller se coucher et oublier.

Il n'éprouva même pas l'envie de faire une remarque désagréable à Hermione Granger quand il la croisa en sortant de la bibliothèque, et il la dépassa sans même lui jeter un regard, ce qui était sûrement la plus grande preuve de sa lassitude. Il sortit sans prêter attention à la porte qui claqua violemment derrière lui, sans savoir qu'à l'intérieur de la pièce, Mme Pince semblait à la limite de le poursuivre pour lui jeter un sort. Il marcha jusqu'au hall d'entrée et dépassa la Grande salle, d'où sortait un joyeux brouhaha de conversations et de rires auquel il se sentit totalement étranger. Le jeune homme n'avait pas la moindre envie de discuter, de donner le change ou même de manger, et il dévala rapidement les escaliers qui menaient aux cachots, l'appel de son lit se faisant plus fort à chaque pas. Enfin, après avoir marmonné le mot de passe d'une voix éteinte, il pénétra dans la salle commune vide, et en retrouvant la senteur si particulière de la pièce, mélange de l'odeur du feu de bois et de celle du vieux cuir, il se sentit un peu mieux. Néanmoins, il ne s'y attarda pas, et fila vers son dortoir avec lassitude, pressé de faire taire les pensées sinistres qui remuaient avec vigueur sous son crâne.

La fragilité de ses nerfs le faisait cruellement regretter ses excès du samedi, qui n'étaient sûrement pas totalement étrangers à son abattement, et en se dirigeant vers son lit, il se fit la promesse de ne pas participer à la prochaine fête. Au fond de lui, il savait que cette promesse ne serait pas tenue, mais pendant quelques secondes, cela faisait du bien d'avoir le sentiment de contrôler quelque chose dans sa vie, même une chose aussi futile que celle-ci.

Il venait de déboutonner et d'enlever sa chemise quand un bruit contre la vitre du dortoir lui fit faire un bon de deux mètres. Il avait même poussé un petit cri de frayeur, et c'est avec embarras qu'il se tourna vers la sirène aux écailles grisâtres qui, sans surprise, le regardait derrière le verre.

Mais au fond rien n'a de sens.Where stories live. Discover now