Le lendemain de l'agression de Katie, l'ambiance était électrique et tendue aux quatre coins de Poudlard. Les nouvelles avaient vite fait le tour du château, et tout le monde se demandait désormais comment un tel accident avait pu se produire, et surtout, qui avait voulu qu'il se produise. Le nom du Seigneur des Ténèbres circulait déjà sur toutes les lèvres, et sans surprise, l'animosité envers les Serpentard s'en était trouvée renforcée.
Au début, tout avait semblé calme, si l'on parvenait à faire abstraction de la colère qui brûlait dans les yeux de certains de leurs camarades et les chuchotements persistants qui les avaient suivis dès qu'ils étaient entrés dans la Grande salle. Il n'y avait rien là-dedans qu'ils n'aient pas déjà traversé, rien auquel ils ne soient pas habitués.
Ce n'était pas dans l'habitude de leur maison de faire profil bas quand ils se retrouvaient face à une adversité quoi qu'il arrive toujours persistante, et c'est pourquoi ils avaient conservé les mêmes airs souverains et les mêmes postures dignes quand ils s'étaient rendus au petit-déjeuner. C'était une règle fondamentale chez les vert et argent, que l'on apprenait dès ses premières semaines de scolarité : jamais les serpents ne cédaient le moindre centimètre de terrain. Tant qu'ils faisaient bloc face au reste de l'école, unis, fiers et impassibles, ils conserveraient leurs plates-bandes, et personne ne pourrait rien contre eux.
Cette règle, Pansy la connaissait presque mieux que son propre nom, et quand elle était entrée dans la Grande salle en faisant claquer ses talons sur le sol, la tête haute et le regard confiant, tout le monde avait pu observer à quel point elle l'appliquait à merveille. Derrière elle, Blaise avait suivi, l'air encore plus supérieur qu'à son habitude, convaincant ceux qui en doutaient encore qu'il ne se préoccupait en rien de l'avis que l'on pouvait avoir de lui. Déjà assis à table, Théo avait lui aussi semblé imperméable à l'hostilité qui régnait, bien trop occupé à parcourir la Gazette du Sorcier en avalant un café noir, l'expression aussi ombrageuse que le reste du temps.
Leur petit-déjeuner avait été ainsi relativement normal, même s'il leur suffisait d'un coup d'œil pour remarquer qu'ils étaient tous sur leurs gardes, prêts à répondre à la moindre attaque, la moindre provocation. La première d'entre elle fut si prompte à arriver qu'ils n'eurent aucun mal à comprendre que les différents qui opposaient les Serpentard et les autres maisons venaient, avec l'agression de Katie, de gravir un nouvel échelon.
Elle eut lieu quand Axel Magnusson, un Serpentard de 5ème année aux cheveux blonds, se leva pour quitter la Grande salle. Entre les deux larges portes de bois, il croisa Cormac McLaggen, entouré de plusieurs de ses amis de 7ème année, se pavanant dans leurs robes rouges et or. Celui-ci bouscula Magnusson d'un violent coup d'épaule en le dépassant, et en profita pour cracher un « Sale Mangemort » suffisamment fort pour que les élèves assis au bout des tables des quatre maisons puissent l'entendre. En un instant, tous les 4ème années de Serpentard, qui étaient les plus proches de la scène, furent debout, baguettes en main, prêts à faire payer McLaggen pour son insulte.
Car les Serpentard fonctionnaient ainsi : peu importait qu'ils aient des âges différents, peu importait qu'en privé, ils s'apprécient, peu importait que l'accusation de McLaggen soit véridique ou non. Quand on attaquait l'un des leurs, ils répliquaient, sans se poser de questions. Faire partie des serpents, cela signifiait certes être intelligent, malin et ambitieux, mais surtout, cela signifiait être là les uns pour les autres, quoi qu'il arrive.
L'altercation semblait sur le point de dégénérer, les Gryffondor ayant eux-aussi sortis leurs baguettes et semblant visiblement prêts à en découdre. Heureusement, le professeur McGonagall s'était levée de la table des professeurs, l'air furibond, et avait lancé un « Expelliarmus » si bien exécuté que les baguettes de tous les élèves debout avaient fait un bond de 20 mètres pour aller lui atterrir dans les mains. A cela, elle avait ajouté la menace de plusieurs heures de retenue, et les belligérants avaient fini par se rassoir, furieux mais tous indemnes.
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Mais au fond rien n'a de sens.
FanficOn raconte toujours l'histoire des vainqueurs, jamais celles des vaincus. Pourtant, durant cette 2ème guerre des sorciers, certains perdants n'étaient pas si différents des gagnants: des enfants entrainés dans un conflit qui les dépassaient largemen...