Décidément les thèmes de ce Impr'octobre son de plus en plus sombre... voilà, j'ai fini par faire mourir quelqu'un... et pas n'importe qui, il s'agit du mentor de mon groupe de héros ! Alors sortez les mouchoirs et donnez un gros câlins à ces petits choux !
Le salon était dans un état lamentable. Chaises renversées, tâches de boue et de sang sur les tapis, jamais Hirako n'aurait pu tolérer cela. Mais à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Après tout, c'était un peu de sa faute si ses chaussures crasseuses reposaient à présent contre les coussins de soie du canapé.
Il n'aurait sûrement pas du sortir dans la forêt, après les menaces que lui et Loup, son petit protégé lupin, avaient reçu. L'ancienne meute du garçon se faisait de plus en plus intolérante, et ce fut une erreur que de se croire capable de pouvoir discuter avec eux. La vie qui s'échappait à présent de son corps las le prouvait bien.
Plus ou moins bien allongé sur le canapé, l'adulte peinait à garder un souffle régulier. Les petites mains chaudes de Luca et Jhonatan contre son ventre ne parvenaient pas à stopper son hémorragie, ni même à refermer la plaie vicieuse qui entaillait sa chaire. Celle-ci était bien trop grande pour leur don de guérison encore faible, et leurs émotions ne leur permettaient pas de trouver la concentration nécessaire pour ce genre de soin extrême.
Une inspiration un peu plus forte que les autres chatouilla la gorge d'Hirako, déclenchant une quinte de toux qui secoua douloureusement son corps meurtri. Sang dans la bouche, fatigue dans les yeux, il serra les dents pour ne pas inquiéter encore plus ses protégés.
- Ça ne marche pas, il faut faire un bandage. Ordonna Lidja, tout près de lui, avec une voix bien plus tremblante que de coutume.
L'adolescente s'efforçait de garder son calme, et évitait de croiser le regard de son tuteur. N'ayant pas le cœur à la raisonner, Hirako se laissa faire. Il ne put que crisper ses mains sur les coussins du canapé, et étouffer une plainte de douleur lorsqu'elle pressa plusieurs compresses sur sa plaie. Il se savait déjà mort, mais n'avait pas le courage de le dire à haute voix. Comme si ce silence pouvait les protéger de la triste vérité.
Luca, Lidja et Jhonatan, les trois enfants un peu spéciaux qu'il avait recueillit il y a presque une dizaine d'années de cela maintenant, s'afféraient pour tenter d'échapper à l'inévitable. Plus il les regardait, là, tous autour de lui pour essayer de le maintenir en vie, plus il se sentait fier. Chacun d'entre eux avait parcourut un chemin long et difficile jusqu'à ce jour, à l'aube de l'âge d'adulte. Et avoir pu les guider sur cette route le remplissait de joie.
Peut être était-ce la douleur, ou bien l'approche de la mort, mais tout lui semblait bien plus simple à présent. Rien n'avait plus d'importance, et les regrets qui le rongeaient depuis si longtemps semblaient bien dérisoires face au bonheur de pouvoir poser ses yeux sur ses protégés une dernière fois. Les mèches rebelles de Luca, les immenses yeux un peu trop expressifs de Jhonatan, le tatouage de Lidja...
Une nouvelle quinte de toux malmena son corps fatigué, et il ne put cette fois ci pas retenir une trainée de sang de s'échapper du coin de ses lèvres. Contre toutes attentes, ce ne fut pas un morceau de tissu doux qui tapota délicatement sa joue pour l'essuyer, mais un revers de manche rêche et vigoureux, accompagné d'une remarque dédaigneuse.
- Alors tu vas vraiment mourir comme ça ?
Malgré le jugement présent dans cette question, Loup, le regard irrité dans celui d'Hirako, tremblait de peur. Le sourire tendre de l'adulte chassa bien vite ce masque de mécontentement et, pour la première fois, le garçon-loup laissa véritablement parlé son cœur. En quelques secondes, ses yeux se remplirent de larmes, dévalant ses joues sous des sanglots qu'il ne prenait même pas la peine de cacher.
Et c'est avec ses dernières parcelles d'énergie qu'Hirako leva une main tremblante jusque sa joue, essuyant celle-ci d'un geste maladroit. Immédiatement, Loup s'empressa de serrer cette main calleuse contre son visage. Son cœur se serra si fort qu'il cru bien le sentir se briser, alors qu'avec une reconnaissance infinie dans le regard, Hirako lui confiait ses dernières paroles sous un sourire bienveillant.
- « Voici mon fils »... toutes ces années j'ai souhaité que ce mensonge soit vrai... murmura t-il, sa voix d'habitude si douce à présent rauque et brisée. Si tu veux de moi, je continuerai de veiller sur toi...
- Ne dis pas n'importe quoi, tu as une famille à rejoindre, idiot. sanglota le canidé.
- Mais Loup, tu fais parti de ma famille...Lidja et les jumeaux ne parvinrent pas à saisir ces derniers mots, murmurés si bas dans un souffle qui se révéla être le dernier. Abasourdit, meurtrit par la douleur et le chagrin, Loup eut bien du mal à comprendre le sens de cet aveu que ses oreilles animales, plus sensible que celles humaines, lui avait fait entendre. Ne venait-il pas juste de perdre sa famille une seconde fois ?
End(less)
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Impr'Octobre
RandomSur une idée original de @MelesBadger. Un dérivé du Ink'October où les artistes présentent un dessin par jour, voici un exercice adapté aux écrivains avec un défi de produire un texte de minimum 500 mots par jour. Les thèmes pour l'inspiration sont...