Un troisième texte avec Sol (et un peu Milan), plus calme et plus intime. Ayé, je l'ai complètement adopté ce nouveau blondinet !
Bien qu'ils soient des meilleurs amis extrêmement proches, il y avait une chose que Sol n'avait jamais dite à Milan. Tous les jours, lorsqu'il prenait le bus en bas de chez lui pour rejoindre son lycée, il croisait la même fille. Chaque matin, elle était là, un livre à la main, ses petites lunettes rondes rivées sur les pages qu'elle semblait dévorer. Quand elle l'entendait arriver, ils croisaient simplement leur regard, et un simple échange de sourires timides suffisait à Sol pour bien démarrer sa journée.
Parfois, elle ne l'entendait pas, et semblait affreusement gêné de ne le remarquer qu'au moment d'entrer dans le bus. Si Sol n'avait jamais parlé à son meilleur ami de cette fille, c'est parce qu'au début, il n'en voyait pas l'intérêt. Mais ensuite, il avait eu honte de sentir son cœur battre plus fort lorsqu'il la voyait. Tomber pour une inconnue, d'accord, mais à vrai dire, elle n'avait absolument rien fait pour le charmer. Elle restait simplement elle-même, là, à attendre le bus avec lui, sans aucun échange de mots.
Il ne le voyait que le matin, jamais lorsqu'il rentrait des cours. Il ne savait même pas si elle était lycéenne elle aussi. Pourtant, il lui donnait à peu près son âge. Sol était bien trop timide avec les filles pour tenter ne serait-ce qu'un bonjour formel. Et il savait pertinemment que Milan le forcerait à cela, si jamais il le lui disait. Il ne voulait pas paraître bizarre, ou idiot, et briser cette relation simple mais rassurante qu'ils entretenaient. La voir à cet endroit chaque matin le rassurait et, quelque part, il se sentait moins seul.
C'était étrange, de se sentir si calme et apaisé à la vue d'une personne que l'on ne connait même pas. Ils ne s'asseyaient même pas côtes à côtes dans le bus. Non vraiment, il s'agissait là d'une relation bien singulière. Et pourtant, pour Sol, cette inconnue avait à présent sa place dans sa vie, comme n'importe quel autre ami.
C'est pourquoi, ce matin là, il avait bien du mal à rester concentrer en cours. Elle n'avait pas prit le bus. Lorsqu'il était descendu de chez lui, et s'était rendu à son arrêt habituel, il n'y trouva personne. Pas de fille, pas de livre, rien. Il vérifia bien trois fois sa montre pour être sûr d'être à l'heure, mais non, il ne s'était pas trompé. Ce matin, elle n'était tout simplement pas là.
Curieux, et aussi quelque part, inquiet, Sol se mit à imaginer toutes sortes de raisons pour lesquelles elle n'aurait pas pu venir. Rhume ? C'est vrai qu'il commençait à faire sacrément froid ses derniers jours. Professeur absent ? Il n'était même pas sûr qu'elle soit étudiante. Cette situation pourtant si banale chamboulait tellement son quotidien qu'il faillit louper l'arrêt du lycée, tant il réfléchissait. Peut être qu'il devrait aller la voir, pour être sûr que tout allait bien. Mais même si elle prenait le bus au même arrêt que le sien, il n'avait aucune idée d'où elle habitait. Le quartier était grand, et il ne la voyait jamais venir jusque l'arrêt de bus. Elle y était toujours avant lui.
En montant dans le bus, le soir après ses cours, Sol ne quitta pas la porte des yeux. Il s'attendait à tout moment à la voir monter. Mais ce fut seul qu'il descendit à son arrêt habituel, avec un horrible sentiment de tristesse. Et si elle n'était pas là demain non plus ? Et s'il ne la revoyait plus jamais ? Il ne connaissait même pas son nom, et déjà, elle lui manquait.
Sol resta éveillé très tard ce soir là, remuant ses pensées qui ne tournaient toutes qu'autour de cette fille. La fille de l'arrêt de bus. Il était plus qu'évident qu'il en était tombé amoureux. Et s'il se sentait bête de craquer pour une fille de cette façon, il se sentait encore plus idiot de ne jamais avoir eut le courage de lui adresser la parole. Alors, serrant fort les yeux pour essayer de s'endormir, il se fit une promesse qui parvient à tempérer ses pensées tumultueuses. Si elle était de nouveau là demain, il irait lui parler. Juste un mot, rien qu'un seul. Ça ne pouvait pas mal se passer, non ?
Le matin suivant, c'est un Sol fatigué qui rejoint l'arrêt de bus en traînant des pieds. Il n'avait pas vraiment réussit à dormir, et ses yeux refusaient de rester ouverts plus de dix secondes de suite. Aussi, il fit le chemin jusqu'à l'arrêt sans trop s'en rendre compte. Mais, après un bref coup d'œil à sa montre, il leva machinalement les yeux pour chercher sa compagne de voyage. Son cœur fit un bond beaucoup plus prononcé que d'habitude dans sa poitrine.
Elle était là. Emmitouflée dans une grosse écharpe, le nez rouge et de la buée sur ses lunettes, un petit livre entre ses mains gantées. Elle était là. Et, avec une grande inspiration lui glaça les narines, Sol ouvrit la bouche pour bredouiller son premier mot de la journée.
End(less)
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Impr'Octobre
De TodoSur une idée original de @MelesBadger. Un dérivé du Ink'October où les artistes présentent un dessin par jour, voici un exercice adapté aux écrivains avec un défi de produire un texte de minimum 500 mots par jour. Les thèmes pour l'inspiration sont...