#7- Je suis capable d'être invisible mais tu peux toujours me voir ?

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Je suis dans les temps cette fois-ci ! Yeah ! Encore un texte avec des personnages inédits, qui apportent un peu de folklore et de mythologie pour le monde de Battle Song, qui est au final mon univers principal et favori lorsqu'il s'agit d'écrire. Bonne lecture~

On sous-estime souvent les petits Dieux

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On sous-estime souvent les petits Dieux. Que se soit chez les Hommes comme chez nous d'ailleurs. Moi, je ne suis qu'une aide pour Sieur Azame, plus connu sur cette terre sous son nom d'usage : la Mort.

Et si notre seigneur est très respecté au panthéon des divinités, il n'en est rien pour nous autres, ses fidèles serviteurs. Je crois bien que nous sommes plusieurs centaines à l'aider dans sa tâche quotidienne. Celle-ci consiste bien évidement à récolter les âmes des défunts pour les escorter jusqu'à leur corps de résurrection. Cela n'a rien de simple, et nous rencontrons chaque jour de nouvelles difficultés à mener à bien notre travail.

Une âme perdue dans la nature peut entrainer une flopée de catastrophe, mais la plus part des autres Dieux ignore cela, et ne nous considèrent guère plus que comme de la main d'œuvre serviable et polie. C'est vrai, nous sommes plutôt dociles. Mais pourtant sans notre aide, ce serait déjà le chaos sur Terre depuis bien longtemps.

Enfin bon... il n'y a pas vraiment grand-chose que nous puissions faire pour nous être entendu de toute façon. Notre travail est notre vie, et il n'attend jamais. Nous ne vivons que pour le mener à bien, ainsi que pour la sécurité de ces pauvres âmes.

L'avantage que nous avons, nous les petits Dieux, est que nous ne dégageons que très peu d'énergie astrale. Il est donc très difficile, même pour l'Homme le plus aguerrit, de nous voir. Hors, aujourd'hui, je suis confronté à un problème qui est en passe de devenir récurant : je suis vu.

J'ai là, juste en face de moi, une petite fille humaine qui ne me lâche pas du regard, ses yeux verts immenses plantés droit dans les miens. Je ne sais pas pourquoi, mais ces derniers jours je la croise toujours lorsque le travail m'amène dans cet hôpital. Maintenant que je prends le temps de la détailler, elle a bien grandit depuis la dernière fois. Cela doit faire plusieurs années que je la vois, et qu'elle me voit elle aussi. Mais le temps passe si vite pour nous, que cela ne me parait être que quelques semaines.

- T'es qui toi ? demande tout à coup la petite humaine, à ma très grande surprise.

- Moi ? questionnais-je à mon tour, une main dissimulée sous les manches trop longues de mon vêtement posée sur ma poitrine.

- Bah oui toi ! répète-t-elle avec un air évident, désignant le couloir vide de son index tendu. Tu vois quelqu'un d'autre ici ?

Je me retourne pour suivre son doigt, et à vrai dire oui, je vois beaucoup d'autres personnes. Ames, collègues, autres divinités, démons... quantités d'êtres qui peuplent le monde astral mais qu'elle ne peut assurément pas voir. Mais alors, pourquoi n'est-ce pas le cas avec moi ?

- T'es un garçon ou une fille ? reprend la fillette, peu perturbée par cette question pourtant existentielle.

- Je n'ai pas de genre. Répondis-je platement, faire la conversation ne fait pas vraiment partit de mes aptitudes.

- Et c'est quoi ton nom ?

- Je n'ai pas de nom non plus.

- N'importe quoi, tout le monde a un nom !

- Je n'en ai pas.

- Tu en veux un ? Oh ! Je peux t'en donner un moi !

- Non je...

- Timothy ! Tu vas t'appeler Timothy !

Allons bon, voilà qu'elle me nomme à présent. Et son sourire aux dents de laits manquantes me laisse perplexe. Mais pour elle tout semble normal, et mon absence de réponse ne l'empêche pas de poursuivre la conversation.

- Tu fais quoi ici ? reprend-t-elle.

- J'emmène les âmes des défunts vers leur corps de réincarnations. Récitai-je, réponse automatique face à l'évidence de la chose.

- Ah bon ?! Et on peut choisir ?! s'étonne la petite.

- Non, on ne peut pas choisir quand on est mort.

- Alors, moi est-ce que je peux choisir pour quelqu'un de mort ?

- Je suppose que c'est possible...

Les yeux verts braqués sur moi se ferment une seconde, puis la petite fille baisse le visage, soudainement très calme, voir sûrement triste au vu des larmes qui roulent à présent sur ses joues. Après quelques reniflements forts bruyants, elle lève un regard larmoyant sur moi, et tortille ses doigts dans un tic nerveux que j'ai beaucoup observé chez les humains.

- Ma maman elle va s'endormir pour la vie très bientôt... bredouille-t-elle entre ses larmes. Est-ce que... est-ce que tu peux la réincarner en chat s'il te plaît ? Tout le monde est gentil avec les chats et comme ça, elle aura toujours une maison.

Je dois avouer que sa logique m'échappe. Mais soit. Un chat. Après tout pour moi, cela ne change pas grand-chose que cette future âme soit guidée vers un félin plutôt qu'un autre être vivant. Seulement, si je veux pleinement accomplir cette requête, il me faut m'assurer que soit bien moi qui porterai cette âme.

- Où est ta maman ? demandai-je à la jeune fille, dont les yeux s'ouvrir grand d'étonnement.

Avec un immense sourire, elle me guide à travers les couloirs blanc de l'hôpital, jusqu'à une toute petite chambre dans laquelle repose une femme, déjà presque partie. Son énergie astrale s'envole par longs filets lumineux de son enveloppe charnelle, elle n'en a plus pour longtemps.

- Très bien, je reviendrais quand il le faudra.

Et si mon regard croise celui de la petite fille, je ne lui laisse pas le temps de me répondre et file plus vite que le vent accomplir mon travail initial. J'ai pris énormément de retard avec cet incident.

Lorsque je reviens, comme promis, chercher l'âme de cette femme, la petite salle dans laquelle elle repose est cette fois ci remplie de monde. La jeune fille me voit toujours, et c'est un bien triste sourire qu'elle m'adresse. Je sens son regard sur moi, alors que je serre l'âme entre les longues manches de mon vêtement pour l'empêcher de s'enfuir. C'est une âme relativement calme. Je n'ai aucun mal à la guider, et c'est presque avec volonté qu'elle se glisse dans son nouveau corps, tout juste sortit du ventre de sa mère.

Puis je suis retourne une nouvelle fois dans cette pièce bondée de monde. Rien ne m'y oblige pourtant. Si ce n'est peut être, en guise d'excuse, le plaisir de savoir le travail bien fait. Cette fois ci la petite fille est dans le couloir. Là, adossée au mur blanc, elle semble perdue dans ses pensées. Aussi ne suis-je donc pas surpris de la voir sursauter lorsque je m'avance devant elle.

- Timothy ?

- Je n'ai pas besoin de nom... Rappelai-je.

Puis, voyant qu'elle s'apprête à me répondre, je déplie mes longues manches pour lui dévoiler le minuscule chaton qui y repose entre elles. Délicatement, je tend mes mains vers elle, l'incitant à le prendre. Ses petits doigts ont à peine touchés son pelage que déjà, elle pleure, et avec un immense sourire sur son visage.

- Mais lui en aura surement besoin d'un. Ajoutai-je dans un souffle, avant de m'évanouir une nouvelle fois, jusque notre prochaine rencontre.

End(less)

Impr'OctobreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant