La trahison de l'Incube (Murmures de pixies 1)

III - Châtiment - 1

Deuxsemaines après la virée nocturne dans la cuisine, Aurelio futcontraint de faire bonne figure face à d'autres Exorcistes. Acause de lui, Léa n'avait pas vu ses amies depuis des semaines, etavait décidé de les inviter au manoir. Malheureusement, Aurelio nepouvait y échapper. Devenu le compagnon officiel de Léa, il nepouvait se soustraire à ces présentations. Aleksandar avait insistéà ce sujet : s'ils s'aimaient, il fallait que le mondeentier le sache ! Par chance, Aleksandar n'était pasparticulièrement fier d'avoir un Incube pour beau-fils, aussi nele présentait-il que lorsqu'il n'avait pas d'autre choix.Abigaïl, pendant ce temps, riait sous cape. Son mari avait bien dûse faire à l'idée que cet Incube n'était pas qu'une passadepour sa fille, laquelle avait largement passé l'âge d'éprouverdes sentiments sans les comprendre. Léa aimait cet Incube. Abigaïlétait heureuse pour elle. Elle pensait à sa propre jeunesse, à sespropres passages dans les bras d'Incubes... elle était heureuseque sa fille puisse connaître cela plus d'une nuit.

Ellene s'était pas privée de le dire à Aurelio, le mettant dans unesituation embarrassante, qui la fit rire aux éclats. Il était sidifficile de gêner un Incube, et elle y était parvenue avec unetelle facilité !

Pourl'heure, ni elle ni son mari n'étaient présents au manoir.Depuis une semaine, ils avaient laissé l'entière responsabilitéde la demeure à Léa, ce qui la ravissait. Et Aurelio aussi. Il necomptait plus le nombre de fois où les domestiques étaient entrésdans la pièce et les avaient surpris dans des positions quifaisaient gémir Léa de plaisir. Il avait même aperçu un serviteurles observer avec curiosité, le visage penché sur le côté commes'il essayait de comprendre leur position. Aurelio l'avaitrenvoyé d'un mot sec et était retourné à sa compagne. De toutefaçon, même s'il avait compris, le domestique n'aurait jamaispu les imiter. Personne ne pouvait copier les talents d'un Incube.

Illeva les yeux vers le manoir, se demandant dans quelles pièces iln'avait pas encore pris Léa. Il fallait y remédier au plus vite.

Ilse retourna vers les jardins magnifiquement entretenus. Malgré sonair bourru, Aleksandar avait la main verte. Aurelio n'avait jamaisvu de jardinier autre que le maître des lieux ici. C'était lepetit chef-d'œuvre d'Aleksandar.

Ilmarcha dans les allées, savourant le crissement des graviers coloréssous ses pas. Bientôt, le pépiement des oiseaux fut remplacé parcelui de daemones. Trois daemones pour être exact, étendues parterre comme si elles se trouvaient dans leur chambre pour une soiréepyjama. Elles battaient des pieds joyeusement, prenaient d'un gestedistrait des petits fours disposés sur des plateaux qu'ellesavaient posés à terre, et discutaient gaiement. Et bruyamment.

Léaétait de loin la plus bruyante de toutes, vêtue comme d'habitudede sa tunique aux armes de sa maison. Celle-ci était de couleursplus gaies que d'habitude, ce qui amusait beaucoup Aurelio. Ilignorait combien de tuniques Léa comptait dans ses armoires, maiselle semblait en avoir de toutes les couleurs et de toutes lesformes. Celle-ci était orange clair avec des sabliers jaunes, commele pantalon large qu'elle avait mis dessous.

Ases côtés se tenaient deux autres Exorcistes. Une d'Aaste et uneReignac.

Sonregard s'arrêta d'abord sur la Reignac. Sandra Reignac. De deuxans l'aînée de Léa, elle arborait ce jour-là un bustier marronqui s'arrêtait sous ses seins, ainsi qu'un chemisier bouffantqui mettait sa poitrine en valeur. Avec tous les efforts du monde,Aurelio avait du mal à en détourner les yeux. Une jupe longue de lamême couleur que son bustier complétait sa tenue. Ses cheveuxavaient la même teinte que ses vêtements, et ses yeux... Aurelion'avait pas besoin de les voir pour savoir qu'ils étaient aussiimpressionnants que ceux de Léa, dans leur genre. Marrons, desperles dorées semblaient s'y déplacer sans cesse. Étonnant.