II -Surprise - 1

208 17 0
                                    


Ilsétaient encerclés. Aurelio les avaient cherchés pendant longtemps,et cette fois-ci, il les tenait. Une bande de pillards qui avaientcru pouvoir échapper à la justice de Mirabelle. Elle était seule àpouvoir détruire les vies de ses semblables et ne laissait ceprivilège à personne d'autre.

Laréception avait eu lieu deux semaines plus tôt, et Mirabelle avaitdécidé de l'embaucher, lui et son équipe, pour des missionsdangereuses comme celle-ci. La tradition voulait qu'on engagetoujours des Incubes lorsqu'il y avait des risques de combats : ilsétaient des guerriers hors-pairs et, bien qu'Aurelio ne soit pas àtotalement Incube, il ne dérogeait pas à la règle.

-Onles a encerclés, lui annonça Luciano. On peut passer à l'attaquequand tu veux.

-Non.On va essayer de régler ça pacifiquement, pour commencer.

Savoirse battre, c'était aussi savoir éviter le combat, d'après lui.Beaucoup lui reprochaient cet état d'esprit, y voyant une preuvede plus de sa bâtardise... cela le blessait, mais qu'ypouvait-il ?

Lespillards avaient dressé leur campement au centre d'une clairièreet, pour l'heure, mangeaient et criaient à tout va, certains de nepas être ennuyés à défaut d'être seuls dans cette forêt. Ilsavaient acquis une solide réputation ces dernières semaines, et ilscomptaient dessus désormais. Dans le dernier village qu'ilsavaient attaqué, ils n'avaient même pas eu besoin d'êtremenaçants : en les voyant arriver, les villageois leur avaientdonné tout ce qu'ils demandaient.

Aurelione pouvait le leur reprocher. S'il avait encore une famille àprotéger et qu'elle avait couru un tel danger, il aurait agi de lamême manière.

Quevaut l'honneur face à la vie de ceux qu'on aime ?

-Tuveux leur parler ? s'étonna Luciano. Pourtant, tu détestesce genre de personnes.

-C'estvrai.

Ildésigna d'un coup de menton l'Incube qui se tenait à quelquesmètres d'eux, sur leur droite. Livio. Il était jeune, vingt ans àpeine. Trop jeune pour être déjà un mercenaire. Il n'était pasle seul. Ces derniers temps, bon nombre de jeunes Incubes étaientpassés par-dessus leur répulsion à être commandés par un métiset avaient rejoint ses rangs. Ils portaient tous le blason d'Aurelio,la preuve qu'ils faisaient partie des Gladius alae.

-Jen'ai pas envie de les mettre en danger. Ils sont jeunes, ils ont letemps avant de risquer vraiment leur vie.

-Çane se passera pas si facilement. Ils ne se laisseront pas faire,grogna Luciano en désignant la clairière.

-Peut-être.Laisse-moi tout de même essayer. J'aimerais leur faire comprendrequ'ils mourront s'ils n'acceptent pas d'être emmenés commeprisonniers.

-Ilsmourront même s'ils acceptent... marmonna Luciano.

Aureliofit mine de ne pas l'entendre. Peu lui importait le sort despillards. Seul comptait celui de ses guerriers.

-Allez,j'y vais.

Iltraversa les broussailles pour entrer dans la clairière. Tout àleurs occupations, les pillards ne le virent pas de suite. Il auraitparfaitement pu en tuer deux ou trois avant qu'ils n'aient letemps de réagir. L'envie lui démangea les mains, pourtant il nele fit pas. Il se planta à la limite de la lumière de leur feu decamps, les mains dans le dos, et attendit. La lueur des flammesdonnait à sa redingote noire des reflets rougeâtres. Aurelion'était pas conscient que cela, ajouté à son expressionméprisante, lui donnait un air de dangerosité qui surprit lespremiers pillards qui posèrent les yeux sur lui et firent reculercertains d'entre eux. Quelques secondes suffirent pour que tous leremarquent. La plupart posèrent leur main sur les armes qu'ilsportaient à leur taille et le plus proche d'Aurelio – un Sorcierau visage couturé de cicatrices - demanda, d'une voix hargneuse,ce qu'il faisait ici.

La trahison de l'Incube (Murmures de pixies 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant