Gemmaétait une ville minière. Située à proximité des carrièresd'opales, elle abritait la plus grande concentration de chercheursde pierres précieuses, de prêteurs sur gages, de bijoutiers ettoutes activités liées aux trésors de Mundo Daemonia. Y compris lacontrebande. Surtout la contrebande.
C'étaitla présence de toutes ces pierres qui justifiait celle des gardes deMirabelle, en une telle abondance. Impossible de faire un pas sanstomber sur l'un d'eux.
Sivraiment Léa s'était battue ici deux jours plus tôt, commentavait-elle fait pour s'en sortir vivante ? Les gardes nerigolaient pas avec l'ordre, ici. Ou plutôt, ils ne rigolaient pasavec ceux qui troublaient l'ordre lorsqu'il ne s'agissait pasde l'un d'entre eux. Il était de notoriété publique qu'ilsavaient la main mise sur la ville, avec l'assentiment de Mirabelle.Tant qu'elle touchait sa part – quatre-vingt-cinq pour cent - desrevenus liés au marché de l'opale, peu lui importait comment celafonctionnait ici.
CommeManerium Sceletus était un domaine de liberté, comme Agrum Belloétait une zone de paix, Gemma était un lieu de non-droit.
Aurelioétait un guerrier, et seule sa fierté de guerrier et son assurancelui donnaient le courage d'entrer dans la ville.
Beaucouppréféraient la contourner.
Apriori, Léa et Rurik – cet imbécile – étaient venus ici.
Ildevait trouver l'endroit où ils avaient séjourné, l'endroit oùils s'étaient battus, apprendre comment ils s'en étaient sortiset où on les soupçonnait d'être partis.
Ilse dirigea vers le centre-ville. Ici, l'endroit le plus dangereuxétait le pourtour de la ville, là où les chercheurs d'opales sepromenaient le plus souvent avec les pierres qu'ils avaienttrouvées dans la journée, là où il était le plus facile de lesvoler. On y trouvait des bars, des tavernes, des bordels, tout ce quipouvait attirer les chercheurs en fin de journée. Tout ce quipermettait de les dépouiller. Personne n'avait jamais eu l'idéed'y construire des auberges. Aucun voyageur ne serait assez stupidepour s'y rendre. Pas même un Incube fou.
Ilarriva donc dans le centre-ville, où il espérait pouvoir trouverune trace de l'affrontement. Il était plus que probable que celace soit passé ici : où Léa et Rurik auraient-ils pu dormirsinon ?
Ilpensait que les recherches allaient lui prendre du temps.
Ils'était trompé.
Avecstupéfaction, il put constater que toute une partie du centre-villes'était écroulée. Armés de brouettes, les habitants de Gemmaétaient en train de déblayer ce qu'ils pouvaient, tandis qued'autres recherchaient d'éventuels survivants sous les gravats.
Pourune fois, il put admirer la coopération entre les races. LesMarcheurs de rêves s'immisçaient dans les pensées des daemonsenfouis pour les localiser puis revenaient alerter les secours. LesSorciers usaient de leurs pouvoirs pour soulever les bâtimentsdétruits. Les Walkyries faisaient de même en usant de leurs seulesforces. Les Chamanes soignaient ceux qui étaient ramenés à lasurface, les couvrants de bijoux sans se soucier de leur prix. Plustard viendraient les Exorcistes. Lorsque plus personne ne serait envie là-dessous, ils feraient remonter les corps à la surface pourleur donner une sépulture décente.
Danscette si parfaite organisation, seuls les Incubes et les Succubes netrouvaient pas leur place. Même les Nuls aidaient, à la hauteur deleurs moyens.
Ilmit pied à terre, attrapa Alba par la bride et tenta de se frayer unchemin dans toute cette agitation. Il n'était qu'un voyageur, unIncube qui plus est, personne ne lui demanderait de l'aider. Nonseulement la situation ne le regardait pas, mais en plus il en auraitété incapable.
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La trahison de l'Incube (Murmures de pixies 1)
AcciónMirabelle Maglietta est une reine cruelle qui n'hésite devant rien pour arriver à ses fins. Aurelio le sait : il a été son bras armé pendant des années. Aujourd'hui, il devient la victime de ses machinations : à cause d'elle, la femme qu'il aime fui...