IV - A la recherche de l'Exorciste - 2

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Contrairementà son habitude, il ne s'installa pas dans le coin le plus reculéde la taverne, mais en son centre. Table la moins utilisée par lesvoyageurs, elle avait encore le lustre du neuf. Il s'assitconfortablement, et commença par tendre l'oreille.

Ilentendit bon nombre de rumeurs inintéressantes : la femme duboulanger qui était une Marcheuse de Rêve et qui en profitait pourinfluencer ses clients dans leur sommeil, le Chamane renégat quiétait passé par ici et qui avait payé avec des bijouxd'une valeur inestimable comme s'ils étaient sans intérêt,cette Vierge de glace qui les avaient tous terrorisés, à commencerpar les Walkyries qui avaient cru pouvoir sympathiser avec elle,cette Succube qui avait promis de profiter de l'Incube qui venaitd'arriver...

Acette idée, Aurelio réprima un frisson d'horreur. En tempsnormal, il n'aurait jamais refusé une daemone qui pariait sur lui.Sauf lorsqu'il s'agissait de Succubes. Ces daemones, pendantféminin des Incubes, étaient les seules qu'il refuserait àjamais de toucher. La seule idée de poser ses mains sur l'uned'entre elles lui donnait envie de vomir.

Ildut attendre de nombreuses heures avant d'entendre enfin ce qu'ilvoulait.

-Vousavez entendu parler de ce qu'il s'est passé chez les Munzi ?demanda un daemon dans le dos d'Aurelio.

Celui-citournait le dos au bar, chose qu'il n'aurait jamais faite entemps normale – c'était l'endroit le plus dangereux d'unetaverne – et il ne pouvait voir celui qui venait de parler. Ilcrispa la main sur la chope presque vide qu'il tenait et tenditl'oreille.

-Toutle monde en a entendu parler, grogna une voix qui ressemblaitbeaucoup à celle du barman.

Ilavait l'agressivité d'un daemon touché dans ses sentiments.Aurelio l'apprécia instantanément.

-Tuparles. Les plus gros employeurs de la région. Tous leursdomestiques et leurs gardes venaient d'ici, reprit une troisièmevoix.

-Ilparait que la fille de l'épicier y est restée. Elle n'étaitentrée à leur service que dix jours avant l'attaque, révéla unequatrième.

-CetteMaglietta. Elle ne leur a même pas donné d'ultimatum. Elle adonné l'ordre de les exterminer, comme ça, sans leur laisser unechance de s'en sortir.

-J'aientendu dire qu'ils ont attaqué par surprise. Ils ont défoncéela porte, on chevauché vers le manoir et ont tué tout ce qui leurtombait sous la main.

Petità petit, la conversation attirait les habitués du bar. Bientôt,Aurelio fut le seul à rester à sa table. Il hésita : cela neserait-il pas étrange qu'il ne s'intéresse pas à laconversation ?

-PauvresMunzi. Ils étaient si gentils.

Unevoix de femme. La tavernière ?

Ilse décida enfin à se retourner. Il avait besoin de savoir au plusvite si des rumeurs concernant Léa étaient parvenues à ces gens.Il ne trouverait peut-être pas partout des daemons montrant aussiostensiblement leur désapprobation envers les agissements deMirabelle.

-Dequoi parlez-vous ? demanda-t-il candidement. Qui sont cesMunzi ?

Lesbuveurs se retournèrent d'un bloc vers lui, choqués et surprispar son ignorance.

-Vousne savez pas qui sont les Munzi ?

-Lesseuls Munzi que je connaisse sont les Exorcistes les plus puissantsde Mundo Daemonia. Des gens plus que respectables, répondit-ilinnocemment.

Cessimples phrases lui valurent l'approbation et la sympathie de toutel'assistance.

-Iln'y a plus de Munzi, annonça sans fard le barman. Ils sont tousmorts, tués par l'armée de la Maglietta.

La trahison de l'Incube (Murmures de pixies 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant