- Mais que veut-il faire de George ?
- Je ne sais pas ma petite. Mais les personnes qu'il emmène dans son château ne reviennent jamais.
À l'idée que cet être cruel ai enlevé George et soit en ce moment en train de lui infliger les pires tortures, ma vision se brouille de larmes et je sers les jupons de Magda un peu plus fort entre mes doigts tremblants.
- Mais papa et Philippe vont le retrouver. Ils sont forts et intelligents !
- Ton père ne pourra malheureusement rien contre le seigneur des enfers. Aussi intolérable que soit cette idée, il doit accepter le fait que George est sans doute perdu... et toi aussi.
- Non ! George n'est pas perdu ! Moi, je saurais le retrouver, m'écriais-je en me détachant brusquement de son étreinte.
- Et comment compterais-tu t'y prendre du haut de ton 1m20 ? Me demande-t-elle faussement curieuse.
- Je...je trouverai Lucifer et je vais le tuer ! Je te le promet !
Alors que je m'attend à ce qu'elle félicite ma bravoure, elle se rembrunit d'un seul coup et la mine angoissée me dit sévèrement
- Ne fais pas l'imbécile. On ne saurait le tuer, et sûrement pas une petite fille telle que toi !
- Moi je pourrais le tuer !
- Cesse de dire pareilles sottises !
- Mais....
- Pas de mais ! Je serai dans la chambre d'à côté si tu as besoin de moi mais interdiction de sortir, tu dors !
- Magda !
- Ça suffit Louise ! Mes histoires n'ont pas pour but de te faire courir à ta perte. Si tu continues avec ses bêtises, je ne t'en raconterai plus !
Et sur ces derniers mots, elle sort en refermant aussi brusquement qu'elle peut la porte.
Je n'aime pas quand elle me crie dessus. Mais j'aime encore moins écouter.
Dès qu'elle est sortie, je me rue dans ma commode et attrape sous ma pile de jupes un petit couteau que j'avais volé à la forgerie. Je le fais tourner entre mes doigts en analysant la fine lame brillante. Je n'aime pas les armes. Maman dit que je suis une petite fille froussarde, capricieuse et précieuse. Jusqu'à aujourd'hui, je ne l'avais jamais contredite.
Mais je vais leur prouver à tous qu'ils se trompent, que je suis la plus brave de toutes.- Je vais te retrouver George, je te le jure.
J'attend d'entendre les ronflements de Magda dans la chambre d'à côté et sors le plus discrètement possible par la fenêtre qui donne sur les bois. Mais en l'enjambant, je m'érafle le genoux sur un clou et commence à saigner. Sous la douleur, je piaille et tente tant bien que mal de retenir les larmes qui menacent de couler en reniflant.
Courage Louise, n'oublie pas ce qu'a dit maman ! Tu n'es pas un bébé !
Une fois dehors, je cours vers les bois sans un regard en arrière, je trottine aussi vite que me le permettent mes jambes entre les arbres que je reconnais malgré l'obscurité. Depuis aussi loin que je me souvienne, je viens ici quand les autres suivent leurs cours de défense. La forêt est interdite aux enfants mais je ne m'en suis jamais souciée, ce qui m'a valu de nombreuses corrections. Quand je rentrais enfin à la maison, je me faisais toujours gronder par ma mère et quand c'était mon père ou Philippe qui me retrouvait en premier, j'avais droit à une gifle.
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Reine de la nuit [sous contrat d'édition]
ParanormalL'homme sur la colline, on raconte des tas de choses sur lui au village. Il serait sans pitié pour ceux qui pénètreraient son territoire. La forêt lui appartient, la forêt qui borde mon village. J'ai l'interdiction formelle d'y mettre un pied. Mais...