Flèche

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Je poste ce texte dans ce recueil car c'est ici que tout à commencé.

C'était un samedi soir, le ciel était noir

Une nuit ordinaire se transformant en échappatoire

Après de longue minutes d'auto, les notes ronflent comme le moteur d'une moto

La voix de l'élixir poétique s'infiltre entre les mailles du micro

Mes yeux contemplent la scène avec un intérêt particulier

Mon coeur palpite et ses pulsions ne semblent jamais s'arrêter

Me voilà entre les miens, des inconnus à l'âme bercée d'encre

Tous réunis sur un navire décidant de ne jamais jeter l'ancre

Des mercenaires à l'abordage de nos passions dévorantes

Des juments et des étalons aux envies de libertés galopantes

La musique transforme le bar en gigantesque messe

Une ode au parfum des lettres et sa raffinée délicatesse

Pause, prenez une grande inspiration

Entre quatres mots se glissent une sourire ou une pluvieuse réaction

Plusieurs corps complexes se succèdent sur le devant de la scène

Des bijoux aux infinis carats et aux reflets schizophrènes

Je pourrais les écouter pendant des heures, ces auteurs d'un monde meilleur

Lui qui arrache ses pages à mesure qu'avance le lecteur

Eux prennent leur plume et fixent le temps avec une aiguille dorée

Celle de l'horloge mécanique d'une âme passionnée

L'odeur des boissons et des cigarettes parcoure le plafond

Une senteur délicate dans un cou meurtri par de douloureux suçons

Bienvenue dans l'artère principale de la rime

Le pont entre la tête et le coeur, en son sang coule un délicieux millésime 

Puis vint le moment où je dû m'avancer sur la piste 

Soudain les pulsations se taisent, je deviens soliste 

Mes jambes sont des feuilles frêles sous un vent automnal 

Mon corps est une forêt sèche sous une brise estivale 

Ça y est c'est à mon tour de faire craqueler les murs, usant de la force de ma prose 

Sur le chemin de mes démences, plus aucune porte close 

Je saisis le porteur de voix et fais vibrer mes cordes 

Aussi serain qu'un cyclone qu'on borde 

Les phrases s'enchaînent, se déchaînent 

Mes peurs s'effacent, j'ouvre mon parapluie sous une pluie diluvienne 

Ma voix est une balle rebondissante 

Sautant sur chaque mot, montrant des pattes blanches qui jamais ne se gantent 

Un moment court qui paraît infini 

Je suis Hubble et cet instant est Discovery 

Puis c'est le point final de cette épopée 

Je descends de mon fidèle destrier 

Qui repart gambader dans de grandes plaines 

Mon reflet invisible fleuri d'officinale verveine 

Mon tour est fini, le magicien repart 

Dans un écosystème brûlant où l'encre est un fard 

J'ai éprouvé de l'amour pour ce soir unique 

Cette antre de douceur était mon antalgique 

Papa, ce soir j'ai su te rendre fier 

J'ai senti que ta voix vibrait et que les larmes montaient en toi comme du lierre 

Le bonheur te faisait voler avec des ailes au dessus d'une froide ville 

Sur laquelle pleuvent les gènes de Musset ou d'Amantine Aurore Lucile 

Loan. 

° Croissant °Où les histoires vivent. Découvrez maintenant