Coup de blues

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Cela faisait déjà deux jours, ou plutôt deux nuits que la fille aux cheveux blancs avait pris la place de James aux côtés de Sam. Et cela faisait deux nuits que l'ado était tiraillé jusqu'à la fin du "concert" se demandant s'il pouvait se présenter alors qu'"elle" était là, ou s'il fallait mieux rester dans ses retranchements. Il en était presque jaloux, de cette fille.

Cela faisait deux nuits où Vanille cru être au summum du bonheur absolu.

Et elle n'était pas au bout de ses surprises.

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-Salut...

-Hey ! Bonsoir James, ça fait un bail, comment vas-tu ?

Le garçon n'eut pas le temps de répondre car le violon à qui il parlait s'était soudainement envolé dans un nuage de fumé et à sa place se trouvait juste un bout de ficelle blanche.

Bizarre...

Il le prit dans sa main et décida de le suivre. Il remonta jusqu'au toit du collège en essayant d'éviter comme il le pouvait des raquetteurs aux têtes monstrueuses. Il y trouva Nola qui l'attendait. Celle-ci avait l'air de vouloir lui parler mais chaque fois qu'elle ouvrait la bouche c'était le son d'un violon déréglé qui en sortait. James fut obligé de se boucher les oreilles tant c'était insupportable.

Sans s'en rendre compte, il avait fermé les yeux. Alors quand il les rouvrit, et qu'il se trouvât dans une cage, accroché à la fois aux barreaux et aux poignets de chacun de ses parents, dans le noir le plus complet, et alors que les insultes se déversaient entre les deux adultes autour de lui, il paniqua et se mit à hurler. Il continua à hurler de plus belle quand, à force de faire balloter la cage, voulant se déchirer l'un l'autre, ses parent firent tanguer leur prison au point de la faire tomber dans un puit sans fond.

Alors que la chute interminable allait se terminer dans une bouillit de sang et de souffrance et que James s'attendait à heurter le sol, il ouvrit les yeux d'un coup sur les murs de sa chambre faiblement éclairés par le clair de lune. Il avait chaud, de la sueur partout, il avait peut-être même hurlé pour de vrai. Mais le pire c'est qu'il avait refait pipi au lit - foutue maladie ! 

Et même s'il était vivant et que ça n'était qu'un vilain cauchemar, il ne fût pas soulagé pour autant de revenir à la réalité, car elle n'était pas beaucoup mieux.

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Ce matin-ci il pleuvait des cordes au dehors et des larmes dans le foyer de James.

Ses parents avaient évoqués le divorce.

Bien sûr, il s'en doutait un petit peu, mais une grande espérance persistait en lui qu'au final tout finirait par s'arranger. Le rêve resterait malheureusement rêve. Et malheureusement, au final, le jeune homme avait finit par prendre habitude aux cris et aux accusations venimeuses qu'ils s'échangeaient la plupart du temps, quand ils ne parlaient pas boulot ou même les deux. Tiens, parlons-en, le boulot : ça aller être problématique s'ils se séparaient alors que dans leur agence ils dépendaient l'un de l'autre ! James avait atrocement besoin de réconfort ce soir-là, besoin de chaleur humaine pour le consoler. Malheureusement pour la petite Nola, ses ronrons rassurants ne suffisaient pas à aider son ami. Il n'avait réellement besoin que d'une chose: se fondre jusqu'à se perdre dans la douce mélodie du violon. Et oublier.

Même l'alcool, il en était certain, ne pouvait être aussi efficace.

Il était épuisé de tout cela, les cris, les rackets, la solitude. Et de devoir s'effacer pour permettre à l'amie de Sam de profité de façon VIP du « concert » à sa place. C'était bien triste pour un garçon de son âge de vivre tout cela, même s'il avait conscience, au fond, qu'il existait pire situation que la sienne. Mais ce soir il n'y avait aucune pitié qui vaille: il se dit que chacun mène son propre combat avec ses propres difficultés qui ont ou non une grande importance sans avoir à comparer à pire que soi.

N'importe-quel problème mérite d'être résolu, même le plus petits des pépins.

Alors, cette fois, James n'hésita pas et enfourcha sa fenêtre pour attendre Sam sur le toit. Après tout, "elle" n'était pas venue hier, avec un peu de chance il aurait son ami pour lui tout seul ce soir ?

Nola le regarda d'un air hautain depuis sa taie d'oreiller royale. Elle cacha son hésitation en se léchant quelques poils de patte, faisant mine qu'elle était très bien toute seule, puis finit par sauter du lit et rejoindre son ami au galop.


Le garçon au violonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant