Chapitre 8 - Archibald

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La nuit est bien avancée et Archibald avance à tâtons dans le salon. Une silhouette lui coupe la route et il ne peut s'empêcher de lâcher un juron de frayeur. La lumière s'allume brusquement et en mettant sa main devant les yeux, il reconnaît Ambrose.

« Ambrose, qu'est ce que tu fais encore ici ? Je te croyais parti.

La voix est pâteuse et la lumière éblouissante.

« Vous n'avez pas l'air bien monsieur.

Gardant les mains sur son visage, Archibald cligne des yeux et Ambrose tourne le régulateur pour diminuer l'intensité de la lumière. Quand son hôte titube, le garçon se précipite pour le rattraper. Incapable de soutenir son corps massif, il accompagne sa chute dans un canapé puis reste à genoux devant lui.

« Trop bu ce soir, grommelle Archibald.

Ce dernier se sent euphorique depuis le dîner que la famille a partagé avec Marleen et son petit fils. Tous participaient à une discussion enjouée et animée. Chacun semblait apprécier le moment passé ensemble et cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé au sein de la famille. A chaque nouvelle bouteille ouverte, Lauren, loin de s'énerver contre Archibald comme à son habitude, lui tendait son verre en lui souriant, complice. Ils ont même laissé boire les enfants plus que de raison. Se rappeler ces sourires lui réchauffe le cœur et la présence d'Ambrose le réjouit au lieu de le mettre mal à l'aise comme d'habitude.

« Vous n'allez pas vous coucher ? 

Archibald s'enfonce un peu plus dans le sofa et laisse sa tête pencher en arrière. Il soupire longuement puis rigole.

« Ambrose, il est grand temps que tu me tutoies, tu ne penses pas ? 

L'alcool le fait hésiter sur bien des mots et il a l'impression de parler trop fort.

Archibald se frotte les yeux pour tenter de reprendre ses esprits. Le jeune homme lui sourit puis pose ses mains sur ses cuisses. Le contact lui semble brûlant et il sursaute. Il a confusément la sensation qu'il doit réagir, se lever ou éloigner le jeune garçon. Il essaye de parler mais bredouille des mots qu'il ne finit pas, une phrase sans aucun sens. A quatre pattes devant lui, Ambrose se penche vers ses pieds. Sa langue s'étire lentement sur l'un de ses mocassins, aussi langoureusement qu'un chat qui s'étire au soleil, laissant une trace luisante sur le cuir noir légèrement poussiéreux. Son pied nu dans le mocassin sent le passage chaud de la langue à travers le cuir et le ventre d'Archibald se noue, sa respiration s'accélère. Atrocement gêné, il remue sur sa place. Relève-toi et va te coucher ! Il veut demander au jeune homme de s'arrêter mais l'alcool alourdit sa langue et annihile sa volonté. Les caresses du garçon font naître une torpeur grandissante qui s'empare de tout son corps. La langue recommence à glisser sur le mocassin, toujours aussi lentement puis remonte sur la peau nue de la cheville. Un frisson parcourt Archibald quand il sent le contact humide sur sa peau. Ambrose recommence son manège sur l'autre mocassin puis les ôte et pose les pieds nus de son aîné à plat sur le sol, l'un à côté de l'autre. En appui sur ses mains, il se penche pour les lécher. Assis comme il l'est, Archibald le surplombe. Le tee-shirt d'Ambrose glisse sur son dos quand il se penche et Archibald observe la courbe de ses lombaires, creusée comme une montagne russe. La ceinture du pantalon se surélève légèrement au niveau de la taille et révèle la naissance de ses fesses, une petite virgule sombre, noyée dans une écume de poils noirs. Archibald sent ses joues et sa nuque brûler alors qu'il se perd dans l'observation de ce point interdit. Sa tête continue à tanguer dangereusement. Pendant ce temps, Ambrose lèche ses orteils un à un. Il part délicatement de l'ongle, sa langue glisse entre les orteils puis remonte sur le cou du pied. Le cœur d'Archibald résonne violement à ses tempes. Les baisers d'Ambrose l'engourdissent et il déglutit avec peine. La langue provoque sur sa peau nue un frisson, qui ankylose tout son corps et coupe sa respiration. Puis le jeune homme se redresse. Archibald, honteux de ne pas avoir empêché ce qui vient de se produire, garde la tête en arrière. Ambrose se saisit de l'un de ses pieds et le porte à sa bouche. Il fait disparaître un orteil entre ses lèvres, puis son voisin. Il les suçote tous avec attention, en mordillant la pulpe. Puis il pose le pied contre son cou. Le contact avec sa peau chaude et vibrante fait sursauter Archibald. Ambrose s'occupe de son autre pied, gardant le premier coincé entre sa clavicule et son oreille. Il réunit ensuite les deux au même niveau et les embrasse l'un après l'autre, allant jusqu'à prendre les deux gros orteils ensembles dans bouche. L'érection qui déforme le pantalon léger d'Archibald l'embarrasse. Il réalise que n'importe quel membre de sa famille pourrait faire irruption dans le salon et les découvrir dans cette position. Lève-toi et va te coucher ! Il se redresse péniblement mais se laisse aussitôt tomber par terre. Il trébuche à genoux et Ambrose le prend dans ses bras pour l'empêcher de tomber. Serre-moi ! Le jeune homme semble lire dans ses pensées car il resserre son étreinte. Blotti dans les bras d'Ambrose, Archibald sent sa volonté le trahir. Une boule lui noue la gorge et des larmes brûlent ses yeux. Il ferme les paupières pour les empêcher de couler. Il passe ses mains dans le dos d'Ambrose et enfoui son visage dans son cou. En le serrant contre lui, il inspire profondément pour se laisser envahir par son odeur puis se laisse envahir par les sanglots. Ambrose le repousse gentiment pour lui faire face. Il pose ses mains sur les joues de son hôte et essuie ses larmes avec ses pouces, comme on le fait avec un enfant. Archibald se sent misérable et baisse la tête piteusement. Ambrose la lui relève aussitôt et plaque ses lèvres contre les siennes. Sa langue s'engouffre en ses lèvres, trouve la sienne et s'enroule autour. Sous le choc, Archibald ne peut réagir. Depuis combien de temps n'a-t-il pas été embrassé comme ça ? Depuis combien de temps ne s'est-il pas ému à ce point pour une autre personne ? Son ventre remue comme un chien qui essaye de se mordre la queue. Mais quand Ambrose pose sa main sur son ventre et tente de la glisser sous sa ceinture, il ne peut s'empêcher de le repousser. 

Une saison brûlanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant