Chapitre 9 - Archibald

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Ambrose pose sa main sur son ventre et tente de la glisser sous sa ceinture mais Archibald ne peut s'empêcher de le repousser.

« Je ne peux pas, je ne peux pas, répète-t-il à bout de souffle, se tenant la tête entre les mains.

Il s'écoule contre Ambrose, lui enlace la taille et enfouit sa tête dans son giron.

« Pardon, gémit-il, ne m'en veux pas.

Il pleure comme un enfant tandis qu'Ambrose, désemparé passe sa main dans ses cheveux et les coiffe tendrement.

« ça n'est rien, lui répète-t-il pour le calmer.

Puis il le repousse gentiment et lui prend la main pour l'aider à se relever.

« Venez ! Je veux vous montrer quelque chose.

Archibald le regarde étonné, mais le sourire mutin du garçon lui fait comprendre qu'il n'obtiendra pas plus d'explication. Dégrisé par la honte, il réussit à lui emboiter le pas sans trébucher. Ambrose l'entraîne à l'étage de la maison, le conduit dans le couloir au vieux plancher grinçant jusqu'à s'arrêter devant une porte close. Archibald reconnaît tout de suite la porte de la chambre de Derek. Ambrose pose la main sur la poigné et Archibald veut réagir, retenir son compagnon. Mais le jeune homme ne se laisse pas faire et le repousse en souriant. Il le plaque contre le mur et pose un doigt sur ses lèvres. Puis il pénètre dans la chambre, laissant à dessein la porte grande ouverte. Le cœur battant, Archibald reste adossé au mur, paralysé par l'incompréhension. Il entend le bois du lit craquer quand Ambrose y monte et les chuchotements rieurs qui suivent lui révèlent que son fils n'est pas surpris d'être rejoint par le jardinier. Stupéfait, Archibald ose se retourner et glisse un œil dans la chambre de son fils. La lune éclaire une bonne partie de la pièce de sa lumière froide, mais le lit, contre le mur le plus reculé, reste dans l'obscurité. Il s'agit d'un de ces vieux lits dont le cadre en bois monte haut au deux extrémités. Archibald distingue sur la couche plongée dans le noir, les silhouettes des deux garçons se rouler dessus ; il entend les bruits humides de leurs baisers et ceux des draps froissés. Un dégoût de lui même l'envahit, ainsi qu'une profonde jalousie. A quoi Ambrose joue-t-il en me faisant assister à ça ?

Comme s'il répondait à son évocation silencieuse, le jeune homme émerge soudain de l'obscurité, comme un personnage du Caravage, perdu entre la lumière et l'ombre. Il chevauche la masse sombre qu'Archibald devine être Derek et ses bras tendus prennent appui sur le cadre du lit, là où parvient la lumière blanche de la lune. Le jeune homme le regarde droit dans les yeux et lui sourit. Archibald sait qu'il ne peut pas le voir, mais Ambrose doit deviner qu'il est resté à les épier. Seul le haut de son torse et ses bras sont éclairés. Sous la lune, sa peau est blanche et froide. Une légère grimace vient tordre ses traits magnifiques quand il s'assied lentement sur la masse sombre de Derek. Archibald retient son souffle en même temps que le jeune homme. Son cœur bat à tout rompre et sa main tremble, agrippée à l'arrête du mur. Ambrose pousse un soupir de soulagement et tourne la tête en arrière pour sourire à son partenaire. Puis il regarde à nouveau en direction d'Archibald. Ses mains resserrent leur prise sur le cadre du lit et il commence un lent va et vient vertical au dessus de la masse sombre de Derek. Archibald le regarde s'agiter sans oser détourner le regard. Son voyeurisme incestueux le dégoute mais il n'arrive pas à se détacher de cette scène. Les respirations courtes et bruyantes des deux partenaires accompagnent le grincement du lit et ne sont interrompues que par quelques gémissements échappés de l'un ou à l'autre, par les claquements des peaux moites. A un moment, la silhouette de Derek s'agite sur le lit et quelques paroles incompréhensibles interrompent leur danse. Ambrose passe la tête pas dessus son épaule.

« Ne bouge pas, on reste comme ça.

Sa voix est bien trop claire, bien trop intelligible pour qu'il ne l'ait pas fait exprès afin qu'Archibald l'entende. Il tourne à nouveau la tête en direction du voyeur. Ses traits sont magnifiés par le plaisir. Il plisse les yeux, bouche entrouverte et laisse échapper un sifflement. Ses mouvements s'accélèrent, sa tête tombe en arrière, elle dodeline, tout son corps bousculé par les coups de boutoir donnés par la masse sombre de Derek. Sa main droite lâche le bord du lit et plonge vers son bas ventre masqué dans l'obscurité. Les yeux mi-clos, toujours braqués droit devant, Ambrose pousse plusieurs cris éraillés, il aspire bruyamment et rapidement, puis se laisse tomber sur le cadre du lit, la joue sur son bras plié. Ses yeux humides n'ont pas perdu de vue une seule seconde l'endroit où se trouve Archibald et ils persistent, tandis que sous lui s'agite rapidement la silhouette de Derek. Ce dernier pousse à son tour de longs râles et s'immobilise progressivement. Essoufflé et rompu, Ambrose reste affalé sur le cadre du lit. Puis il glisse dans le noir, s'allonge à côté de la masse sombre de son amant. A ce moment, Archibald quitte la scène des yeux, il se retourne et s'adosse contre le mur. Son cœur cogne dans sa poitrine et ses jambes peinent à le supporter. Sa verge furieuse tend la toile fine de son pantalon comme un chapiteau de cirque. Réprimée par le tissu, son érection lui est presque douloureuse. Quelques murmures inaudibles s'échappent de la chambre. Quelques secondes plus tard, Ambrose sort dans le couloir et referme la porte derrière lui. La sueur coule en rigole sur son front et sur ses tempes, y collant ses cheveux. Des perles argentées brillent au-dessus de sa lèvre supérieure. Ses yeux ne sont que deux fentes obscures. Il sourit à Archibald et pose à nouveau son index sur ses lèvres puis lui faire garder le silence. Bouleversé par ce qu'il vient de voir, Archibald serait bien incapable de dire un mot. Il s'éloigne de la chambre de Derek, descend les escaliers à toute vitesse et traverse le salon pour se retrouver dehors. Sur la terrasse, il veut poursuivre sa course mais Ambrose l'a rattrapé, lui saisit la main et le pousse contre un mur. Il se laisse tomber contre lui, pose sa tête sur son épaule. Sa respiration reste agitée et Archibald peut sentir son cœur cogner à toute vitesse dans sa poitrine. L'odeur de sa transpiration le rend fou. Le sexe du jeune homme est encore dur, il le sent contre son bassin. Il songe à sa propre queue, que doit sentir le garçon et cherche en vain à reculer son bassin pour éviter un contact. Peine perdue, Ambrose passe ses mains autour de sa taille et se blottit contre lui.

« Pourquoi ? Gémit Archibald. Tu voulais donc tant que ça me faire de la peine ?

- Je n'ai jamais voulu vous blesser, murmure Ambrose dans son cou. Mais vous deviez comprendre que je ne suis pas – il cherche ses mots – un modèle que vous osez à peine dessiner. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour vous faire comprendre que je ne suis pas inaccessible.

- Mais avec lui ? Je n'aurais jamais du assister à ça.

Le jeune homme hausse les épaules.

« Et avec moi ? Pourquoi ?

- Vous me plaisez.

- Mais je suis son père, c'est ... . Et Derek, s'il l'apprend il va me détester.

- Tout le monde n'a pas autant de scrupule.

Pour couper court à la discussion, Ambrose tombe à genoux devant Archibald. Il défait la ceinture de tissu et baisse son pantalon. Le sexe raide émerge du caleçon comme un diable sort de sa boîte.

« Arrête, gémit Archibald peu convaincu, ni convaincant.

Le jardinier ne l'écoute pas et l'engloutit rapidement. Archibald pose sa tête contre le mur et ferme les yeux. Ses mains tremblantes se posent sur le crâne du garçon, ses doigts s'enfoncent dans ses cheveux. Il gémit et rapidement se déverse entre les lèvres du jeune homme, au fond de sa gorge. Il serre les dents à s'en faire mal, pour éviter de crier. Il ne se rappelle pas avoir jamais jouit aussi longtemps. Ambrose garde son sexe dans sa bouche, jusqu'à ce qu'il se tarisse puis le presse pour en extraire la dernière goutte. Même à sec, la verge est cajolée, couverte de baisers. Elle baisse lentement les armes sous la langue du jeune homme. Quand il se relève, le souffle court, son visage marmoréen sous la lune est illuminé d'un large sourire. Il embrasse alors Archibald, un peu écœuré par l'odeur forte de son sperme. Mais la bouche d'Ambrose en est pleine et malgré le dégoût qui le retient, il ne peut se retenir de l'embrasser. 

Une saison brûlanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant