Chapitre 2

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     Sharon se tenait aux côtés de l'Androïde, qui fixait le corps - son corps - enfermé dans un cristal conservateur

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Sharon se tenait aux côtés de l'Androïde, qui fixait le corps - son corps - enfermé dans un cristal conservateur. Depuis que celui-ci avait été ramené dans l'atelier - qui autrefois était un garage - de l'ingénieuse, la jeune femme bionique n'avait pas bougé, et gardait le regard posé dessus. Cela faisait donc près d'une demi-heure, suite au départ de John, que Sharon cherchait désespérément comment lui expliquer ce qui lui était arrivé. Énervée par son incapacité à trouver les mots, elle serra le poing, et sursauta en sentant un contact sur son bras. La jeune femme tourna la tête, et croisa le regard de Silver, la dragonne bionique avec laquelle elle vivait. De la taille d'un cheval, elle parvenait cependant à se déplacer discrètement, et elle ne l'avait pas entendu entrer et approcher.
-Tu ne peux pas continuer à retarder cela, Shay.
Sharon soupira en entendant les mots soufflés mentalement par la dragonne.
-Je sais.
Elle regarda à nouveau l'Androïde, toujours immobile, et elle posa la main sur le cou de son amie afin de se donner du courage.
-Ashe.
Devant l'absence de réaction de la jeune femme bionique, elle prit une grande inspiration et continua, d'une voix claire :
-Ashe l'Archère de Givre, Reine des Avarosans, une tribu de Freljord. Championne de la League Of Legends. Voilà qui tu es.
Cette fois-ci, l'Androïde réagit, et se tourna vers elle. Regardant tour-à-tour Sharon et Silver, qu'elle voyait pour la première fois, elle demanda, d'une voix où se mêlait l'incompréhension et la méfiance :
-Que m'avez-vous fait ?
Sharon chercha ses mots quelques secondes, puis répondit :
-J'ai créé ce corps bionique. Je t'ai Invoquée, j'ai effectué le transfert de ton âme dans ce nouveau corps...
-Et vous avez effacé mes souvenirs, termina l'Androïde.
Se rendant compte que son vis-à-vis pensait que Silver était impliqué, Sharon secoua la tête.
-Silver n'a rien à voir là-dedans. Je suis la seule responsable.
Il y eut un long silence. Puis Sharon ressentit une colère grandissante, qui ne lui appartenait pas. L'Androïde serra les poings et planta son regard dans le sien.
-Pourquoi ?
Sharon secoua lentement la tête, la mine sombre.
-Je n'avais pas le choix, crois-moi. Je...
-Nous avons toujours le choix.
Son interlocutrice la coupa violemment, et sortit en trombe de la pièce. Ses épaules s'affaissant, Sharon ne chercha pas à rattraper l'Androïde. Elle avait l'impression que la culpabilité et le dégoût qu'elle ressentait depuis la seconde où elle avait signé ce contrat pesaient avec davantage de poids sur ces épaules.
Sentant sa détresse, Silver déploya son aile gauche afin de la poser sur ses épaules, puis l'attira doucement contre elle. La jeune femme ne lutta pas, et appuya son front contre le cou de la saurienne bionique. Cette dernière commença ensuite à lui frotter lentement le dos pour la réconforter.

Assise sur un mur en pierre, l'Androïde regardait la ville de Piltover s'étendant en contre-bas. L'habitation de l'ingénieuse se trouvait à l'écart de la ville, sur une des collines bordant celle-ci, et de son point d'observation - soit le mur délimitant la propriété - une grande partie de la Cité du Progrès était visible.
Ashe. Sa tribu, les Avarosans. Freljord. Son nom, sa famille et son pays. Si des souvenirs lui étaient revenus pour le premier, confirmant ainsi les dires de l'employée de ProjectIndustry, ce qu'elle savait des deux autres restait flou. Tout comme ses souvenirs concernant la League Of Legends. Elle savait qu'elle y avait combattu, mais elle ne parvenait pas à se souvenir pourquoi, ni comment cela s'était terminé.
Balayant la ville du regard, elle remarqua au loin un triangle renversé brillant au-dessus d'un imposant bâtiment, et le fixa. Levant la main à sa poitrine, elle traça d'un doigt le contour de ce symbole qu'elle portait. Sentir cette forme sur elle lui rappela ce qu'il lui avait été fait : elle avait été transformée en une machine, sur laquelle une marque de fabrication, et de propriété, avait été gravée. Elle n'était qu'un simple outil. Elle cessa de tracer le contour du symbole, et serra le poing.
Oui.
Juste un outil destiné à obéir aux ordres.

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