Chapitre 8

108 5 2
                                    


-Tu as désobéis.

N°1 soutint le regard de l'homme sans ciller. De toute façon, même si elle l'avait voulu, détourner les yeux aurait été impossible. Il y a bien longtemps que ce corps ne lui appartenait plus, et l'énergie qu'elle avait déployer pour agir à la place de l'Ombre au cours des heures précédentes avait manqué la tuer. Smith - qui jusque là lui faisait face - cessa de la regarder et commença à marcher dans son bureau. Il effectua un tour, puis un autre, avant de s'arrêter à nouveau devant elle. Ses iris sombres, semblables à deux trous noirs, transpercèrent aisément sa visière rosée pour sonder les tréfonds de son âme. Si elle avait pu, elle aurait frissonné.

-Puisque tu as désobéis par deux fois ce soir... Tu sais ce qu'il va se passer, n'est-ce pas ?

Elle ne répondit pas, pas plus qu'elle ne bougea. L'Ombre avait reprit ses droits et le plein contrôle de son corps de métal, et l'étouffait à nouveau, l'empêchant d'agir. Il y avait cependant une chose que l'Ombre n'empêchait pas : ses sentiments. Et elle sentit la culpabilité enserrer avec force son cœur bionique, tandis qu'un sourire carnassier étirait les lèvres de son opposant.

-A ton avis, combien de temps parviendra-t-elle à retenir ses cris ?

A l'entente de ces mots, la colère l'envahit. Elle s'imagina lui trancher la gorge : quel plaisir cela serait, de le voir s'étouffer dans son propre sang ; de voir son visage pâlir tandis que la vie le quitterait lentement. Mais elle en était incapable. Elle ne pouvait même pas protéger son Invocatrice. A la pensée de ce qui attendait cette dernière, la culpabilité remplaça la colère, et la frustration qui s'y mêla lui donna envie de hurler. Mais même cela ne lui était pas permis.

Smith resta immobile quelques secondes, son sourire ne quittant pas son visage, puis passa près d'elle pour se diriger vers la porte de la pièce. Celle-ci claqua lourdement quelques secondes plus tard et, si elle cela avait été possible, des larmes auraient glissé le long des joues de l'Androïde. Elle ne regrettait ses actes que pour une chose : les répercussions qu'ils auraient sur son Invocatrice.

Je suis désolée... Je suis tellement désolée...

Elle espérait que les autres viendraient les chercher. L'espoir était tout ce qu'il lui restait.


La jeune femme fut sortie de sa torpeur par le grincement de la porte blindée de sa cellule. Elle prit une grande inspiration, et l'odeur de son bourreau lui parvint aux narines. Louve s'éveilla en elle, et elle sentit ses canines s'allonger tandis que ses lèvres se retroussaient, de façon à dévoiler ses dents aiguisées. Un grondement menaçant s'éleva dans sa poitrine, mais la réaction de Smith fut de rire.

-Alors, on est de mauvais poil à ce que je vois. Son grondement se fit plus fort, et elle tira sur les chaînes la retenant au mur dans l'espoir d'atteindre l'homme. Tu sais, ce n'est pas moi que tu devrais blâmer pour ce qu'il t'arrive, mais ta Championne. Si elle cessait de lutter, je n'aurais pas à faire ceci.

Tout en parlant, Smith s'était approché de l'unique meuble de la pièce - une table - où étaient alignés divers instruments de torture couverts de sang séché. Un sourire malsain au visage, il prit un scalpel et se tourna vers elle.

-Voyons voir... Je parie que tu ne tiendras pas plus d'une demi-heure. Il se rapprocha d'elle en faisant tourner l'outil entre ses doigts. Qu'en penses-tu ?

La seule réponse de la jeune femme fut de faire claquer ses mâchoires. Louve lui fit partager ses pensées - à savoir la façon dont elle comptait déchiqueter leur bourreau lorsqu'elle en aurait l'occasion - et la jeune femme gronda. Oh oui, elles l'écharperaient, et savoureraient chaque seconde de ce moment.

Humanité (En pause pour l'instant) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant