XII

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Quand je peux enfin me lever de nouveau, je me sens revivre. Je crois que l'Enfant Sylvestre aussi d'ailleurs. Nous reprenons notre apprentissage. Un jour, l'audace me prend et je lui propose quelque chose, m'accompagner en ville. Pour cela je vais la chercher tôt le matin. Elle est surprise mais accepte. Après tout, elle a vaincu la lisière, sortir de la forêt l'effraie plus. Nous rejoignons ma maison puis suivons la route, à l'opposé de la forêt. Je lui tiens la main dans un geste paternel. Cela me fait revenir des années en arrière, avec ma fille, ma toute petite. Elle était si fragile avec son petit cœur malade, c'est cela qui l'avait emportée...

Mais il y a l'Enfant, comme un nouveau départ. Je partage avec elle ce que je n'ai pas pu partager avec ma fille. Même si, j'en suis conscient, elle ne la remplacera jamais.

 Même si, j'en suis conscient, elle ne la remplacera jamais

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Quand on aperçoit la ville quelque chose se serre en moi. Les rues sont bondées. J'ai un nœud dans la gorge. J'ai déjà observé des fourmis qui s'agitaient près de leur fourmilière et je dois dire que les Autres leurs ressemblent beaucoup. Je n'avais pas vraiment vu les choses comme ça. Pour moi, il y avait moins de monde, de bruit, de tout en fait. Pourtant j'ai acquis une certaine fierté depuis que j'ai rencontré Champignon et je refuse de faiblir devant lui. Alors c'est parti ! Au moment où nous nous mêlons à la foule, tout se met à tourner autour de moi. Je serre la main de Champignon mais je me sens oppressée. Je ne sais plus où je suis. Mon instinct me dit de hurler, de me débattre. Avant c'est ce que j'aurais fait mais plus maintenant. Une larme salée s'échappe de mes yeux. Les vêtements que Champignon m'a demandé de porter m'empêchent de bouger comme je veux mais selon lui je ne devrais pas me promener toute nue comme je l'ai toujours fait. Je lui fais une confiance absolue mais en ce moment j'ai juste envie de courir pour me réfugier le plus loin possible de ce troupeau d'Autres. Le bruit des conversations et des voitures, que je vois pour la première fois, m'agressent. Il s'en faut d'ailleurs de peu pour que l'un de ces véhicules ne m'écrase. Heureusement que Champignon veille sur moi ! J'ai hâte de rentrer mais je tiens bon, pour lui.

J'ai bien fait de lui expliquer certaines choses comme l'électricité, les voitures, le béton, qui d'ailleurs à l'air de l'indisposer

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J'ai bien fait de lui expliquer certaines choses comme l'électricité, les voitures, le béton, qui d'ailleurs à l'air de l'indisposer. Sinon, elle se serait sauvée. Malheureusement je ne pouvais pas la préparer à la foule et au bruit, elle qui a toujours vécu dans le silence et la quiétude de la forêt. De toutes façons, il fallait qu'elle connaisse ça. Je sais bien que je ne suis pas éternel... Cependant je sais aussi qu'elle ne peut pas comprendre pourquoi tout ceci est important. La marche, les habits, la foule. Elle n'a jamais vécu en société. Mais elle est humaine, et particulièrement intelligente qui plus est. Elle saura s'adapter. Je l'espère. Nous achetons ce qu'il faut et je décide de mettre fin à son supplice en rentrant. Arrivés à notre repaire, elle éclate en sanglots. Elle n'est pas triste, juste épuisée. Je la prends dans mes bras et la console en chantonnant la mélodie, celle que je lui ai offerte. Quand elle s'arrête enfin, elle lève ses yeux rougis vers moi dans une question silencieuse : Pourquoi ? Pourquoi l'ai-je emmenée là-bas ? Je n'ai pas de réponse satisfaisante à apporter à une fillette de son âge. Je lui propose plutôt de dessiner. Et nous dessinons tout ce qui nous passe par la tête. Je dois dire qu'elle a un côté artistique en elle qui n'existe pas chez moi. Nous nous moquons de mon éléphant bien trop gros et un peu bancal et cela lui redonne le sourire. Les enfants ont cette innocence qui n'appartient qu'à eux et qui leur permet d'oublier si facilement leurs soucis.

Pourquoi ? [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant