XIII

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Pour la deuxième fois depuis ce qui me paraît être toujours, Champignon n'est pas là. Cette fois je sais quoi faire. Je me précipite chez lui. Je sais où est sa chambre. Je le trouve, comme prévu, allongé dans son lit. Il dort. Sa poitrine se soulève de façon irrégulière et sa respiration n'est pas régulière. Sa blancheur lui donne l'air des fantômes des contes qu'il m'a raconté pour me faire peur. Ne pouvant rien faire pour l'aider pendant son sommeil, je vais chercher de l'eau et de quoi manger. Je prépare ce que je peux. Enfin, ses yeux gris s'ouvrent et il esquisse un sourire triste. Je le fais boire mais il ne mange presque rien. Sa maladie paraît plus grave, plus douloureuse que la dernière fois. Je reste avec lui mais nous parlons peu, il est exténué. Je reviens le lendemain et le jour suivant sans amélioration.

 Je reviens le lendemain et le jour suivant sans amélioration

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Ma maladie gagne du terrain. Je m'affaiblis. Je sais bien que rester chez moi ne rime à rien. Les examens que j'ai déjà passé ne sont pas encourageant et le docteur est formel : si j'ai la moindre chance de m'en sortir, elle est à l'hôpital. J'hésite à laisser l'Enfant Sylvestre. Bien sûr, théoriquement, elle pourrait venir me voir. Cependant je doute qu'elle aie le courage de traverser le village seule. Même si nous y sommes retournés plusieurs fois ensemble elle n'y est toujours pas à son aise. En même temps, la présence de cet hôpital, si près de sa forêt, dans cette modeste ville, est une chance. Incapable de prendre cette décision seul, je décide de m'en référer à elle. Elle a gagné en maturité et je pense qu'elle prendra la bonne décision.

    La question qu'il me pose me tombe dans l'estomac comme une énorme pierre, un menhir même

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La question qu'il me pose me tombe dans l'estomac comme une énorme pierre, un menhir même. Je me doutais bien qu'on ne pourrait pas continuer comme ça puisqu'il ne se rétablit pas, mais l'hôpital... Il m'en a déjà parlé, comme ça, en même temps que l'école la mairie et le poste de gendarmerie. Cependant, je suis prête à tout pour lui et le jour même une ambulance arrive en hurlant devant la maison de Champignon. Ils l'emmènent et, malgré toute ma réticence, je monte aussi. Coincée dans ce véhicule, la claustrophobie m'envahit. Ma respiration accélère mais je reste calme. L'hôpital. Un véritable labyrinthe blanc. Nous passons un nombre inimaginable de portes avant d'installer Champignon. On lui demande qui je suis et il affirme être mon grand-père. Je tente de ne pas laisser paraître ma surprise. Les médecins me demandent de sortir et d'attendre sagement dans le couloir. J'obéis. C'est alors que je remarque l'odeur étrange de ce lieu. Une odeur inconnue qui me met mal à l'aise. J'ai l'impression de ne pas être à ma place. Mais je me maîtrise de mieux en mieux et résiste facilement à mon envie de fuir cet endroit lugubre. Quand, enfin, on me laisse rejoindre mon « grand-père », ce dernier m'explique que, sinon, ils ne me laisseraient pas venir le voir. Il ajoute que lui-même se sent un peu comme mon grand-père et cette déclaration me fait chaud au cœur. Il m'a bien sûr appris ce qu'est une famille mais avant ça ni l'un ni l'autre n'en avions.

Pourquoi ? [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant