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Chapitre 1

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Elle


Mon pied glisse dans mon escarpin droit, telle Cendrillon dans sa pantoufle de verre. Je suis ridiculement petite malgré mes talons hauts, mon corps paraît encore plus menu qu'a l'habitude et mes seins sont quasi inexistants dans cette tenue. Je me demande bien pourquoi j'ai accepté ce rencard ! C'est absurde ! Je sais pourtant que ça va mal se passer, mais je m'entête à persévérer, allez savoir pourquoi. Je tire légèrement sur le bas de ma robe de façon à ce que le tissu fin noir recouvre mes cuisses. Je fourre mon portable à l'intérieur de ma petite pochette de soirée noire en simili cuir, en descendant les escaliers. Quand mes pieds se posent sur le sol du salon, je devine que les regards de Lexie et Logan sont rivés sur moi. Je me tourne vers mes deux meilleurs amis, ce couple que j'admire énormément. Ils sont inséparables et ils me soutiennent toujours dans toutes mes décisions.

— Tu es superbe ! affirme Lexie.

— Merci, dis-je peu convaincue.

— Il va te plaire ! m'assure Logan avant d'avaler une gorgée de bière.

— J'avoue que je suis un peu angoissée...

— Tu n'as rien à perdre.

Lexie a raison, je ne dois pas m'en faire, ce n'est qu'un rendez-vous, pas une demande en mariage. Si ça se passe mal, je pourrais toujours rentrer chez moi, mais leur enthousiaste me pousse à croire que tout ira bien. Le taxi nous annonce son arrivé avec un klaxon. Après avoir dit au revoir à mes amis, je rejoins le véhicule jaune qui m'attends devant l'immeuble. Lorsque j'arrive devant le petit restaurant en briques rouges que Lexie a choisi pour nous, toutes les bonnes ondes de mes meilleurs amis ont disparu et je n'ai qu'une envie faire demi-tour immédiatement. Je jette un rapide coup d'œil à ma montre : dix-neuf heures pétantes. Il doit déjà être à l'intérieur. Si je pars maintenant, ma chère meilleure amie va sûrement m'en vouloir de planter son collègue ici. Je m'avance vers la grande porte en bois brute, je n'ai même pas encore atteint la poignée qu'elle s'ouvre en grand sur un homme d'une trentaine d'années. Est-ce lui l'ami de Lexie ?

— Tu es Brook ? demande-t-il d'une voix hésitante.

— Oui, et je suppose que tu es Henry ?

Il sourit, une fossette se creuse sur sa joue droite. Son regard bleu enfantin et l'absence de poils le rajeuni d'au moins cinq ans.

— Exact ! Je t'ai vu hésiter à entrer à travers la vitre. Tu veux toujours dîner avec moi ou tu préfères t'enfuir immédiatement ?

Je retiens une grimace malgré le fait qu'il a l'air plutôt sympathique et gentil garçon.

— Je meurs de faim alors je vais rester, dis-je avec un faible sourire.

Il s'écarte de l'embrasure de la porte pour me laisser entrer avant de se précipiter sur une serveuse. À l'intérieur, une multitude de conversations sont en cours. La plupart des clients sont des couples, mais je remarque six hommes assis à une grande table. C'est d'ailleurs de ce groupe que provient le plus de bruit, même si l'endroit reste calme. L'un d'entre eux se tourne vers moi, ses longues jambes pliées sous la table, ses yeux noisette me transpercent et me déstabilisent. Il porte une chemise blanche à moitié défaite et un pantalon de costume noir, il est très classe avec ses cheveux bruns en bataille.

Je sursaute quand Henry pose sa main au creux de mes reins pour me conduire à une table que nous désigne la serveuse. En vrai gentleman, il tire ma chaise avant que je ne m'assoie, je lui souris poliment lorsqu'il vient s'installer face à moi comme les autres couples présents dans la salle. Une jeune femme nous apporte deux menus et tandis qu'il le parcourt des yeux, j'en profite pour le détailler davantage. Ses cheveux noirs sont coupés très courts, il est rasé de près et même s'il a un visage harmonieux, ce n'est pas le type d'homme qui me ferait me retourner dans la rue. Non, mon genre c'est plutôt cet homme assis non loin de moi avec ses cheveux en bataille qui me fixe depuis mon arrivée. Mais ces types-là m'ont beaucoup trop fait souffrir pour que je m'y frotte de nouveau. Désormais, il me faut un homme gentil comme Henry, ma meilleure amie a vu juste.

— Tu commandes quelque chose ?

Je baisse les yeux sur mon menu, mais rien ne m'accroche, je n'ai jamais aimé les restaurants. Je ne comprends rien à ces noms de plats étranges.

— Je vais prendre la même chose que toi, dis-je finalement en posant le menu à côté de mon assiette.

Il passe commande auprès de la serveuse, et nous nous fixons en silence. Voilà, je suis mal à l'aise, je ne le connais pas, de quoi pourrais-je bien lui parler ? La conversation que j'ai eue plus tôt dans la journée avec Lexie me revient en mémoire.

— Et tu fais quoi dans la vie ? demandais-je même si je le sais déjà.

Ses yeux s'illuminent, son travail semble important pour lui.

— J'ai fondé ma propre société de consommation. Je suis à la tête de trois grands centres commerciaux.

— C'est... Impressionnant.

— Et toi ?

Évidemment ! En parlant de son travail, j'aurais dû me douter qu'il allait me poser des questions sur le mien.

— Je suis lectrice de manuscrit pour une grande maison d'édition.

Il hoche la tête avec un petit sourire.

— J'ai des amis en Argentine qui sont eux aussi dans l'édition.

— En Argentine ? Tu voyages souvent ?

— Oui, assez j'adore explorer de nouveaux horizons et toi ?

— Non pas vraiment...

Il me regarde comme si j'étais folle.

— Tout le monde aime les voyages, annonce-t-il.

— Pas moi, je n'aime pas être dans des lieux inconnus.

Le silence s'installe une fois encore entre nous.

— C'est calme ici, constate-t-il.

J'acquiesce silencieusement.

— Un peu trop à mon goût, je préfère les endroits fréquentés et toi ? Tu ne veux pas que l'on aille ailleurs ? me demandent- il.

— Je suis bien ici, je ne suis pas à l'aise quand il y a foule.

Il me dévisage de nouveau et suis soulagée lorsque son portable se met à sonner, et qu'il s'éloigne pour répondre. Il a l'air gentil certes, mais nous n'avons franchement rien en commun. Je m'assieds plus profondément dans ma chaise en scrutant la salle d'un œil attentif. Mes yeux accrochent ceux du monsieur qui a les cheveux en bataille, il me fixe toujours un verre à la main. Il ne me lâche pas des yeux lorsqu'il interpelle la serveuse d'un geste vif de la main. Je me tortille sur ma chaise, j'ai horreur que l'on me regarde autant, j'aurais vraiment dû rester chez moi. Incapable de le lâcher des yeux, je ne vois pas la serveuse se planter devant moi. Je sursaute. S'il vous plaît laissez-moi retourner chez moi.

— Ce monsieur demande ce que vous voulez boire.

Même si je suis flattée et que j'ai très envie d'accepter ce verre, je sais pertinemment ce que veut ce genre de mec et moi je ne suis pas ce genre de fille.

— Vous pouvez le remercier et lui dire que je n'ai pas besoin de lui pour boire un verre.

La serveuse tourne les talons visiblement agacés de ma réponse. Elle retourne le voir pour lui transmettre le message. Quand elle disparaît, il hausse un sourcil en me toisant. Ses lèvres s'étirent en un demi-sourire puis il secoue la tête comme s'il n'en revenait pas. Un homme comme lui ne doit pas être souvent recalé.

L'inconnu et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant