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chapitre 6

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Lui

Je relève la tête de mon dossier, et je me rends compte que tout le monde a l'air de s'ennuyer autant que moi. Mais ils font tous semblant d'être passionnés par le discours que tient mon paternel. Antoine tape des textos discrètement sous la table. Michel, notre attaché de presse a les yeux mi-clos et Gloria, ma chère belle – mère se ronge les ongles. Quant à moi, je ne fais que penser à cette fille.

— Bien, je vous remercie, vous pouvez disposer, c'est terminé, annonce mon vieux.

Tous se lèvent immédiatement pour rejoindre leur bureau.

— Hugo ! m'interpelle Antoine, on fait un truc ce soir ?

Mon père qui n'a pas encore quitté la pièce me regarde en coin. Qu'il soit rassuré, je n'ai aucune envie de sortir, pas parce que je deviens sage, mais juste parce que voir d'autres femmes ne m'intéresse pas, je veux simplement la revoir elle. Bon sang qu'est – ce qu'il m'arrive ?

— Non, je n'ai pas envie ce soir, je réponds en rejoignant le couloir.

Antoine m'emboite le pas en ronchonnant.

— Et mec, ça fait une semaine qu'on est de retour, tu n'as pas voulu sortir une seule fois, ce n'est franchement pas ton genre. Ça va bien ?

J'arrête de marcher et je me tourne vers lui, agacer.

— Ça va, je n'ai juste pas envie, j'ai le droit non ?

Avant qu'il n'ouvre la bouche, et surtout avant qu'il ne se rende compte qu'un truc cloche, je tourne les talons et je m'engouffre dans mon bureau. À peine, ai – je franchi la porte que mon portable sonne, Antoine ne lâche jamais l'affaire aussi facilement, je devrais le savoir depuis le temps.

— Je t'ai dit que je ne voulais pas sortir, lui dis – je sèchement.

— Détends – toi, j'ai compris ! L'hôtel de Los Angeles vient d'appeler, ils ont dit qu'ils ont retrouvé quelque chose qui doit probablement t'appartenir dans la chambre.

Je fronce les sourcils, je n'ai rien perdu que je sache. De plus, j'ai fait trois fois le tour de la chambre avant de partir. Ou bien peut – être qu'ils ont retrouvé ma chemise.

— Ils t'ont dit ce que c'est ?

— Non, tu devrais les recontacter, je t'envoie leur numéro par texto.

Je raccroche et quelques secondes plus tard, comme promis, Antoine me transfère le numéro de l'hôtel. J'appelle immédiatement.

— Hôtel Prisma, bonjour.

— Bonjour, vous venez d'appeler, j'ai oublié quelque chose dans la chambre que j'ai occupée chez vous la semaine dernière.

— Qu'elle ait votre nom ?

— Hugo Crawford.

— Une minute, s'il vous plaît.

J'attends ce qui semble être une éternité, avant qu'elle ne prenne de nouveau la parole.

— Nous avons effectivement retrouvé une gourmette avec un prénom gravé dessus.

Des souvenirs de la soirée avec cette fille me reviennent, je me souviens de ce bracelet qu'elle portait au poignet gauche. Bingo, je vais enfin connaitre son prénom peut – être même son nom.

— Vous pouvez me l'envoyer ? demandais-je en essayant de contenir ma joie.

— Bien sûr, je vous écoute pour vos coordonnées.

Je lui transmets mon adresse avant de raccrocher. J'ai désormais une chance d'espérer de la revoir. On frappe à la porte, je n'ai même pas encore dit entrer que mon père entre suivi d'Antoine.

— Je n'ai pas dit entrer, dis – je exaspéré.

— C'est un bureau, ce n'est pas comme si tu pouvais être nu ou un truc dans le genre, répond mon père.

— Non, tu as raison, je ne suis pas comme toi, moi je suis plus pudique.

À cette réponse, je vois mon père fulminer de colère. Je me souviens de ce jour – là où je l'ai surpris dans le plus simple appareil dans son bureau en compagnie de Gloria. Antoine fixe le sol mal à l'aise par l'ambiance qui règne dans la pièce. Le calme s'installe, mon père me défie du regard, mais Antoine brise le silence.

— Nous sommes venus te parler de la soirée de présentation.

Ils s'assirent tous les deux face à moi, et je suis certain qu'ils ne vont pas me laisser en paix pendant un petit moment.

— Oui, reprend mon vieux, la petite fête aura lieu dans trois semaines, tous nos employés seront présents. Tous, même ceux qui travaillent à domicile. Je compte sur toi pour être à la hauteur et dans une tenue correcte !

Je baisse les yeux sur mon jean délavé et mon t-shirt noir avec écrit en grosse lettre : je vous pèterais bien la gueule à tous.

— Ton père a raison tu dois être impeccable !

Si même Antoine ne me soutient pas sur ce coup – là, alors qu'il déteste les costumes autant que moi, c'est que vraiment cette soirée est importante.

— Ça va, je mettrais une chemise.

J'espérais qu'il en reste là, mais non, ils continuent à me parler de cette soirée pendant plus d'une heure en me répétant une dizaine de fois que je dois absolument bien me comporter. Quand enfin mon père décide de partir, je crois pouvoir être tranquille, mais non, Antoine ne lève pas son cul de la chaise.

— Je peux faire quelque chose pour toi ? lui demandais-je.

— En fait, oui, je voudrais que tu me dises ce qui ne va pas depuis qu'on est rentrés, tu es chelou mec !

— Je vais...

— Et ne me dis pas que tu vas bien !

J'expire exagérément avant de lui raconter toute l'histoire, l'histoire, la nuit, le matin où elle a disparu, et pour finir le bracelet que l'hôtel a retrouvé. Antoine siffle stupéfait.

— Alors c'est pour ça que tu n'es pas parti avec nous après le dîner ?

Je hoche la tête.

— Et tu ne sais rien d'elle, du tout ?

— À part, qu'elle vit à Los Angeles et que son rencard Henry l'a planté, rien du tout.

L'inconnu et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant