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Mes mains sont ligotés derrière le dos d'une chaise et ma bouche est recouverte d'un tissu collant. Je suis déjà venue ici. La fameuse cabane. Je suis surprise de ne pas voir l'elfe croupir quelque part sur une chaise à mes côtés, où est-ce qu'ils l'ont mit ? S'ils ont osé lui faire du mal.. Je ne laisse pas le temps à mes pensées intrusives de prendre place dans ma tête puisque Maléfique entre dans la pièce, un sourire scotché sur ses lèvres. A ce moment, après ce qu'elle vient de me faire revivre, je n'ai qu'une envie, me jeter sur elle et la tuer.

Pendant toute la nuit elle m'a fait revivre mon année sabbatique en mer et croyez-moi, ce n'était pas jolie à voir. Du sang, des morts, des crimes. Je ressentais le besoin de tuer toutes ces personnes par pure rage. Mes joues sont en feu, c'est le prix à payer lorsque nous pleurons toute la nuit. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti le besoin de sangloter. Blanche Neige à raison sur le fait que c'est très libérateur de laisser ses émotions sortir de ses pores.

M : - Tu as passé une bonne nuit ? 

Elle enlève le tissu collant de mes lèvres pour que je puisse lui répondre. Je les humecte de salive pour essayer de les hydrater, mais elle ne font que de me brûler.

- J'en ai connu des meilleures.

Son rire qui parvient jusque mes oreilles me donnent envie de lui arracher la langue. Elle récupère une chaise et s'assoit en face de moi.

M : - Nous avons beaucoup de chose à nous dire, toi et moi.

- Où est Peter ?

M : - Cesse un peu de t'inquiéter pour ce traitre. Tu veux peut-être que je continue ma leçon d'hier ?

- Tu penses être ma mère pour me punir ? Spoiler alert, tu peux aller pourrir en Enfer.

Il manquait plus que ça.

M : - Tu ne peux pas aller à l'encontre de tes gênes et ça, que ça te plaise ou non. Nous sommes de la même famille, tu descends de ma lignée. Tu es MA progéniture. Ma malédiction.

- Si tu détestes autant l'idée d'avoir des enfants, il ne fallait pas fricoter avec le premier ivrogne du coin.

Je refuse quelconque discussion à ce sujet avec elle. Nous partageons le même sang mais ça ne fait pas d'elle ma mère pour autant. Loin de là.

M : - Tu n'es pas très polie.

- J'ai été élevée par l'ivrogne du coin.

Je lâche un rire jaune, la provocant.

- Tu ferais bien de me détacher avant que je ne m'énerve. Tu as pu voir ce dont j'étais capable.

Elle sait que je n'ai aucune limite, je ne connais aucune frontières. Souvent, mes émotions prennent trop de place et je n'ai pas d'autre choix que de les faire exploser. Quelques semaines après mon début d'aventure, la mutinerie que m'a fait subir l'équipage de Barbe Noire a ouvert une brèche en moi, à tout jamais. La cruauté des hommes.. Je pensais avoir tout vécu, avant de vivre un vrai drame et de comprendre que rien est pour acquis. Les épreuves de la vie vous forgent mais à quel prix ? Je ne demande pas à être plus forte, plus en colère, plus triste, plus renfermée.. Je veux la paix. La paix à l'extérieur mais avant tout, la paix en moi. La putain de paix dans ma tête. Je veux que ces voix cessent. Je veux arrêter de sentir cette sensibilité, cette culpabilité qui me ronge.. A force de côtoyer tous ces gens sans âme, mon envie d'éteindre toute trace d'humanité en moi se renforce. A quoi bon faire la guerre à ces gens ? Ils ne comprendront jamais. Ils ont été placé sur cette terre pour nous procurer du malheur parce qu'après tout, il faut bien des gentils et des méchants.

Maléfique se redresse sur sa chaise et replace le tissu sur mes lèvres pour me faire à nouveau taire.

M : - C'est triste d'en arriver , Zephyra.

A qui la faute ? Elle baisse les yeux avant de se lever de sa chaise, elle se place devant la fenêtre de la cabane, pensive.Ne me dîtes pas qu'elle va faire son Caliméro..

M : - J'ai toujours rêvé d'avoir un enfant. Quand tu es née, tu m'as apporté de l'espoir. On ne dirait pas mais je t'ai aimé à la seconde où tu as vu le jour, tu étais mon petit miracle. Je ne voulais pas que tu sortes de ton œuf de dragon, voulant conserver le plus longtemps possible ton innocence.

J'étais dans un œuf de dragon ? Répugnant. Pourquoi est-ce qu'elle me dit tout ça ? Rien ne changera entre nous.

M : - Quand j'ai su que tu avais pris une partie de ma puissance, par peur des représailles de mes ennemis, j'ai tenté de te noyer dans le lac pour la récupérer. Tu m'as regardé avec ce regard intense, ce regard enfantin, ce regard pur.. Malgré la noirceur de mon âme je n'ai pu me résigner à te faire du mal.

C'est pour ça qu'elle m'en fait maintenant ? Parce que je ne suis plus aussi innocente ? La blague.

M : - Je t'ai déposé dans une couverture rouge sur une souche d'arbre en face de la maison de ton père. Quand je suis rentrée dans mon palais, l'espoir que tu m'avais apporté quelques semaines auparavant s'était déjà envolé. Je me suis dis.. Suis-je prête à m'affaiblir pour l'amour d'un enfant ? Puis.. En voyant des familles comblées comme les Charmants, je me suis dis que ce n'était pas simplement l'enfant que je désirais plus que tout. C'est une famille.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas très bien. Elle est en train de tourner en rond !

M : - Sauf que toi, tu ne fais pas partie de mon équation. Je ne suis pas prête à sacrifier une partie de ma puissance pour un enfant illégitime !

Je ne suis qu'une erreur de parcours pour elle, elle s'est laissée tenter par l'envie d'être mère jusqu'à ce qu'elle se rende compte que ce n'était pas ce qu'elle voulait, pas dans ces conditions. Mon père n'allait jamais l'épouser et elle, elle n'était en aucun cas amoureuse de lui. Je suis arrivée par accident. Elle pensait pouvoir m'élever et me donner son éducation mais à la place, l'appel du pouvoir a été trop fort et elle y a cédé. Histoire typique de tous les vilains.

Elle me retire brutalement le scotch de mes lèvres, me faisant frissonner de douleur. 

M : - Je n'ai pas d'autre choix que de brûler tes ailes. À mes yeux Zephyra,
tu es une femme morte.

W I C K E D (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant