Chapitre XXII

365 44 4
                                    

⁂

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Peter Parker.

À quatorze heures trente, je suis devant l'école comme prévu, attendant que Paige sorte de cours. Je mentirais si je disais que je ne suis pas l'homme le plus nerveux de tout New-York en ce moment.

Bon sang, moi, Peter Parker, suis éperdument amoureux de Paige Wells.

Pourquoi? À vrai dire je n'en sais rien. Je n'en sais rien parce qu'il y a beaucoup trop de raisons à vrai dire. Que ce soit son rire, son humour, ses sarcasmes, la façon dont ses pommettes se relèvent quand elle souris, comment ses yeux brillent quand elle entend de bonnes nouvelles ou encore le bout de son nez qui rougit quand elle est triste. Cette petite manie qu'elle a de se cacher derrière ses cheveux quand elle est timide ou encore sa mâchoire qui se sert visiblement en creusant une fossette au coin de ses lèvres quand elle est agacée... Je tourne à la niaiserie totale.

Bisounours, papillon, froufrous et coeurs en chocolats, tout ce bordel.

Et pourtant j'avoue avoir le sourire aux lèvres rien qu'en pensant à elle, en entendant son nom ou tout simplement en la voyant. Alors je cale mon skateboard contre le muret de pierres et attend patiemment sa venue tandis que les autres élèves qui terminent plus tôt sortent à leur tour. Je reconnais Jessy, un garçon étant dans sa classe et puis Dona, Alice, Kevin... Je les vois tous passer le portail un à un mais pas de sa chevelure foncée à l'horizon. Je fronce les sourcils en enfonçant mes mains dans mes poches, évidemment, c'est une fille et si ça se trouve elle traine encore aux toilettes. Pourquoi les filles vont-elles une trentaine de fois par jour aux toilettes? Oh, et si elle voulait voir si elle était présentable pour moi? Ne rêve pas trop Peter. De toute évidence elle est constamment présentable.
Je ris légèrement en baissant la tête en me disant que j'ai sans doute l'air bizarre à rire seul, mais bon, il en faut peu pour être heureux. Il faut un skate, un appareil photo, une piqûre d'araignée et... Et une Paige Wells.

C'est bon, j'arrête, arrêtez de rouler des yeux car je ramène toutes les situations à elle. Vous n'avez donc jamais été amoureux bande d'insensibles?

Par contre, le temps lui n'a aucune patience. Je regarde mon téléphone une énième fois, il est 14h40. Ce n'est rien, ce ne sont que dix minutes de retard.

15 minutes de retard.

Je prends mon skateboard et commence à tourner en rond dans la cours en faisant quelques sauts calculés et dérapages. Il faut dire que je me débrouille bien mais c'est plus un moyen de transport qu'une passion à mes yeux.

25 minutes de retard.

Je regarde vers l'entrée avec désespoir. Qu'est-ce qu'elle fiche? Je ne l'ai pourtant pas vue sortir! Et si elle avait une colle? Bien sure que non, ce n'est pas son genre et de toute évidence il ne font pas de colles avant seize heures.

30 minutes de retard.

Assis sur ma planche à l'entrée du lycée, je sais que les passants me regardent avec pitié. Si ça se trouve ils pensent exactement que je suis le pauvre type qui s'est pris un lapin.

45 minutes de retard.

Je soupire et sors mon appareil en laissant ma planche me conduire à travers la rue devant le lycée. Il n'y a rien de très intéressant à photographier ici mais j'efforce mon esprit de photographe à trouver quelque chose, n'importe quoi. Même cette fiente de pigeons sur le trottoir. Je pose mon doigt sur le déclencheur avant de baisser l'appareil et le laisser tomber sur mon torse. Qu'est-ce que je m'apprêtais à faire, sérieusement? Je décide de retourner dans la cours avec le mince espoir qu'elle soit là, debout sur les marches et qu'elle m'annonce, désolée, qu'elle a eu un empêchement.

Et qu'à présent nous pouvons aller ensemble en ville pour que je lui apprenne à rouler et que je la photographie sous tous les angles. Ça peut avoir des intonations psychopathes mais je vous le jure, elle serait consentante et je n'irais pas les faire développer pour les accrocher à mon mur et dire bonne nuit à son portrait tous les soirs par la suite. Pour qui me prenez-vous, voyons?

Il est 15h30 et en effet, c'est seulement après une heure, après avoir manqué de photographier les excréments d'un oiseau, que je me rends compte qu'elle ne viendra pas et que c'est peine perdu. Avec un regret non dissimulé, je prends la route en direction de sa maison pour aller voir si elle n'aurait simplement pas oublié.

Ça me briserait le coeur, vous n'imaginez même pas.

Sa maison coloré est reconnaissable d'entre toutes les autres dans cette rue fade, elle donne un aspect ensoleillé et joyeux à ce qui devrait être monotone et ennuyeux. Sa maison est comme ça, sa grand-mère est comme ça, Paige est comme ça. Je fais sauter ma planche à mes bras et avance sur les marches du perron; dans mes beaux jours j'aurais certainement été la rencontrer via son toit. Mais je mentirais si je niais que j'étais légèrement vexé par ce rateau monumental. Je presse le bout de mon index sur la sonnette en confirmant alors le mythe de cette maison des plus originales, même la sonnette résonne de façon plus différente et surtout plus chantante que n'importe quelle autre sonnette de New-York. J'attends trois bonne minutes, -oui, j'ai de la patience- avant de sentir du mouvement à l'intérieur. Bon sang, si elle m'ouvre je me sentirais au plus mal. N'ai-je donc aucune importance pour elle? Penser que je ne compte pas pour elle autant qu'elle compte pour moi me fait du mal, c'est vrai.

Et c'est en effet son petit visage perturbé et tiré par l'anxiété qui m'ouvre. En me voyant, son expression se radoucit.

"Peter, qu'est-ce que tu..."

Je me pince les lèvres en voyant ses yeux s'agrandir et baisse le regard.

"Oh, merde... Je suis tellement désolée je..."

Elle regarde derrière elle avec nervosité et sort en vitesse en me poussant devant elle pour fermer sa porte d'entrée.

"Écoute, j'ai dû rentrer en urgence chez moi parce que... Ma grand-mère m'a appelé pour que je la conduise chez le médecin. Elle a de fortes nausées et elle est au lit maintenant."

Elle jette un regard dans la rue en me tirant par la manche tandis que je la suis en gardant le silence, quelque peu rassuré.

"On devrait... Rattraper cette après-midi, tu ne crois pas?"

Je souris et hoche la tête tandis qu'elle fait de même, sans pour autant abandonner son allure nerveuse. Je comprends qu'elle aie eu peur, j'aurais réagit de la même façon si mon seul parent avait un problème de santé. Je suis tout de même content de savoir que ce n'est pas un problème avec moi qu'elle a et que je n'y suis pour rien. Elle est totalement excusée, je me sens égoïste.

"Allons-y!"

Elle me rend mon sourire, un peu plus éclatant qu'avant tandis que nous prenons les ruelles de sa rue pour raccourcir le chemin jusqu'à la prochaine station de métro. Je lui pose des questions sur sa grand-mère en espérant sincèrement qu'elle aille mieux.

Je sais ce que c'est de perdre sa famille.

Double Jeu | EN CORRECTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant