Des âmes caressent mon corps, elles ont la bouche ouverte au point que leurs amygdales tremblent à chaque cri. Je peux voir la douleur dans leurs yeux transparent. Leur vitesse devient la mienne. Certaines me dévisagent dans une grimace d'angoisse. Comme moi. D'autres, sans doute habituées, murmurent à mes oreilles des choses impies. Obscures,impures. Heureusement mon esprit n'ose pas les comprendre. Je l'en remercie pour le moment. La lumière verte qui nous porte et qui agresse mes yeux laisse maintenant place à une lumière beaucoup plus pure. J'atterris sur un parquet de qualité assez classe mais peu confortable. Mes genoux tiennent à peu près le choc. Mon épaule droite, elle, non.
Allongé sur le sol, je lève les yeux sur une salle tamisée où se trouvent un groupe d'adolescent joignant les mains et répétant, àv oix basse, des prières infernales. Rituel 19-1. Pas de sang, juste beaucoup d'alcool et d'envie de perdre sa virginité en foutant la trouille à une gamine à côté de soit. Je crois que je suis là pour ça, que je suis leur co-pilote ce soir. Cool... Derrière und es gosses, se trouve une entité sombre et grande. Je ne sais pas ce qu'elle est. Ce qu'elle fut. Je sais juste que j'en ai peur.J'entends des chocs, moindres par rapport à ma gamelle, derrière moi. La voix de Drake emplie la pièce. Personne ne réagit parmi les ados
. -Salut Reaper, ça va ?
Elle lève une main sombre où des doigts fins et osseux nous saluent. Je lui lance un signe de tête et un sourire. Mon regard se retourne sur un Jack joyeux et un Emile obnubilé par les jeunes gens devant lui.
-Tu vois Lucien, Reaper ici présent fait partie d'un secteur indépendant et assez peu corrompu. Peu de personnalité, aucune individualité. Mais ils sont utiles au gros boss qu'est la Mort.Non ?
L'entité lance un grognement. Une petite réaction pour dire : « C'est bien vrai ».
- Les Reapers sont ceux qui détachent les âmes des corps quand l'heure vient. Ce qui signifie que ce gosse là va très certainement crever ce soir. Mais, nous, on s'en fout. Notre boulot de la journée c'est de répondre au rituel 19-1.
Jack avance jusqu'à moi, mets une main sur mon épaule. Comme un signe amical. Comme pour me rassurer pour ce qui va suivre.
- Comment ?Je demande. Le sourire de Jack s'élargi.
-Ferme les yeux. Non, vraiment, fais le.Je m'exécute, malgré le fait que je n'ai aucunement confiance dans ma nouvelle équipe. Mes yeux guettent quelques secondes cette obscurité factices. Mes pensées décrivent ces paupières fermées et la gène que je ressens. Puis, comme diffus, quelque chose apparait. Différentes couleurs peignent une toile devant moi. Étrangement je ressens des présences. Des âmes propres et encore chaude. Bien différentes de celles hurlant dans le vortex..
-Ce que tu sens c'est les adolescents devant toi. Cherche le plus faible et ... prends le.
-Le prendre ? Je demande, naïf.
-Rentre en lui.
Je tente d'analyser les sensations nouvelles qui assaillent mon être.Elles sont complexes. Superbes aussi. J'ai l'impression de voir la véritable identité des gens. Chaque âme a un... parfum... un goût. Certaines possèdent des ombres, des imperfections. Certaines sifflotent d'une douce mélodie.Une, celle d'une jeune femme brille d'une lumière plus faible. Elle presque éteinte. Je m'approche d'elle, les yeux fermés et le sourire aux lèvres. Ma main frôle ses cheveux long, bouclés. Elle doit sentir un courant d'air derrière elle car elle frémit. Un peu. Juste un peu mais elle sait que je suis là. Que quelque chose l'est: moi. Ma main plonge à travers son crâne qui ne rencontre aucune résistance. Les lumières grésillent tandis que son corps m'accueille. Il fait chaud. Je peux sentir le sang affluer dans mes veines, la chaleur de joues rougies, l'air que mes narines expirent. Qu'il m'a manqué cet air,que la faim et la soif m'ont manqué. Je peux sentir dans son palais un reste du goût d'une très mauvaise vodka. Je peux comprendre l'alcool qui noie son cerveau, l'affaiblis, qui attaque son foie. Les adolescents, apeurés par les lumières, commencent à parler de mauvaise idée. Mon rire, grave et forcé remonte dans la gorge de la nana qui n'est plus une ingénue.-Rassa Eha rosso !
Jene sais pas ce que je dis. Du fourchlangue à tout casser, mal imité et mal prononcé. Mais cela fait son effet. Je continue.
-Vous allez tous mourir !
-Arrête de faire la conne Cindy ! S'écrie l'un d'eux.Mes yeux s'écarquillent. La vodka mélangée avec de la boisson énergisante bon marché remonte puis s'échoue dans un jet puissant sur mon voisin qui pensait encore avoir ses chances ce soir. Il me gifle. Pensant que Cindy en mérite une. J'agrippe la bouteille trônant au centre du cercle et lui caresse le visage avec. Des morceaux de verres giclent un peu partout.
-Il ne fallait pas m'appeler les enfants.
Je fais un geste théâtral à la con, de type Dark Vador, contre le gamin au Reaper. Il sursaute et s'étouffe avec ce qu'il avait dans la bouche. Il devient bleu. Puis meurt. Très bon timing. Ou mauvais si l'on y pense.
Les autres adolescents commencent à s'enfuir. Je me relève allant à leur poursuite. J'agresse les cordes vocales de Cindy en criant des choses horribles. Et fictionnelle. Je savais que ma culture horrifique allait être utile. Je piste un gamin pensant être intelligent en se cachant dans la salle de bain. Il tire le rideau,se blotti dans la baignoire. Silencieux. J'entre doucement, lui faisant comprendre que je suis là. Ma respiration me trahie. La sienne aussi. Je ricane. Ma main ouvre le rideau violemment. Il est là, dans son polo rose au col remonté. Mode beau gosse et arrogant activé. Sa coupe avec trop de gel me fait rire. Je fouille dans la mémoire de Cindy pour trouver son nom. Alexandre, 17 ans, surnom Bobby. Sans aucune logique apparente.
-Bobby, Bobby, Bobby... tu sais que l'on t'attends tous en bas ?Ton petit cul sera notre reposoir à chibre pour au moins deux éternité. Et on a hâte. Surtout moi.
Il commence à pleurer. Un peu trop. Je lui donne un coup de pied.
-Seigneur s'il vous pla....
- Ta gueule Bobby ! Ferme ta putain de gueule ! Le seigneur y viendra pas. Il a piscine.
Un filet de liquide jaune coule et jure sur la faïence. Je n'y crois pas.
- Hum. C'est très décevant Bobby. Mais on va direque tu ne viens juste pas de te pisser dessus, d'accord ? Parce que ce serait très embarrassant pour tout le monde hein ?
-Oui, oui oui...
- Donne moi ton portable.
- Quoi ?
- Ton portable, je répète.
Il cherche dans sa poche. Intrigué. Perdu. Il me le tend . L'appareil est trempé. D'urine,bien sûr. Je cherche l'application photo et en prend une. Mon index clique encore une fois et la voilà poster sur son mur.
-Maintenant répète après moi : « Je n'appellerais plus jamais les démons ».
Il répète. Je lui balance son portable au visage. Je ferme les yeux et je ne sens plus aucune présence des adolescents. Dommage. Je m'extirpe du corps de Cindy, qui s'affale tête la première dans l'urine de son ami. Derrière moi j'entends des applaudissements. Ils sont tous là. Mes trois collègues.
- Bravo, bravo. Un joli 7/10 avec encouragements. Drake donne lui.
Je vois l'américain jetez un coup d'oeil au gamin dans la baignoire,sourire, puis s'avancer vers moi. Dans sa main trône quelque chose.Il agrippe mon col, y attache ce qu'il tenait.
- Tu es officiellement accepté dans notre secteur. Allons fêter ça !
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L'énième Testament : Un stagiaire en enfer !
HumorLucien est mort. Voici ses aventures en enfer. . Du rock, du cynisme, du blasphème et une machination entre Le Bien et le Mal. Entre un combat de boxe contre Jésus, la rencontre de Dieu le père et la vérité sur "l'après". Un énième Testament satiri...